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Tag : outil

ChatGPT pour la recherche académique

Introduction

Le 30 novembre 2022, OpenAI lance ChatGPT. En seulement 5 jours, la plateforme atteint le million d’utilisateurs[1]. Cette intelligence artificielle a, en seulement quelques mois, bouleversé notre rapport à l’information et à la connaissance, créant pour beaucoup de professionnels de l’éducation des craintes sur l’avenir de leur discipline.

Je ne suis ni un professionnel de l’éducation, ni un expert de l’intelligence artificielle. Je suis un étudiant en Services et systèmes numériques, un passionné d’informatique et un paresseux aguerri. En décembre de l’année passée, je commençais à écrire ma thèse de Bachelor, sur laquelle je travaillais depuis déjà un certain temps. Ma curiosité, comme pour beaucoup d’autres, m’a poussé à explorer ChatGPT.

« I choose a lazy person to do a hard job. Because a lazy person will find an easy way to do it. »  – Bill Gates

Je voulais tester ses capacités à traiter des sujets complexes, mais pour pouvoir correctement évaluer la qualité des réponses, il me fallait trouver un sujet que je maîtrise. 90% de mes pensées étant consacré à ma thèse, il m’a paru évident de le questionner sur ce sujet. Je me suis rendu compte du potentiel énorme de cet outil lorsque, en quelques interactions, l’IA est arrivée aux mêmes conclusions que moi après environ 10 mois de travail…

Après avoir remis en question mes trois dernières années de formations, j’ai pris du recul et compris que ces résultats n’étaient pas le produit d’une réflexion de la part de ChatGPT mais d’une agrégation très bien formulée de recherches menées par de brillants humains.

Après quelques heures d’utilisation, j’étais convaincu. J’allais utiliser ChatGPT pour écrire ma thèse. Laissez-moi maintenant vous expliquer pourquoi ce billet ne s’intitule pas “Comment j’ai utilisé une intelligence artificielle pour écrire mon travail de Bachelor à ma place”.

Définir un cadre et une méthodologie

ChatGPT n’ayant pas encore fêté ses 1 mois d’existence, il n’existait pas encore de cas concret de son utilisation dans le cadre de la recherche académique et donc pas de directives précises à suivre. Il était donc nécessaire, afin de légitimer mon travail, de définir un cadre et une méthodologie clairs, afin d’utiliser l’outil de manière responsable et éthique. Sous la supervision de Laurent Moccozet, j’ai défini quatre règles fondamentales à respecter:

I. Comprendre l’outil

ChatGPT est un outil performant, mais peut produire des informations erronées ou de mauvaises qualités, il est donc important de comprendre ses limites et son fonctionnement, afin de réduire ces risques. En se basant sur le nom du service, nous pouvons définir 2 méthodes, qui permettent d’améliorer la qualité et la pertinence des réponses, celles-ci sont les suivantes:

Chat : L’une des grandes forces de cet outil est sa capacité à adapter ses réponses, également appelées « prompts », en fonction des retours de l’utilisateur. Il est crucial d’utiliser cette fonctionnalité pour orienter l’IA vers la réponse la plus pertinente. Cette fonctionnalité a même entraîné l’émergence d’un nouveau domaine de recherche, appelé le « prompt engineering ». C’est-à-dire étudier la façon dont l’utilisateur interagit avec le programme et trouver les formulations les plus à même de produire des réponses pertinentes. Par exemple, lorsqu’on utilise une calculatrice, il est plus efficace d’écrire 3³ plutôt que 3×3×3 .

GPT (Generative Pre-trained Transformer) : GPT-3 et 4 sont ce qu’on appelle des LLM ou large language model. En d’autres termes, ce sont des systèmes capables de générer du texte sur une vaste quantité de sujets. Afin d’optimiser ses réponses, il est souhaitable de poser un cadre, en définissant le niveau de précision de ses réponses, ainsi que le contexte d’utilisation, par exemple: « Tu es un étudiant en Bachelor. Tu écris une thèse sur … ». Ce genre de méthodes rentre dans le domaine du prompt engineering et vaut la peine d’être étudié plus en détail afin de vraiment s’approprier l’outil.

II. Connaissances préliminaires

Pour assurer une utilisation efficace des capacités conversationnelles de ChatGPT, l’utilisateur doit posséder des connaissances préalables sur le sujet qu’il interroge, afin d’être en mesure de vérifier et de comprendre les informations données par l’IA.

Ce prérequis est essentiel pour assurer une utilisation optimale de ce service, en tant qu’outil de recherche.

III. Relecture et recherche additionnelles

Chaque réponse fournie par ChatGPT doit être examinée et soumise à une recherche supplémentaire pour vérifier son exactitude, sa pertinence et la source des informations présentées.

ChatGPT ne peut pas être référencé comme source de l’information qu’il fournit, il est donc essentiel de mener des recherches additionnelles, dans le but de soutenir ses affirmations avec des sources fiables.

Il est important de préciser que ChatGPT, contrairement à Bing ou Google, n’est pas un moteur de recherche. Bien qu’il soit capable de générer des informations sur une variété de sujets, il ne vérifie pas leurs exactitudes et véracité car il n’a pas la capacité de précisément déterminer l’origine des informations utilisées pour produire ses réponses. Il reste néanmoins un bon complément aux moteurs de recherche pour donner une direction et/ou afin d’expliquer des concepts résultants de recherches classiques.

Ce processus peut être facilité par l’utilisation de Bing, qui a récemment intégré GPT-4 à son moteur de recherche et qui inclut directement dans ses réponses les sources utilisées. La vérification de la fiabilité de ces références, ainsi que la recherche de sources supplémentaires restent néanmoins nécessaire.

IV. Documentation de l’utilisation

Bien que les réponses de ChatGPT ne puissent pas être directement utilisées comme références, il est important de documenter toutes les discussions pertinentes au travail qu’il a aidé à écrire. Cela permet de légitimer le travail de l’auteur et de prouver l’authenticité du résultat final.

Cette étape est particulièrement importante, car elle permet de soutenir l’utilisation éthique de l’IA pour la recherche académique, mais également de créer un précédent dans un contexte où il s’agit encore d’une technologie émergente et controversée.

Applications concrètes

La versatilité des LLM et la vitesse phénoménale de l’innovation dans le domaine permettent d’innombrables cas d’utilisation. J’ai, pour ma part, identifié 4 applications qui ont servit à la rédaction de mon travail de Bachelor, et pour lesquelles j’ai appliqué la méthodologie décrite ci-dessus.

I. Collecte d’informations

J’ai utilisé ChatGPT pour trouver et comprendre des informations sur des articles, des algorithmes, des concepts mathématiques et d’autres sujets plus ou moins complexes. L’avantage de combiner cet outil avec des moteurs de recherches classiques est qu’il permet d’obtenir des informations très précises, basées sur différentes sources agrégées en réponses digestes et compréhensibles pouvant ensuite être développées plus profondément grâce à la fonctionnalité de chat.

Pour assurer l’exactitude des informations collectées, j’ai utilisé des sources alternatives de vérification Si aucune source fiable n’a pu être identifiée, les informations n’ont pas été utilisées.

II. Description des algorithmes

J’ai fourni à ChatGPT des extraits de mon code, dûment annoté, afin qu’il me génère des descriptions des algorithmes utilisés. Les réponses produites, bien que partiellement correctes, m’ont permis de gagner du temps sur la rédaction ainsi qu’à mettre des mots sur des concepts complexes qui ne sont pas toujours évidents à traduire en langage naturel.

III. Amélioration de la qualité d’écriture

L’utilisation régulière de ce nouvel outil a impacté ma façon de rédiger. Là où auparavant je prenais soin de bien formuler chaque phrase les unes après les autres au fur et à mesure que j’écrivais, avec ChatGPT j’ai pu me concentrer sur le contenu et lui déléguer (partiellement) la forme. J’ai rapidement pris l’habitude de rédiger mes idées directement dans le chat sous forme de note afin qu’il me génère des phrases cohérentes et bien écrites.

IV. Utilisation de ChatGPT comme point de départ

Je me suis ensuite servi des réponses de ChatGPT comme fondation pour ma thèse en apportant les modifications nécessaires et en les ordonnant de sorte à former un tout qui soit cohérent et fidèle à mes idées.

Dans certains cas, les phrases générées par ChatGPT étaient suffisamment bonnes pour être utilisées (presque) telles quelles, mais dans la grande majorité des cas, la plupart du contenu a été modifié pour s’adapter à la structure globale du document ainsi qu’à mon propre style d’écriture. Je pense qu’il est important de ne pas trop se reposer sur les formulations produites par le LLM afin d’éviter que la forme rédactionnelle ne devienne trop impersonnelle.

Comme je l’ai précisé plus haut, la conversation utilisée pour générer ce texte a été mise à disposition dans les annexes de mon travail afin qu’elle puisse servir d’exemple de comment utiliser l’IA efficacement pour la rédaction.

“Du coup c’est le robot qui a fait le travail à ta place ?”

C’est la question que tout le monde se pose, et c’est légitime. ChatGPT est un outil incroyable et bien qu’il m’ait aidé à améliorer considérablement ma productivité, il n’a pas inventé les algorithmes présentés dans ma thèse.

Comme on ne remet pas en question le travail d’un mathématicien qui utiliserait une calculatrice, l’utilisation de ChatGPT ne devrait pas non plus remettre en question mon travail. Il est vrai que certains pourraient utiliser cet outil sans documentation ou de manière inappropriée pour accomplir leur travail à leur place. Mais le fait est que les IA existent, continueront d’exister et de s’améliorer. Aujourd’hui, ChatGPT offre un avantage concurrentiel et il serait contre-productif de l’interdire. Au contraire, nous avons l’opportunité de l’intégrer dans le système éducatif, d’offrir aux étudiants un tuteur capable de s’adapter à leur besoin, disponible à tout moment pour répondre à leurs questions et sans crainte d’être jugé.

Je suis profondément convaincu qu’un tel outil, correctement adapté, a le potentiel d’améliorer l’apprentissage des étudiants à chaque étape du système scolaire. Sal Khan, le fondateur de la Khan Academy, a déjà intégré un tel outil à sa plateforme d’apprentissage en ligne et les résultats sont encourageants.

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Ce nouvel outil et les intelligences artificielles de manière générale ne sont cependant pas sans risques. Au-delà des inquiétudes autour de l’insurrection des machines, les capacités génératives des IA modernes posent de sérieux risques autour de la falsification des informations, et de l’incapacité de ces machines à évaluer les risques liés aux réponses produites. Il est crucial de continuer à améliorer ces systèmes plutôt que d’essayer de les interdire, afin de minimiser les risques et de garder un certain contrôle quant à leurs utilisations.

Le changement est inévitable, autant en faire partie.

[1] Buchholz, K. (2023) ‘ChatGPT Sprints to One Million Users’, Statista, 24 janvier. Disponible à: https://www.statista.com/chart/29174/time-to-one-million-users/ (consulté le 24 mars 2023).



Les technologies de l’enseignement dans la collection des Sciences de l’éducation à la Bibliothèque de l’UNIGE

S’il y a une thématique qui a le vent en poupe dans le monde de l’enseignement, c’est certainement celle de l’utilisation des technologies éducatives dans les cours.

À partir de ce terme (ou descripteur pour les bibliothécaires d’entre nous), nous pouvons ensuite bifurquer sur une ribambelle d’autres, tels que l’enseignement à distance, l’enseignement mixte (ou blended learning), le e-learning, la formation en ligne, les MOOCS, internet en éducation, le multimédia en éducation, etc.

Dès lors, comment s’organise la collection de la Bibliothèque autour de ces thématiques ?

L'évolution dans la littérature - Similarités et différences

Pour se faire une idée de l’évolution de la thématique des technologies éducatives au sein de la collection des Sciences de l’éducation, le livre le plus ancien traitant du sujet date de 1969 : La révolution scientifique de l’enseignement. Voici les titres de quelques-uns de ses chapitres :  Science de l’apprentissage et art de l’enseignement, Améliorer l’enseignement, Les machines à enseigner, Problèmes de motivation, La crise des institutions éducatives.

Le livre le plus récent sur la thématique – lors de l’écriture de cet article – est : L’ingénieur pédagogique dans le supérieur : des pratiques professionnelles en mutation. Quelques-uns de ses titres de chapitres : Fondements scientifiques et histoire du métier, L’accompagnement des acteurs, Le rôle de l’ingénieur.e pédagogique dans la stratégie numérique universitaire

En survolant ces deux ouvrages, deux observations peuvent tout de suite se faire. L’une, c’est que certains sujets se font échos à plus de 50 ans d’intervalle. Par exemple, la science de l’enseignement et de l’apprentissage est toujours le socle sur lequel se pose la technologie de l’enseignement. Autre écho, le livre de 1969 parle d’amélioration de l’enseignement, celui de 2022 d’accompagnement des acteurs.

D’autre part, on peut se dire que ce qui pouvait sembler « flou » en 1969 (les machines à enseigner) s’est clarifié avec le temps (bien que chacun.e peut avoir son avis sur le sujet…), et que ces machines font partie désormais d’une « stratégie numérique universitaire ». À moins que ce ne soit une nouvelle manière de dire « crise des institutions éducatives » ?

Les questions de fond restent les mêmes qu’importent les époques. Comment faire apprendre au mieux ? Comment motiver les apprenant-es ? Sur quelles bases scientifiques se reposer pour son métier d’enseignant-e ? Mais elles se voient sans arrêt testées au fil de l’évolution des technologies et des changements de mœurs. Certains évènements externes viennent encore donner un coup de pied dans la fourmilière. Aussi, depuis un an environ, chaque nouveau livre sur le sujet intégré à la collection possède à peu près la même introduction, qui s’apparente à « En 2020, la pandémie de COVID-19 frappe le monde. Les écoles ferment, et les cours se font alors exclusivement à distance. »

Pour rester à jour

Pour rester à jour avec ces thématiques passionnantes et d’actualité, ou pour en faire son histoire, la collection des Sciences de l’éducation propose deux cotes qui regroupent les ouvrages les traitant :

  • 371.333 : les technologies éducatives
  • 371.334 : la formation en ligne

Et comme avec la technologie il est sans cesse question de mise à jour, vous trouverez ci-dessous une mise à jour de la sélection de livres sur le sujet qui avait été proposée dans l’article L’e-learning se décline en papier et en électronique à la Bibliothèque de l’UNIGE publié ici même en mai 2021.

Ouvrages pratiques

  • Budhai, & Skipwith, K. B. (2022). Best practices in engaging online learners through active and experiential learning strategies (Second edition). Routledge 371.334 BUD
  • Cahagne, & Fuzet, B. (2022). Concevoir et diffuser une expérience de formation immersive (Edition 2022). Gereso édition. 374.72 CAH
  • Ziegler, & González-Lloret, M. (2022). The Routledge Handbook of Second Language Acquisition and Technology. Taylor and Francis.
  • Lafleur, Nolla, J.-M., & Samson, G. (2021). Évaluation des apprentissages en formation à distance : enjeux, modalités et opportunités de formation en enseignement supérieur. Presses de l’Université du Québec. 371.212.2 EVA.28
  • Moriceau, Vauvelle, W., & Besse, C. (2021). Faire classe avec le numérique : cycles 1, 2 et 3. Nathan. 371.333 MOI
  • Cuirot, Detout, J.-F., & Guilhon, A. (2021). Formation à distance : 62 outils, 14 plans d’action, 9 ressources numériques. Vuibert. 371.334 CUI

Ouvrages théoriques

  • Collin, Denouël-Granjon, J., Guichon, N., & Schneider, É. (2022). Le numérique en éducation et formation : approches critiques. Presses des Mines. 371.333 NUM.9
  • Tække, & Paulsen, M. (2022). A new perspective on education in the digital age : teaching, media and Bildung. Bloomsbury Academic. 371.333 TAE
  • Borden. (2022). Education 3.0 and eLearning across modalities. IGI Global. 371.334 BOR
  • Pal, Ton, Q. C., & Nehru, R. S. S. (2022). Digital education for the 21st century : technologies and protocols. CRC Press. 371.333 DIG.5
  • Goglio. (2022). The diffusion and social implications of MOOCs : a comparative study of the USA and Europe. Routledge. 371.334 COG
  • O’Donnell. (2022). Transformative digital technology for effective workplace learning. CRC Press. 374.72 ODO
  • Pélissier, Lédé, S., & Brangé, M. (2022). L’ingénieur pédagogique dans le supérieur : des pratiques professionnelles en mutation. Presses des Mines. 371.334 ING
  • Lafleur, Nolla, J.-M., & Samson, G. (2021). Évaluation des apprentissages en formation à distance : enjeux, modalités et opportunités de formation en enseignement supérieur. Presses de l’Université du Québec. 371.212.2 EVA.28
  • Angles, & Rouault, F. (2021). Le e-learning : ce qu’il faut savoir sur la formation distancielle. AFNOR. 374.72 ANG
  • Boissière, & Bruillard, É. (2021). L’ école digitale : une éducation à construire et à vivre : numérique et transformations de l’école. Armand Colin. 371.334 BOI
  • Hétier. (2021). Présence et numérique en éducation. Le Bord de l’eau. 371.333 HET
  • Edwards, Shukor, N. A., & Cheok, A. D. (2021). Emerging Technologies for Next Generation Learning Spaces. Springer Singapore Pte. Limited.
  • Mamlok. (2021). The Great Promise of Educational Technology: Citizenship and Education in a Globalized World. Springer International Publishing AG.

 



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ePortfolio – Qu’est-ce qu’un portfolio numérique ?

Portfolio électronique

Mais qu’est-ce qu’un portfolio numérique ou ePortfolio? Cet article vous donne des informations sur ce sujet et vous permet de découvrir le portfolio numérique de l’Université de Genève à l’aide d’une présentation interactive de la procédure d’inscription au portfolio numérique.

Le ePortfolio est de plus en plus présent ( utilisé, intégré ) dans l’enseignement universitaire.

Le concept de ePortfolio est un terme polysémique ce qui explique sa multitude de définitions. D’aucuns le définissent comme un bilan de compétences, ou un “portefeuille de compétence en ligne”  ou encore un CV détaillé interactif.