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Tag : Eduhub

café cosy

Pourquoi aimez-vous étudier dans un café (…ou pas) ? Retour d’expérience d’un étudiant MALTT à l’EduSpace Challenge.

Photo par RR Abrot sur Unsplash.

Tips du jour : ce billet contient des liens dans le texte, pour ouvrir un lien dans un autre onglet, gardez enfoncé Ctrl (Windows/Linux) ou Cmd (Mac) et cliquez sur le lien. Bonne lecture !

Vous installer dans votre café favori accompagné·e de votre latte macchiato, tout ceci en écoutant une playlist lofi, est votre environnement pour étudier ? En anglais, on peut appeler ça un Learning Space (abrégé LS). Il s’agit de toute configuration où a lieu de l’apprentissage et/ou de l’enseignement.

Le vendredi 24 novembre 2023, la directrice de l’unité de recherche TECFA a relayé sur le forum interne du master MALTT une invitation à un hackathon de deux jours à la ZHAW nommé EduSpace Challenge : « Vingt étudiant·e·s d’institutions d’enseignement supérieur de toute la Suisse sont invité·e·s à rejoindre une expérience de design thinking dans laquelle ils et elles devront créer leur LS  idéal guidé·e·s par des coachs expert·e·s. Les résultats seront pitchés lors de la conférence des EduHub Days

Design thinking

Qu’est-ce que le design thinking ? Au sein du master MALTT, lors d’un cours pratique donné par Nathalie Borgognon, nous avons eu l’opportunité d’expérimenter le design thinking durant un semestre. Cette méthodologie de résolution de problème se base sur cinq étapes clés qui s’enchaînent, avec la possibilité de revenir sur chacune d’entre elles de manière itérative. La première étape est l’empathie. Lors du cours, nous avons procédé à une analyse du besoin du commanditaire. De ceci en découle la définition d’une problématique claire. Ensuite, vient une étape d’idéation (p.ex. brainstorming) couplée à du prototypage, en l’occurrence pour ce cours, il s’agissait de prototypage rapide. Enfin nous avons modélisé et produit l’objet final que nous avons soumis à des tests utilisateur·trice·s (en savoir plus).

Revenons à l’EduSpace Challenge… un hackathon… sur les LS… en utilisant le design thinking… sur deux jours. J’ai donc envoyé ma candidature et ai été sélectionné pour faire partie de cette aventure. D’où ce billet de blog pour vous partager mon expérience ! Veuillez noter que Switch est le principal organisateur de l’événement et a couvert l’intégralité des dépenses de transport, logement et nourriture pour les personnes inscrites au hackathon.

Préparation

L’accent a été mis sur le fait d’éveiller notre curiosité, d’éprouver du plaisir, d’avoir un état d’esprit positif, d’être visuel, de collaborer.

Pour nous préparer aux deux jours de hackathon, nous avons eu une séance sur Zoom où nous avons répondu à des questions à travers un menti pour apprendre à se connaître entre participant·e·s : de quelle région venions-nous, quels étaient nos loisirs, nos compétences, ce qu’on comprenait du thème des LS, etc. Les organisatrices et organisateurs nous ont ensuite présenté·e·s le principal sujet du hackathon afin que nous soyons introduit·e·s à la problématique. Cette première séance a bien illustré l’ambiance dans laquelle allaient se dérouler les deux prochains jours. En effet, l’accent a été mis sur le fait d’éveiller notre curiosité, d’éprouver du plaisir, d’avoir un état d’esprit positif, d’être visuel, de collaborer, etc. Pour cette première partie, j’ai apprécié avoir de brèves interactions avec les autres participant·e·s et par la suite visualiser les résultats du menti afin de me situer par rapport aux autres étudiant·e·s.

L’arrivée

C’est le jour J et j’arrive à la ZHAW à neuf heures. À mon arrivée, l’accueil se fait avec une flopée de goodies : des petits pin’s aimantés pour montrer fièrement son métier, « Instructional Designer », « Developer », « Researcher »; ou encore son expertise : « Newbie », « In-Betweenie », « Oldie ». Il y a aussi des carnets de notes et stylos à l’effigie de Switch. Mais surtout, café, thé, fruits et croissants à profusion pour bien débuter la journée !

Ma première rencontre se fait avec un étudiant en informatique de Lugano en échange à l’ETH et nos intérêts convergent déjà. Une collègue du MALTT me rejoint et nous sommes invité·e·s à rejoindre la salle du hackathon. Un moment libre avec toutes et tous les participant·e·s est partagé. Ces échanges informels m’ont permis de discuter avec un étudiant en géographie de Zürich et un des coachs.

Empathie

Un dispositif pédagogique doit être fonctionnel ET esthétiquement attrayant afin de garantir une certaine acceptabilité du côté des apprenant·e·s.

Nous avons ensuite été redirigé·e·s vers la salle de conférence où un chercheur en Education Digitale, James Lamb, a fait le discours d’ouverture des EduHub Days. Le sujet de son keynote reposait sur les espaces d’apprentissage post-digital de l’enseignement supérieur (“post digital learning spaces of higher education”). Sur les six points énoncés de sa présentation, j’en retiens principalement un. Un des rôles clés des personnes en charge de la formation (p.ex., concepteur·trice (techno-)pédagogique, formateur·trice, enseignant·e) est de s’assurer qu’un LS soit fonctionnel, utile et utilisable, mais il en va aussi de s’occuper des aspects esthétiques, émotionnels et sensoriels de ce même environnement d’apprentissage. Il est trop souvent mis en avant qu’un dispositif pédagogique est ‘efficace’ dès lors que sa fonction primaire est opérationnelle. Je ne suis plus d’accord avec ce point. Un dispositif pédagogique doit être fonctionnel ET esthétiquement attrayant afin de garantir une certaine acceptabilité du côté des apprenant·e·s. Cette première séance nous a permis·e·s de comprendre les enjeux de la problématique principale et a constitué l’étape d’empathie du design thinking.

Cette partie du design thinking comme il a été appliqué au hackathon manque à mon goût d’échange avec le public cible – ou mieux, avec tous·tes les autres expert·e·s participant·e·s aux EduHub Days. Malgré le fait que les coachs ont émis l’idée d’aller parler avec les autres personnes présentes, au vu du calendrier bien rempli, il n’a pas été possible ni même envisagé de faire des interviews. Par empathie, il est question de comprendre et se mettre à la place du public cible / client·e·s. Hors ici, il ne s’agissait que d’écouter un seul expert sur le domaine. Une proposition d’amélioration aurait été d’ajouter dans le déroulement du hackathon, un moment d’interview et d’échange avec les expert·e·s présent·e·s.

Définition

À la suite de cette conférence introductive sur le sujet des LS, nous avons commencé la journée par équipe de quatre. J’ai fait équipe avec Davide (économie), Isabella (prévention et promotion de la santé) et Sara (éducation). Cette opportunité de travailler avec des étudiant·e·s de domaines différents était riche et il s’agit là d’une occasion rarement rencontrée à l’université. D’ailleurs, si vous êtes étudiant·e·s à l’UNIGE et que vous souhaitez participer à un cours transversal, je recommande vivement le cours Comprendre le Numérique 2. Nous avions donc devant nous huit heures de travail à partager sur deux jours pour créer et pitcher notre idée de LS idéal. Autant dire que les décisions doivent se prendre vite au sein du groupe. La coach a su gérer le temps et les activités de manière plus que respectable !

Nous avons donc commencé à travailler en groupe par la définition de nos points de vue. Nous avions divergé sur le sujet pour ensuite converger vers une solution commune. Notre coach nous a demandé, en un temps restreint, de répondre aux plus de questions possibles sur les « Five Ws ». Chacun·e parlait à tour de rôle pour exprimer son avis et point de vue sur chacune des questions posées et nous notions les points clés sur des post-it. Ceci a permis de définir notre compréhension commune d’un LS. Nous avons abouti à la définition suivante: un LS est un lieu où chaque étudiant·e doit être capable de réaliser ses objectifs, à court et moyen terme tout en étant « émotionnellement engagé ».

Idéation

La partie d’idéation s’est faite sous forme d’un brainstorming classique, un temps restreint pour donner le plus d’idées possibles sur ce que nous pensions être impératif pour un LS. Nous avons principalement utilisé des post-it pour écrire chaque réponse. S’en sont suivies des discussions sur les besoins des étudiant·e·s et les façons de permettre l’intégration de ces besoins dans un LS. Afin de permettre aux étudiant·e·s de réaliser leurs objectifs à court et moyen terme, notre idée de LS idéal a souhaité mettre l’accent sur la manière de rendre motivante la progression dans le cursus universitaire. Nous avons donc pensé à utiliser la ‘carotte’ du projet de vie (objectif à long terme, de vie / travail idéal). De plus, nous voulions mettre l’accent qu’un LS idéal doive mettre en avant le bien-être émotionnel des étudiant·e·s. Nous sommes arrivé·e·s à une problématique concise de la forme suivante : Notre LS aide les étudiant·e·s universitaires (qui ? public cible) qui souhaitent finir leur cursus universitaire (quoi ? quand ? besoin) en restant motivé·e·s par leurs cours (comment ? action) par l’utilisation de notre plateforme en ligne engageante, facile d’utilisation et personnalisable (caractère unique de notre LS).

Le public cible était sans nul doute nous-mêmes, étudiant·e·s d’université. La partie d’observation ou d’empathie a été ici occultée car nous étions les demandeur·euse·s. Comme pour la partie d’empathie, nous nous sommes toutes et tous reposé·e·s sur nos avis personnels d’étudiant·e·s. Toutes les idées données avaient le risque d’être émotionnellement imprégnées et le refus d’une de ces idées pouvaient amener à la frustration de certain·e·s. D’où la préconisation et la recommandation d’interviewer des personnes externes au groupe afin de se focaliser sur un persona construit ‘objectivement’.

Prototypage

interface d'application

Une fois notre problématique définie, nous avons commencé à prototyper. Le LS imaginé par notre groupe est une application de productivité où tous les besoins individuels d’apprentissage y seraient consignés et répondus. Nous n’avions donc pas utilisé les Lego® à disposition ni construit de maquette papier en 3D. En effet, nous avons décidé de rester sur une interface plate que nous allions montrer de manière interactive lors du pitch. Nous avons souvent pris Moodle comme contre-exemple du LS idéal. Notre LS idéal, en lien avec les préférences des étudiant·e·s, prend la forme d’une interface minimaliste sur laquelle des modules (ex. Agenda, Cours, Tâches, etc.) seraient personnalisables en position et en quantité – à l’inverse de Moodle où de multiples pages sont présentes et son contenu étant trop riche. L’unicité du prototype réside dans le fait que le but ultime de l’étudiant·e se trouve au milieu en haut de l’écran. Ce but ultime est accompagné d’un module ‘Goals’ qui redirigerait vers une page où l’étudiant·e verrait la progression de ses buts à court et moyen terme en fonction des cours universitaires pris. De plus, des cours complémentaires ou ressources supplémentaires seraient aussi proposés pour accompagner l’acquisition des compétences nécessaires.

Test

Nous avons eu une courte séance de test. Une fois notre prototype créé, nous avons procédé à des regards croisés avec un autre groupe. Le but de cette séance était de laisser le groupe observateur interagir et labelliser ce qu’ils et elles pensaient de l’utilité et de la fonction du LS. Il s’agissait ici d’un test utilisateur·trice. Pour effectuer des tests UX, je vous recommande fortement le livre suivant qui a été LA référence lors de nos cours d’ergonomie en MALTT : Lallemand, C. & Gronier, G. (2016).

Pitch

« Personnalisation », « besoins des étudiant·e·s » et « buts » sont les mots-clés que je ressors de toutes les idées d’un LS idéal durant ce hackathon.

Les dernières heures ont été consacrées à la préparation et la répétition du pitch pour présenter notre LS devant une centaine de participant·e·s des EduHub Days. En cinq minutes, le défi est de choisir les mots justes, répartir équitablement le temps de parole, tout en essayant de n’omettre aucune des fonctionnalités de notre LS.

Point de vue du Master MALTT

Dans le train de retour direction Genève, avec trois étudiantes du Master MALTT, nous nous sommes dit que nous n’avions rien appris de nouveau en termes de technologies éducatives. La plupart des implications et limitations sur l’environnement d’apprentissage idéal, par exemple en ligne/en présence, digital/physique, synchrone/asynchrone, etc., avaient déjà été discutées en cours (voir le cours Apprentissage Digital et formation à Distance). Quelques jours plus tard nous avons échangé avec notre professeure d’ergonomie de design centré utilisateur·trice et elle nous a éclairé·e·s sur le fait que le design centré utilisateur·trice se base sur une conception incluant l’utilisateur·trice final·e de manière continue et itérative tout en ajoutant la dimension d’évaluation – étape manquante lors d’un hackathon de design thinking, où le temps est cruellement restreint ! Pour améliorer ce type de hackathon, je proposerais 1) d’inclure des interviews d’utilisateur·trice·s finaux·ales et encadrer la mise en place d’un persona, 2) d’inclure une partie d’évaluation et d’encadrer la réalisation des propositions d’amélioration concrètes.

De plus, je me questionne quand à la pertinence des idées énoncées par un groupe formé essentiellement de novices dans le sujet. Je pense avant tout que le design thinking permet en premier lieu de donner des idées fortement divergentes par rapport aux conceptions d’expert·e·s. L’enjeu ici est de retravailler ces idées dans un deuxième temps avec un comité d’experts pour vérifier et/ou ajouter de la valeur scientifique et basée sur des preuves.

Pour finir, il est indéniable que nous avons fait l’expérience d’un hackathon de design thinking éprouvant, bien encadré, stimulant et qui a étendu notre zone de confort et notre réseau social. « Personnalisation », « besoins des étudiant·e·s » et « buts » sont les mots-clés que je ressors de toutes les idées d’un LS idéal durant ce hackathon.

Take Home Message

Je retiendrai que l’esthétique compte au même titre que la mécanique dans tout dispositif pédagogique. Lors de la conception d’un dispositif pédagogique (ex. cours, formation, technologie éducative, etc.), les aspects esthétiques, émotionnels et sensoriels devraient être renforcés. Pour les technologies éducatives, il existe maintenant des modèles ou applications faciles d’utilisation pour créer des interfaces modernes sans nécessité de programmation. Rendez votre LS attirant et agréable.

Il semblerait aussi que la personnalisation et la flexibilité d’un LS est un des besoins les plus importants pour les étudiant·e·s

… personnellement, je préfère étudier chez moi avec mon bureau et un écran additionnel – tout est une question de préférence !

Qu’avez-vous pensé de cette lecture? Je suis ouvert à toute discussion ou commentaire et vous invite chaleureusement à commenter directement en-dessous, ou à m’envoyer un message sur LinkedIn ou par mail à kenneth.rioja@unige.ch. N’hésitez surtout pas!


Ressources

Design Thinking

Outils

Recherche scientifique

EduHubChallenge


Note à propos de l’auteur: Kenneth Rioja est un étudiant en dernière année du Master MALTT à l’UNIGE. Son mémoire se focalise sur l’analyse des stratégies de jeu basé sur les traces du jeu AL2049. Il est également assistant de recherche dans un laboratoire de sciences cognitives, le Brain and Learning lab à l’UNIGE depuis cinq ans et a complété le « tronc commun » de la récente école de programmation ouverte à Lausanne, l’école 42.



Enseigner à l’ère de la vidéo: en route vers la transition

La communauté e-learning des universités et hautes écoles suisses a tenu ses journées annuelles à l’Université de Berne les 29 et 30 janvier passés. Le thème portait cette année sur les vidéos dans l’enseignement.

C’est dans ce cadre que Zac Wolfitt, chercheur et enseignant à la Inholland University of Applied Sciences a partagé son analyse de la transition en cours vers l’ère de la vidéo dans l’enseignement supérieur: il a ainsi abordé plusieurs sujets, dont les modes de la transition, les différents formats de vidéos, les diverses utilisations qu’on peut en faire, les réticences des enseignants et le changement de paradigme induit par la permanence du support d’enseignement.

Cette brève revue de la conférence met en évidence les points essentiels de sa présentation:

Mais vous pouvez aussi visionner la conférence dans son ensemble:

 



Retour sur les eduhub days 2016

Les eduhub days 2016 se sont déroulés les 27 et 28 janvier à l’Université de Fribourg. Ce rendez-vous annuel des acteurs de la communauté e-learning des universités et hautes-écoles de Suisse a rassemblé plus de 140 personnes autour d’un programme riche en ateliers et présentations: les Creatives Cafés et Showrooms. Ce billet revient sur plusieurs thématiques qui ont été abordées durant l’événement:

Learning Analytics

Dans sa présentation, Martin Ebner (TU Graz) a parlé des «Learning Analytics» comme moyen de comprendre les comportements des apprenant∙e∙s qui suivent un MooC. Les résultats sont ensuite utilisés pour en améliorer la qualité.
Les logs fournissent la matière première de l’analyse: les données relatives aux sessions (heure, durée et fréquence de connection, …), à l’activité (vidéos visionnées, quiz tentés, participation au forum, …) et au comportement (interruption des vidéos, …) y sont en effet automatiquement collectées.
Sur la base de ces données, diverses corrélations sont établies et analysées. Par exemple, la relation entre fréquence de visionnement de vidéos, participation aux forums, participation aux quiz d’une part et l’obtention du certificat, d’autre part.
Si la démarche a d’emblée parue séduisante, on a pu constater à l’heure des questions, qu’elle a tendance à boiter quelque peu. Les solutions aux quiz, par exemple, sont fournies aux participant∙e∙s après le premier essai. Pas étonnant, dans ce cas, que les scores s’améliorent avec le nombre d’essais, ou pour être plus précis, après la première tentative !
En réalité, pour analyser une corrélation, ne conviendrait-il pas d’en poser d’abord l’hypothèse, puis de la vérifier au moyen d’un dispositif expérimental, à l’image de ce qui se fait dans beaucoup de domaines de la recherche scientifique? Utiliser tel quel des données collectées à la volée, sans finalité précise, est en tout cas délicat.
S’ajoute à cela que la taille des échantillons est généralement insuffisante. Peut-être serait-il dès lors sage qu’à la place de learning analytics, dans la forme présentée par Martin Ebner, on récupère un feed-back par interaction directe avec les participant∙e∙s, par exemple au moyen d’un questionnaire.
M. Ebner a exprimé le regret que certain∙e∙s étudiant∙e∙s se voient réussir leur cursus MooC, sans pour autant utiliser toutes les ressources mises à disposition à cette fin: c’est oublier que ceux/celles-ci mettent en application les stratégies les plus écologiques (meilleure note pour moins d’effort). Et ce phénomène est antérieur aux seuls MooCs

Learning Videos

La thématique des vidéos a occupé une place importante dans les différents moments des eduhub days, et les ateliers qui y étaient associés ont rassemblé un large public venant de toutes les institutions. Ceci démontre la tendance actuelle à la production et la diffusion de matériel vidéo, certainement lancée par les MOOCs. Quatre ateliers (ou présentations) étaient consacrés aux vidéos, abordant chacun un aspect différent.

L’Université de Fribourg invitait à collaborer à la production d’un guide pratique proposant aux enseignant∙e∙s des pistes de réflexions et des conseils pratiques tant sur les aspects techniques de production (quel matériel est nécessaire ? où diffuser ma vidéo ? etc.) que sur les aspects d’ordre pédagogique (quelle est la durée optimale d’une vidéo ? comment intégrer ce matériel à mon enseignement ? etc.). Les participant∙e∙s ont pu prendre connaissance de l’ébauche du guide et suggérer des améliorations et des compléments. Un groupe s’est constitué pour poursuivre ce travail après les eduhub days.

Lorsque la vidéo est réalisée, comment la diffuser ? SWITCH a présenté SWITCHTube, un portail de vidéo pour l’enseignement supérieur suisse. Nombreuses sont les institutions à posséder une chaîne YouTube (dont l’Université de Genève) mais ce canal est plutôt utilisé comme vitrine publique. Les vidéos d’apprentissage doivent être stockées sur des plateformes (l’UNIGE utilise elle Mediaserver) permettant de gérer finement les accès au contenu et le téléchargement, tout en évitant la publicité et les termes d’utilisation des grands portails vidéos du web. Les dernières fonctionnalités intégrées par SWITCHTube sont un moteur de recommandation de vidéos, la possibilité d’accélérer, et l’abonnement aux chaînes.

L’étape suivante est naturellement le visionnage par les étudiants. Les universités de Berne et de Fribourg ont présenté le plugin Annotate! qui permet à chaque utilisateur d’annoter la timeline de la vidéo de façon privée ou publique, via des tags ou en entrant du texte libre. Ce type d’interface permet des types d’usage différent pour l’apprentissage individuel ou collaboratif, l’analyse de vidéos, l’interactivité dans les vidéos, etc.

Pour terminer, une chercheuse de l’Université de Fribourg a présenté les premiers résultats de son travail de comparaison entre les vidéos d’introduction et les vidéos d’apprentissage dans les MOOCs. Les critères d’analyse sont nombreux (70) et variés : cadrage, rythme, dramaturgie, musique, etc.

Virtual reality

Lors des sessions de Creative Cafés I, nous avons assisté à l’atelier sur l’innovation présentés par Safak Korkut et Janine Jäger. Deux chercheurs de l’institut des systèmes d’information du centre de compétence des nouvelles tendances et de l’innovation ( FHNW). Spécialisés dans la production de vidéo, la conception de jeux, ils concentrent leurs recherches sur l’analyse des gadgets, la visualisation des données, les nouvelles technologies pour le soutien pédagogique, l’intelligence artificielle et la gamification.

D’après les intervenants, les plateformes de financement communautaires ( crowdfunding) sont inondées de produits technologiques qui visent tous un placement durable sur le marché. Beaucoup de ces produits sont remplis de promesses et offrent des possibilités amusantes et créatives pour interagir avec son smartphone. Cependant, beaucoup de ces objets technologiques deviennent obsolètes et  sont remplacées par des technologies plus récentes.

Le but de cet atelier était de présenter aux participants quelques gadgets innovants tels que les cardboard et les Oculus Rift, des casques de réalité virtuelles et de 3D gaming afin de les essayer pour générer des nouvelles idées quant à l’utilisation des ces produits technologiques dans le domaine de l’éducation.

Les discussions étaient constructives car plusieurs scénarios ont été proposés pour appliquer ses gadgets technologiques dans l’enseignement notamment dans une salle de classe virtuelle dans le cadre d’une formation à distance, dans le domaine de l’architecture, de la médecine, de la psychologie, de la chimie, de la géologie. Les participant∙e∙s ont aussi pensé que ces produits technologiques pourraient être utilisés pour apprendre à piloter, à conduire, à mieux connaître les monuments historiques.

Selon les présentateurs, les  nouvelles  technologies  innovantes doivent être régulièrement identifiées et évaluées en fonction de leur pertinence pour l’enseignement supérieur. De plus,  la création d’idées autour de ces nouvelles technologies est importante . En outre, la culture  numérique doit être encouragée comme une compétence de base de l’ère numérique.

Selon eux, l’intégration des technologies innovante est intéressante, mais les coûts, les ressources et la gestion des technologies pourraient être les obstacles.

e-Assessment

Dans ce Creative Café, les représentants de trois universités suisses à savoir (UNIGE, ETHZ, UZH) ont donné une présentation commune sur leur retour d’expérience en matière de e-assessment dans leurs instituions respectives. Mais l’idée générale de cette rencontre était de promouvoir des synergies entre des universités intéressées par ce dispositif dans l’optique de créer un échange sur les bonnes pratiques et d’initier des collaborations dans ce sens.

Pour récapituler cette rencontre, nous pouvons dire que l’implémentation d’un service e-assessment dans une institution ouvre la voie à de nombreuses possibilités d’évaluations, mais aussi à des défis. D’où l’intérêt de commencer d’abord par un projet qui devrait être inscrit dans un processus évolutif via des pilotes et selon une démarche « bottom up ». Sans oublier que ce dispositif, par sa nature transversale, pourrait avoir de l’impact sur plusieurs domaines: les particularités techniques et pédagogiques, la dimension matérielle et logistique ainsi que les questions réglementaires.

Pour  terminer, un résumé détaillé a été rédigé en terme de cette Creative café, et il est accessible depuis le lien suivant.

Ce billet a été rédigé collaborativement par Omar Benkacem, Pierre Lehmann, Bineta Ndiaye et Elsa Sancey.



2016 eduhub days feedback

The 2016 eduhub-days edition in Fribourg kept with its tradition of being a successful event wherein e-learning aficionados/aficionadas meet to share common issues and best practices in HEI teaching and learning. Once again a wide diversity of technologies was discussed within small groups (cafés and showroom sessions).



Retour sur les eduhub days 2015

Les 14 et 15 janvier 2015, l’Université de Bâle a accueilli les 7ème eduhub days. Cet événement a rassemblé plus de 130 acteurs et actrices de la communauté e-learning des universités et hautes-écoles de Suisse. Au programme, 2 « keynotes » (sessions-clés) et un « workshop » (atelier) sur la thématique du Design Thinking, et 16 « Innovation Cafés » d’échange sur des sujets variés. Voici quelques-unes des thématiques présentées:

Design Thinking, quèsaco ?

Le Design Thinking a fait l’objet de deux « keynotes » et d’un « workshop » des Eduhub Days. En introduction, dans «Why Design Thinking?», le professeur Falk Uebernickel (Institut für Wirtschaftsinformatik, Université de St. Gall) en a présenté les principaux aspects. Au cours de l’atelier consécutif, il a mis les participants à contribution en les invitant, dans une étude de cas, à mettre en pratique deux des phases du processus.

Le lendemain, dans une seconde session-clé, le professeur Ulrich Weinberg (Hasso-Plattner-Institute, une université privée de Potsdam) a insisté sur les bénéfices du processus pour les groupes de travail, dans son intervention «Design Thinking – Pushing the Creative Power of Teams»

Formulé pour la première fois au début des années 90 (Rolf Faste, Stanford University), le terme « Design Thinking » fait référence à un processus qui associe la pensée analytique et la pensée intuitive, en particulier dans la résolution de problèmes liés à l’innovation. Il est fortement centré sur l’utilisateur, qui y participe activement. Si les techniques utilisées ne sont pas nouvelles (objectifs bien formulés, recherche créative, prototypage, … ) , leur assemblage en un processus itératif représente une indéniable plus-value.

Suivant l’institution qui l’enseigne ou l’entreprise mandatée pour consultation, le Design Thinking s’articule en 5 à 7 étapes. L’exemple ci-après, de Nueva School (Hillsborough, Californie), décrit en détail les points importants du processus.

nueva_school

Il n’a cependant pas échappé aux participant∙e∙s que le succès du Design Thinking est fortement lié à la personnalité des coachs. Si la session «active» a été plébicitée par une forte majorité, qui a eu l’occasion de vivre le processus en action sous la direction d’un Falk Uebernickel à l’enthousiasme communicatif, il ne restera du deuxième jour que le vœux pieu d’Ulrich Weinberg, qui après avoir longuement parlé de ses différents projets, a formulé le souhait que l’IQ (quotient intellectuel individuel) se transforme en WeQ (intelligence plurielle, en réseau)…

Designing Tomorrow’s Learning Spaces

Une petite équipe de l’université de Bâle (autour de Heidi Röder, Sabina Brandt, Ursula Schwander et Gudrun Bachmann) a présenté une démarche pour améliorer les espaces d’études destinés aux étudiant∙e∙s. Contrairement à la manière habituelle qui consiste à appliquer une recette « top-down » (qui, comme l’ont relevé les intervenantes,  a eu pour effet d’équiper ces espaces avec du mobilier de laboratoire…), l’université de Bâle a fortement impliqué les étudiant∙e∙s dans la création de leurs espaces. Un sondage a d’abord permis de de définir les grandes lignes de l’agencement désiré. Puis une phase de prototypage, pendant laquelle les étudiant∙e∙s ont pu essayer et commenter diverses solutions, a permis d’affiner le design. Au final, il est étonnant de voir le chemin parcouru entre la solution «top-down» initiale et la version finale : l’agencement, l’éclairage, le mobilier, le choix des couleurs,… sont à l’opposé de ce qui était proposé.  Avocats de longue date de processus impliquant fortement les utilisateurs, dans toute sorte de domaines, nous ne pouvons qu’applaudir cette démarche !

Tous les problèmes n’ont cependant pas été résolus, en particulier les nuisances issues de l’utilisation concurrente par des individus et des groupes.

Production de vidéos: facile

Comment est-il possible de produire facilement des capsules vidéo proposant des démonstrations mathématiques, des corrections d’exercices ou l’introduction de nouveaux concepts ? La réponse nous a été expliquée par Guillaume Schiltz de l’ETHZ. La solution qu’il a présentée se base sur un dispositif comprenant une caméra document (voir image ci-dessous) combinée avec un logiciel de capture vidéo (par exemple, Camtasia, Jing, etc.).

Caméra document

Ce dispositif permet à l’enseignant∙e d’enregistrer à la fois le mouvement des mains (écriture, pointage, etc.) ainsi que les explications orales. La vidéo ainsi créée est ensuite post-produite par un∙e moniteur/trice étudiant∙e puis mise en ligne sur Youtube (voir un exemple ci-dessous).

Depuis le début du projet pilote en 2013, 113 vidéos ont été mises en ligne: elles ont été vues plus de 15’000 fois.

e-assessment

Deux services de e-assessment ont été présentés lors des innovation cafés, SEB (Safe Exam Browser) présenté par le service LET de l’ETHZ, et BeAXi présenté par l’université de Bâle.

SEB

SEB est un “navigateur Web sécurisé” développé en Open Source par l’École Polytechnique Fédérale de Zürich (ETHZ). Il permet de réaliser des examens en ligne en toute sécurité, tout en améliorant l’évaluation, la fiabilité et l’objectivité de ceux-ci. SEB est facile à installer sous Windows, Mac, et Linux. Il permet d’exploiter un environnement numérique d’apprentissage existant (Moodle/Ilias) pour concevoir et faire passer des examens. SEB autorise également l’utilisation de tout logiciel tiers utilisé dans les situations d’apprentissage, Excel ou Statistica p.ex, sans compromettre la sécurité de l’examen.

 

BeAXi

BeAXi est une suite logicielle client/serveur développée à l’Université de Bâle. Elle se compose de deux outils: BeAXi Manager et BeAXi Client sur IPad. Dans la version complète, la composante logicielle auteure BeAXi Manager permet de créer un examen avec des typologies de questions élaborées. Pour l’instant, il ne fonctionne que sur IPad, l’examen étant ensuite exporté au format xml et chargé sur l’IPad des candidat∙e∙s. BeAxi se distingue par une tolérance aux coupures du réseau informatique pendant l’examen, car les réponses sont stockées localement sur l’IPad des candidat∙e∙s. En revanche, l’ensemble des données sont chiffrées et synchronisées sur un serveur dédié.

ebooks

3 Innovative Cafés étaient consacrés à la thématique des ebooks, ces livres au format numérique téléchargeables, stockables et lisibles sur des appareils mobiles (tablette, smartphone, liseuse, etc.).

Le projet eskript, présenté par Sarah Frederickx de l’ETHZ, est une plateforme de production et de publication de ebooks mises à disposition des enseignant·e·s. Elle permet d’intégrer au texte des ressources multimédia, telles que vidéos, audio, animations, ou encore médias interactifs, comme un quiz par exemple. Une fonctionnalité d’annotation collaborative permet à chaque lecteur/trice d’annoter un mot ou un passage du livre de manière privée ou publique, afin de partager ces commentaires ou de poser une question à l’auteur∙e de la ressource.

Afin de créer ce type d’ebooks enrichis en multimédia, Bruno Wenk de HTW Chur, présentait les 3 challenges principaux lors du café «Hands-on Enhanced E-Book Production» :

– Il existe encore peu de logiciels libres permettant de produire et de publier des livres électronique dans des formats standards (epub3, PDF, etc.) sans recourir à des connaissances avancées en HTML5, CSS, etc.

– La plus-value de la vidéo et de l’audio dans l’apprentissage doit être clairement identifiée : quels types de savoir ou de processus gagnent à être présentés via ces médias ?

– Le format EPUB3 tend à s’imposer comme un standard mais toutes les fonctionnalités de ce format ne sont pas encore supportées par tous les appareils mobiles.

On voit donc l’intérêt de proposer aux étudiant·e·s ce type de ressources, consultables sur différents supports mobiles, ouvertes à un enrichissement multimédia, mais également annotables, voire partageables. Le projet « Paperless Study » , présenté lors d’un Innovative café par Daniela Lozza de ZHAM, présentait d’ailleurs les résultats d’une étude dans laquelle un groupe d’étudiant·e·s utilisaient exclusivement une tablette pour lire et prendre des notes. Il en ressortait que le groupe «paperless» prenait davantage de note que le groupe de contrôle. De plus, 77% déclaraient explorer de nouvelles techniques d’apprentissage grâce aux fonctionnalités des tablettes.

Mais le développement des ebooks et de ces nouvelles pratiques doit s’accompagner d’une infrastructure adaptée : la couverture WLAN et un nombre insuffisant de prises électriques dans les salles de cours restent souvent les points faibles des établissements.

Conclusion

L’intelligence en réseau est manifestement déjà en action aux Eduhub Days. En effet, et c’est ce qui ressort de ces dernières éditions, les participant∙e∙s sont au centre des thématiques abordées, puisqu’ils sont non seulement appelés à préciser leurs besoins, mais également à participer activement . En même temps, c’est une plate-forme unique pour réunir les personnes qui, en Suisse, sont chargées de conseiller, supporter et d’innover en matière d’enseignement et d’apprentissage  dans les hautes écoles.

Résultat : quelles que soient leurs attentes, les participant∙e∙s repartent toutes et tous, qui avec des solutions simples et pragmatiques, qui avec de nouvelles idées, qui enfin avec des promesses de collaboration.

La fréquentation de l’événement est ouverte à toute personne actrice ou intéressée.

Billet rédigé collaborativement par Suzanne de Jonckheere, Pierrel Lehmann, Patrick Roth, Omar Benkacem, Laurent Moccozet et Elsa Sancey