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Learning analytics ou comment lire les traces numériques pour aider les étudiant-e-s en difficulté?

Image générée par DALL-E
Prompt: « footprints on a surface with electronic structure » 31 mars 2023

Au cours de leur parcours de formation, étudiant-es et enseignant-es naviguent souvent sur des plateformes en ligne de toutes sortes, LMS comme Moodle, quiz, portfolios, wikis etc. Comme toute visite sur un site web, achats en ligne ou échanges sur les réseaux sociaux, ces cheminements virtuels laissent des traces numériques.

Learning analytics

En éducation supérieure comme ailleurs, ces traces, combinées à certaines informations enregistrées en cours de formation, peuvent être analysées à différentes fins. C’est ce qu’on appelle learning analytics, un domaine d’exploration proche des intelligences artificielles (IA). Si on demande à un de ces outils d’IA les plus connus actuellement (il s’agit bien sûr de ChatGPT):  « Fais une liste des approches en learning analytics utilisées au niveau universitaire dans le monde » (Requête du 5 avril 2023), il propose une liste assez complète:

« Voici une liste des approches en learning analytics utilisées au niveau universitaire dans le monde :

  1. Analyse des données d’utilisation des plateformes d’apprentissage en ligne (Learning Management Systems) pour identifier les modèles d’utilisation, les tendances et les lacunes dans les performances des étudiants.
  2. Analyse des données de fréquentation des cours pour identifier les étudiants qui manquent régulièrement les cours et leur fournir un soutien supplémentaire.
  3. Analyse des données d’inscription pour identifier les tendances en matière d’inscription et de désinscription des cours et pour comprendre les raisons sous-jacentes de ces tendances.
  4. Analyse des données de performance des étudiants pour identifier les facteurs qui influencent la réussite ou l’échec des étudiants dans un cours particulier, tels que la participation aux forums de discussion, les résultats des examens et les devoirs soumis.
  5. Analyse des données de rétroaction des étudiants pour comprendre les perceptions des étudiants sur l’efficacité de l’enseignement et pour améliorer la qualité de l’enseignement.
  6. Analyse des données d’interaction sociale entre les étudiants pour comprendre comment les étudiants interagissent entre eux et pour améliorer la collaboration et la communication.
  7. Analyse des données de réussite des étudiants pour identifier les facteurs qui contribuent à la réussite universitaire, tels que la participation à des activités parascolaires et la prise de décisions éducatives éclairées.
  8. Analyse des données de rétention des étudiants pour identifier les facteurs qui influencent la rétention des étudiants et pour fournir un soutien supplémentaire aux étudiants à risque.
  9. Analyse des données démographiques des étudiants pour comprendre les tendances en matière de diversité et pour identifier les groupes d’étudiants qui ont besoin d’un soutien supplémentaire.
  10. Analyse des données de progression des programmes pour comprendre comment les étudiants naviguent à travers les programmes d’études et pour améliorer la planification des programmes. »

Copié à partir de l’adresse https://chat.openai.com/chat

Je reprends cependant la plume pour donner quelques exemples de ce que le learning analytics permet de faire:

  • Accompagner la mise en place d’enseignement individualisé en adaptant le parcours d’apprentissage et les activités et ressources proposées selon les actions de l’étudiant-e.
  • Contribuer à l’amélioration continue d’une formation en analysant l’évolution du niveau de compétences des étudiant-es tout au long de leur parcours de formation.
  • Mettre en regard les compétences visées dans une formation et les compétences demandées sur le marché du travail.
  • Participer au contrôle qualité d’une formation en monitorant le taux de rétention, l’évolution des notes ou la comparaison des résultats obtenus par les étudiant-es de différentes volées.

En bref, là où il y a des traces numériques et des informations accessibles en ligne, le learning analytics permet de les synthétiser, de les analyser et de les utiliser à différentes fins. Les destinataires de ces analyses peuvent être aussi bien les étudiant-es que les enseignant-es, les responsables de formations, doyen-nes, recteurs ou rectrices.

Mise en pratique

Un exemple est le programme « Ma réussite » utilisé à l’Université de Laval. Cet outil agrège plusieurs traces numériques de la participation estudiantine avec les résultats aux tests pour générer un indicateur qui peut être vert si tout va bien, orange s’il faut être attentif ou rouge si le risque d’échec est élevé. Ces indicateurs sont visibles pour chaque étudiant-e lorsqu’il ou elle visualise sa liste de cours sur la plateforme d’apprentissage de l’université. Ils sont également visibles pour les enseignant-es et les directions de programme, leur permettant un suivi en temps réel du déroulement des cours. Les informations sur ces indicateurs sont toujours accompagnées des adresses des contacts (direction de programme, enseignant-es, assistant-es) et d’une liste de ressources à disposition.

Il va sans dire que l’exploitation de traces en éducation pose – ou devrait poser – des questions aussi bien stratégiques et politiques que pédagogiques et éthiques. Il s’agit non seulement de la confidentialité et de la protection des données, mais aussi de l’approche pédagogique qui sera encouragée ou non par ces outils. Ils peuvent servir aussi bien une normativité restrictive qu’une grande créativité, ouvrir un champ des possibles, mais aussi parfois un champ de mines. La série d’articles « Learning Analytics and AI: Politics, Pedagogy and Practices » donne un bon tour d’horizon et la checklist DELICATE  proposée par  Drachsler et Greller me semblent être des guides utiles pour se poser les bonnes questions concernant l’objectif, le respect de la vie privée et la protection des données lorsqu’on souhaite lire et analyser des traces numériques ou des informations en ligne.

Lire aussi:
Les Learning Analytics : un phénomène en expansion dans l’enseignement supérieur (Hausman 2019, présentation aux ABC Days Louvain-la Neuve)

Les traces des étudiant-es en difficulté

Un enjeu important en enseignement supérieur est d’identifier le plus tôt possible les étudiant-es en difficulté. Cette identification précoce ainsi qu’un « diagnostic » du type de difficulté permet de proposer à ces étudiant-es des solutions adaptées selon le domaine concerné: lacunes dans les connaissances théoriques, dans le raisonnement et la pensée critique, l’organisation, le savoir-faire ou le savoir-être. Selon le type de difficultés identifié, cet accompagnement des étudiant-es permet de trouver des solutions dans la majorité des cas. Il y a des exceptions comme l’identification d’une situation problématique au niveau socio-économique, psychologique ou psychiatrique pour lesquels les services externes correspondants seront proposés. Il faut souligner que les étudiant-es présentent souvent plusieurs types de difficultés en parallèle.

Pour plusieurs domaines dans lesquels les étudiant-es peuvent avoir des difficultés, il existe des traces, numériques ou non. Si on reprend les exemples de mon assistant conversationnel, on comprend par exemple que le suivi des activités sur Moodle et de la présence en ligne permettent d’identifier des types de difficultés comme une perte de motivation, des difficultés à s’organiser dans ses études, une compétence communicationnelle peu professionnelle, des lacunes dans les connaissances théoriques ou dans le savoir-faire. Un groupe de suivi et de soutien aux étudiant-es peut alors proposer des solutions adaptées à ces différentes situations.

Le choix des indicateurs pour identifier une personne qui a des difficultés dans ses études dépendra des types de difficulté que l’on souhaite identifier, et des moyens qui peuvent être mis en œuvre lorsque l’indicateur est au rouge. Dans l’exemple de l’outil « Ma réussite » cité plus haut, l’approche se base sur le fait reconnu que l’activité en ligne dans un cours a une valeur prédictive pour la réussite. Les indicateurs sont donc centrés sur le nombre d’accès au site du cours, le nombre de pages consultées, de documents téléchargés, l’activité sur les forums etc. Ces informations sont complétées par les résultats d’évaluation dès qu’ils sont disponibles. Il s’agit donc d’une approche prédictive qui permet à l’étudiant-e, si l’indicateur pour un cours est orange ou rouge, de prendre des mesures jugées adéquates pour améliorer ses chances de réussite.

Une exploration à la Faculté de médecine de Genève

Comme dans d’autres centres universitaires, le curriculum de médecine à Genève comprend de vastes connaissances théoriques à assimiler, mais aussi des compétences communicationnelles, des savoir-faire et une grande responsabilité professionnelle. Ces études sont exigeantes et les enjeux sont importants pour les étudiant-es, la Faculté, les hôpitaux universitaires et aussi la société qui a besoin de médecins qualifiés. Il va de soi que lors de leurs études, certains étudiant-es peuvent rencontrer des difficultés et avoir besoin du soutien du groupe de suivi et de soutien de la Faculté. En analysant les types de difficultés les plus fréquentes chez les étudiant-es en médecine ainsi que les outils numériques couramment utilisés tout au long des études, les traces récoltées dans le portfolio électronique (Geneva Portfolio support GPS) nous ont semblé intéressantes pour une analyse permettant d’identifier le plus tôt possible les étudiant-es en difficulté.

Ce portfolio est aligné avec le référentiel national des compétences pour les études de médecine en Suisse, PROFILES. Il est utilisé dès la deuxième année du bachelor et jusqu’à l’année de stage en dernière année d’études et comprend des formulaires où sont documentées et évaluées les activités des étudiant-es dans plusieurs domaines de compétences:

Connaissances théoriques: L’érudition et l’expertise médicale sont évaluées dans le portfolio lors des stages. Il est évident que le groupe de suivi et de soutien dispose également des évaluations des tests et examens écrits qui leur permettent d’identifier les étudiant-es en échec.

Professionnalisme: Dès la seconde année d’études, la présence et le comportement d’apprentissage lors des tutorats en petits groupes sont évalués par les tuteurs dans le GPS. L’attitude professionnelle est également évaluée par les enseignant-es lors des séances des patients simulés ou dans les années master lors de l’apprentissage en milieu clinique.

Communication: La communication avec les patient-es et leurs familles, mais aussi avec les autres professionnels de la santé est une compétence centrale qui est évaluée par les superviseurs dans le GPS à l’aide d’échelles adaptées pour mesurer l’évolution de l’autonomie des étudiant-es en utilisant les « Entrustable Professional Activities » (EPAs)

Savoir-faire et gestes techniques: Ce domaine comprend la capacité de faire un examen physique et d’accomplir les gestes techniques définis dans le référentiel de compétences. En bachelor 2 et 3 cette compétence est évaluée à l’aide d’une échelle ad hoc lors de l’entraînement avec des patient-es simulé-es. En master, l’évaluation documente l’évolution de l’autonomie pour les gestes techniques.

Ces éléments du portfolio GPS permettent de définir des indicateurs pour identifier les différents types de difficulté décrits plus haut. Ces indicateurs ne sont donc pas prédictifs comme dans l’exemple « Ma réussite », ils suivent une approche diagnostique qui doit permettre une intervention ciblée du groupe de soutien. Cette intervention sera  différente lors de lacunes de connaissances, de problèmes de communication ou d’attitude professionnelle.

Le défi actuellement est de définir pour chaque indicateur la valeur seuil qui aura la meilleure spécificité et sensibilité, c’est à dire qui trouvera tous les étudiant-es ayant vraiment des difficultés (vrais positifs) en excluant les étudiant-es qui n’en ont pas (vrais négatifs).

Depuis le printemps 2021, les éléments du portfolio sont analysés chaque semestre pour les étudiant-es en bachelor 2 et 3 ainsi que pour les étudiant-es en première année master pour identifier les d’étudiant-es qui sont sous les valeurs seuil définies. Leur dossier est alors examiné par le groupe de suivi et de soutien qui confirme ou non la présence d’une difficulté et nous permet ainsi de calibrer les indicateurs. Les étudiant-es pour lesquelles une difficulté a été identifiée sont alors contacté-es par le groupe de suivi et de soutien, comme lorsqu’une difficulté est identifiée par un autre chemin (suggestion d’un-e tuteur, tutrice ou superviseur-e, demande des étudiant-es).

Cette première exploration des traces dans le portfolio électronique des étudiant-es en médecine est prometteuse, car elle permet d’identifier certain-es étudiant-es ayant besoin d’un suivi qui n’auraient peut-être pas été identifié-es par d’autres moyens.

Elle présente également des perspectives intéressantes pour le learning analytics, qui permettrait d’automatiser certaines analyses et de mettre à disposition des étudiant-es des infographies leur permettant de corriger leurs stratégies d’apprentissage ou d’identifier leur besoin de s’adresser au groupe de suivi et de soutien.

Bien entendu, les bases juridiques assurant que cette démarche est bien conforme aux lois qui s’appliquent à l’université ont été clarifiées et un formulaire d’information aux étudiant-es a été intégré au module d’introduction au GPS qui doit être suivi lors de la première utilisation.

Conclusion

L’analyse des traces numériques dans l’enseignement supérieur peut être une ressource intéressante pour tous les intervenant-es, étudiant-es, enseignant-es et responsables de formation. Elles permettent par exemple d’identifier et de mieux accompagner les étudiant-es en difficulté. Cependant il faut garder à l’esprit que la lecture de traces est une science qu’il s’agit d’appliquer à bon escient et de manière éthique.


Du nouveau sur Moodle

Cet été, les utilisateurs et utilisatrices de Moodle@UNIGE découvriront la nouvelle version de la plateforme Moodle. Celle-ci a été réorganisée et certaines pages ont été simplifiées afin d’en faciliter l’utilisation. Il est à noter que certaines adaptations ont été réalisées en tenant compte des retours d’un panel d’étudiant-e-s et enseignant-e-s de l’UNIGE.

Voyons maintenant les nouveautés principales de la plateforme :

Nouvelle navigation

L’un des éléments-clés de cette nouvelle version repose sur une navigation simplifiée vers les espaces de cours. Ces derniers peuvent être présentés soit sous la forme d’une liste (figure de gauche ci-dessous) soit par des cartes (figure de droite ci-dessous).

Présentation des cours sous forme de liste

Présentation des cours sous forme de cartes

La navigation a également été repensée dans les espaces de cours où il sera plus facile de se déplacer entre les différentes sections en utilisant pour cela un menu situé à gauche, comme nous le montre l’image ci-dessous.

Présentation dans un espace de cours

Amélioration de la banque de questions

Afin de répondre aux nombreuses critiques des usagers/ères concernant l’activité « Test » et plus particulièrement la création de questions, le plugin de la banque de question a été également repensé. Il sera entre autres possible de facilement afficher ou masquer certaines options comme les commentaires.

Présentation de la banque de questions comprenant l’affichage du statut

Il sera également possible d’informer sur l’état d’une question (par ex. « Brouillon » ou « Prête ») ainsi que de voir l’historique de ses versions.

Notification lors de la mise à jour de contenus

Une fonctionnalité également très demandée par les étudiant-e-s est la notification lorsqu’un nouveau contenu a été ajouté par l’enseignant-e dans l’espace de cours.

Option permettant l’envoi d’une notification lors de l’ajout d’un nouveau contenu

Pour obtenir une liste détaillée des nouveautés, veuillez-vous rendre sur la page suivante.

Une plateforme de test sera proposée aux enseignant-e-s d’ici la fin du semestre de printemps afin de leur permettre de tester et de se familiariser avec la future plateforme.



Retour sur les ateliers Take Over

Lors de la semaine d’études libres du précédent semestre, l’UNIGE a organisé le premier Take Over au cours duquel 11 étudiant-es ont proposé 20 modules d’apprentissage numérique à d’autres étudiant-es de l’Université. Ces activités allaient de la programmation R à la cybersécurité en passant par l’introduction au webdesign.

Pour rappel, le projet TAKE OVER visait à créer un espace d’apprentissage des compétences numériques par et pour les étudiant-es de l’UNIGE. Ces derniers-ères ont été appelé-es à faire des propositions de formation considérées comme pertinentes pour leurs pairs. Une fois ces propositions validées, les participant-es ont été accompagné-es par des techno-pédagogues de l’UNIGE dans la conception des contenus pédagogiques dispensés durant ces formations.

Ces ateliers d’une durée d’une demi-journée ont ainsi accueilli en moyenne 18 étudiant-es de toutes les facultés (sauf la Théologie). Parmi ces étudiants-es, 37% étaient en Bachelor, 47% en Master et 16% en doctorat. Les cours les plus populaires ont été :

  • Introduction aux statistiques et à la programmation en R (35 inscrit-es)
  • Introduction à la collecte de donnnées en ligne (web scraping) avec R (33 inscrit-es)
  • Introduction à Python pour la recherche scientifique (31 inscrit-es)

Les retours ont été très positifs aussi bien de la part des participants-es que des animateurs-trices, qui ont tout particulièrement apprécié le concept, le format des ateliers ainsi que les thématiques proposées, qui étaient très proches de leurs besoins.

Ces retours très positifs ont motivés les organisateurs-trices à réitérer l’expérience lors du prochain semestre d’automne 2023 – 2024.



Compétences numériques des enseignants dans la formation continue : des nouvelles de l’approche à trois niveaux

Ce billet est proposé par la Dre Jue Wang Szilas et la Dre Patrizia Birchler Emery, CFCD.

Les défis liés à la transformation numérique des programmes de formation continue de l’Université de Genève et les solutions développées par le Pôle programme, pédagogie & partenariats du Centre pour la formation continue et à distance de l’UNIGE (CFCD), ont déjà fait l’objet d’un billet de blog en décembre 2021.

A cette occasion, nous avions détaillé les solutions proposées par notre Pôle pour soutenir la transformation numérique de nos programmes, plus particulièrement dans le cadre du renforcement des compétences numériques des équipes enseignantes. Nous avions également brièvement présenté l’auto-formation Moodle « option seuil », qui a pu être proposée aux collaborateurs et collaboratrices des programmes de formation continue à partir de février 2022.

A la suite de l’ouverture de l’auto-formation, notre Pôle a continué à travailler sur l’amélioration des formations proposées. L’approche adoptée pour développer les modèles d’apprentissage est celle de la recherche orientée par la conception, en anglais Design-Based Research.

La recherche orientée par la conception : brève présentation

La recherche orientée par la conception (Sanchez, 2015), en anglais Design-Based Research (désormais DBR) est une approche méthodologique de recherche utilisée par les chercheurs/euses et les praticien-nes des sciences de l’apprentissage, visant à développer des solutions aux problèmes. Wang et Hannafin (2005) en saisissent les caractéristiques essentielles :

a systematic but flexible methodology aimed to improve educational practices through iterative analysis, design, development, and implementation, based on collaboration among researchers and practitioners in real-world settings, and leading to contextually-sensitive design principles and theories” (p. 6)

Selon le Design-Based Research Collective (2003), un projet présentant les caractéristiques typiques de la RBD devrait inclure les éléments suivants :

  • Ses objectifs sont de résoudre des problèmes actuels du monde réel.
  • Les chercheurs/euses et les praticien-es (qui peuvent être les mêmes personnes) sont pleinement impliqué-es dans le projet.
  • Il est contextualisé car les résultats de la recherche sont liés à la fois au processus de conception qui a produit les résultats et à l’environnement dans lequel la recherche a été menée.
  • Les interventions de conception sont continuellement améliorées pour les rendre plus applicables à la pratique.

Comme le présentent Collins et al. (2004) et Reeves (2000), l’approche DBR comporte généralement quatre étapes :

1) Analyse : les chercheurs/euses identifient un problème qui doit être résolu ;

2) Conception : ils/elles développent une solution potentielle, généralement sous la forme d’un outil ou d’un modèle pédagogique qui pourrait résoudre le problème ;

3) Test et amélioration : ils/elles testent l’outil ou le modèle pédagogique dans un contexte réel et le perfectionnent pour obtenir de meilleurs résultats ;

4) Évaluation et réflexion : les chercheurs/euses réfléchissent aux résultats de l’expérience, identifient les caractéristiques des outils pédagogiques qui ont permis de résoudre les problèmes initiaux, révisent les aspects qui n’ont pas été utiles à l’apprentissage et déterminent le principe de conception. Cela conduit à un autre cycle de recherche consistant à concevoir, tester, évaluer et réfléchir pour améliorer la conception pédagogique en faveur de l’apprentissage. Le processus itératif peut être caractérisé par la figure ci-dessous :

(d’après Reeves [2000], p. 59)

La solution « à trois niveau » dans la spirale de la DBR

Notre projet de solution « à trois niveaux » a traversé les quatre étapes au cours de deux cycles de conception de 2019 à 2022. Le premier cycle de conception a duré de 2019 à 2020. Ce cycle était axé sur le perfectionnement du modèle de transformation à « trois niveaux » et sur les ateliers de formation aux compétences numériques destinés à soutenir sa réalisation. Les retours nous ont permis de réfléchir à une réorganisation des ateliers, avec des objectifs plus ciblés et des formats plus adaptés. De mai à octobre 2021, dans un deuxième cycle de conception, le modèle a donc été repensé, cette fois-ci en se concentrant davantage sur les compétences nécessaires pour la réalisation de cours en ligne répondant au niveau de qualité standard exigé dans nos programmes de formation continue. Une auto-formation Moodle niveau seuil a été proposée, testée et lancée dans un cadre plus large. Nous sommes actuellement dans la phase d’évaluation de ce cycle pour identifier les éléments susceptibles d’être améliorés.

Le projet a été présenté lors du congrès annuel d’EDEN (European Distance and E-Learning Network), en juin 2022, et a suscité un vif intérêt en raison de la clarté de sa conception et, surtout, de son approche très pragmatique qui en rend la réalisation aisée et abordable. La présentation a également fait l’objet d’un article dans les actes de la rencontre.

La solution « à trois niveaux » : développements futurs

Mais le projet n’en est pas terminé pour autant. En effet, une vraie recherche orientée par la conception ne peut se baser que sur deux cycles de conception, c’est pourquoi un troisième cycle est déjà en cours. Dans ce troisième volet, nous travaillerons sur plusieurs plans : amélioration de l’existant, c’est-à-dire l’auto-formation (perfectionnement grâce à l’analyse des données d’apprentissage, passage à Moodle 4.0, utilisation d’autres outils pour un apprentissage plus interactif), puis développement d’un cours en ligne pour l’option standard, redéfinition du niveau avancé et proposition de solutions d’apprentissages adaptées.

Références bibliographiques

Approche à trois niveaux du CFCD 

Wang Szilas, J., Birchler Emery, P. (2021). Une approche à trois niveaux pour soutenir la transformation numérique de la formation continue, https://ciel.unige.ch/2021/12/une-approche-a-trois-niveaux-pour-soutenir-la-transformation-numerique-de-la-formation-continue/

Wang Szilas, J., Birchler Emery, P. (2022). Training Digital Competences of Educators in Continuing Education: A Three-Level Approach. In: Väljataga, T., Laanpere, M. (eds) Shaping the Digital Transformation of the Education Ecosystem in Europe. EDEN 2022. Communications in Computer and Information Science, vol 1639. Springer, Cham., pp. 127-136, https://doi.org/10.1007/978-3-031-20518-7_10

 

Design-Based Research

Collins, A., Joseph, D., Bielaczyc, K. (2004). Design Research: Theoretical and Methodological Issues, The Journal of The Learning Sciences, 13(1), pp.15-42, https://doi.org/10.1207/s15327809jls1301_2

Design-Based Research Collective (2003). Design-Based Research: An Emerging Paradigm for Educational Inquiry. Educational Researcher, Vol. 32, No. 1, p. 5, https://doi.org/10.3102%2F0013189X032001005

Reeves, T. C. (2000). Enhancing the Worth of Instructional Technology Research through Design Experiments and Other Development Research Strategies, Paper presented on April 27, 2000 at Session 41.29, International Perspectives on Instructional Technology Research for the 21st Century, a Symposium sponsored by SIG/Instructional Technology at the Annual Meeting of the American Educational Research Association, New Orleans, LA, USA

Sanchez, E., Monod-Ansaldi, R. (2015). Recherche collaborative orientée par la conception. Un paradigme méthodologique pour prendre en compte la complexité des situations d’enseignement-apprentissage. Education & Didactique, 9(2), pp. 73-94, https://doi.org/10.4000/educationdidactique.2288

Wang, F., Hannafin, M. J. (2005). Design-based research and technology-enhanced learning environments. Educational technology research and development, 53(4), pp. 5-23, https://doi.org/10.1007/BF02504682

 



Virtual Exchange : suivre des cours offerts par des universités partenaires à l’international depuis chez soi

Mélanie Poy, coordinatrice du projet Virtual Exchange, et Christelle Bozelle, responsable de la Cellule MOOC à l’UNIGE

Depuis le semestre d’automne 2020, le programme Virtual Exchange offre la possibilité aux étudiant-es de l’Université de Genève de s’inscrire gratuitement à des cours en ligne donnés par un total de 16 universités partenaires. L’UNIGE fait à présent partie de 3 consortiums de mobilité virtuelle regroupant plusieurs institutions renommées à l’international : la Ligue européenne des universités de recherche (LERU), le Réseau d’excellence des dirigeantes et dirigeants universitaires en gouvernance et en gestion (eMobi@Dg2) et l’Alliance 4EU+ (Shared Courses). Ces accords permettent d’offrir plus de 100 cours en ligne dans une grande variété de domaines. Les cours sont donnés principalement en anglais et en français, mais également dans d’autres langues (allemand, espagnol, italien, etc.). Le programme de Virtual Exchange offre de nombreux avantages aux étudiant-es à savoir:

  • Pas de frais supplémentaires : les étudiant-es de l’UNIGE bénéficient d’un accès totalement gratuit aux cours
  • Une grande flexibilité : La majorité des cours peuvent être suivis de manière asynchrone, ce qui permet aux étudiant-es de les intégrer plus facilement à leur propre emploi du temps.
  • La validation de crédits : Les cours suivis en Virtual Exchange sont crédités dans le cursus académique des étudiant-es sous réserve d’accord des facultés.
  • Une offre de cours enrichie : Les étudiant-es ont accès à une grande variété de cours dans une multitude de domaines. Ces cours offerts par des universités et professeurs réputés à l’international permettent par ailleurs de découvrir de nouvelles perspectives académiques, des approches pédagogiques différentes, ainsi que des exemples et des cas d’étude basés sur des contextes différents.
  • Un enrichissement de son profil : En accédant à une variété de cours et de programmes en ligne, les étudiant-es peuvent avec l’accord de leurs conseillers et conseillères académiques, personnaliser davantage leur cursus en sélectionnant ceux qui correspondent le mieux à leurs centres d’intérêt et à leurs aspirations professionnelles.
  • Un accès à des cours internationaux : Malgré le fait que ce type de programme ne puisse remplacer une expérience de mobilité physique, il peut néanmoins constituer une expérience internationale intéressante en permettant aux étudiant-es de rencontrer virtuellement d’autres étudiant-es et éventuellement de développer leur réseau à l’international.

Pour découvrir l’offre de cours (enrichie chaque semestre) et plus de détails sur la procédure d’inscription, consultez la page internet >>