Concept mapping, mind mapping, est-ce la même chose ?

E-learning mind map, business concept on blackboard

À chaque fois que l’on on parle de cartes spatiales, on finit toujours avec la question «mais y a-t-il vraiment une différence entre le concept mapping et le mind mapping?», suivie par: «alors est-ce que leur différence est si importante en pratique ?».

Dans ce billet, j’approfondis ces questions en détaillant les deux structures, puis en montrant la marche à suivre pour les mettre en pratique.

Définitions

Les cartes spatiales

Les cartes spatiales sont des structures utilisées pour afficher de l’information dans l’espace (d’une feuille par exemple) d’une façon irradiante. Vous avez sans doute déjà vu des bulles contenant des mots, qui sont liées par des liens.

Dans la pratique, c’est quand même un peu plus que ça. J’en parlerai plus loin.

La carte conceptuelle

La carte conceptuelle, concept map en anglais, est une structure formelle et factuelle,  organisée (Davies, 2011), où «l’information est représentée par des concepts reliés par des connexions signifiées» (Delengaigne & Delengaigne, 2014, p. 76). Il s’agit d’une arborescence hiérarchique dans laquelle on fait une distinction entre les niveaux (par exemple les valeurs) de l’information (Davies, 2011).

La carte mentale

Buzan et Buzan définissent la carte mentale (mind map en anglais) comme «une manifestation de la pensée irradiante et par conséquent une fonction naturelle de l’esprit» (2003, p. 59). La carte mentale est un réseau des concepts (mots-clés) moins formel et structuré (Davies, 2011). Elle se développe par des associations au niveau du contenu ainsi que l’usage d’images, de symboles et de couleurs pour faciliter la rétention (Buzan & Buzan, 2003; van den Brandhof, 2012).

Pourquoi les utiliser ?

Les cartes spatiales

La compréhension et la mémorisation sont des activités quotidiennes en contexte d’apprentissage. L’usage des cartes est une méthode très efficace qui facilite le traitement de la matière des cours (cours, lectures, etc.). Le développement des cartes aide à représenter graphiquement l’organisation de l’information (Delengaigne & Delengaigne, 2014), ce qui aide à rendre sa pensée visible (Salmon & Kelly, 2015). En plus, il est plus facile de mémoriser et de réciter à partir de cartes qu’à partir de descriptions ou de textes linéaires, par exemple (Davies, 2011; Delengaigne & Delengaigne, 2014).

Construire des cartes aide à lier des nouvelles informations à ce que l’on sait déjà (Delengaigne & Delengaigne, 2014). On combine des méthodes textuelles à des méthodes visuelles, ce qui facilite le stockage de l’information dans la mémoire (Davies, 2011). Bien que la carte conceptuelle et la carte mentale soient utilisées dans des contextes différents, les deux permettent à leur créateur/créatrice de restructurer le contenu selon sa propre logique.

La carte conceptuelle s’utilise pour :

  • Disposer d’un résumé pour les révisions
  • Distinguer les informations importantes des informations moins importantes
  • Tester sa compréhension (on peut seulement la construire si on comprend. Se sentir bloqué est signe que la partie concernée doit être revue)
  • Mémoriser
  • La récitation

L’objectif de la carte conceptuelle est de traiter le contenu en profondeur. La carte conceptuelle constitue le processus, en même temps qu’un produit de l’apprentissage (Salmon & Kelly, 2015). En dévbillet_cm_mm_mirjam-imageeloppant une carte conceptuelle, l’accent est mis sur la compréhension, la préparation à la mémorisation ainsi qu’à la révision simultanée. Dans la construction, on se focalise sur le rapport entre les différents types d’informations (Davies, 2011; Salmon & Kelly, 2015). Identifier des mots-clés importants et les positionner les uns par rapport aux autres selon une certaine hiérarchie constitue la base de la carte. Ensuite, on lie les mots-clés par des liens et on les nomme pour donner des significations à ces liens (Delengaigne & Delengaigne, 2014). Le fait de nommer les liens est la partie le plus importante et cruciale de la carte, parce que c’est à ce moment-là que l‘on découvre si on a vraiment compris et maîtrisé la matière. Delengaigne et Delengaigne expliquent que, «par rapport à un texte, la carte conceptuelle permet de réduire le nombre d’informations à retenir» (2014, p. 77).

La carte mentale s’utilise pour :

  • Se faire réciter (que réussissez-vous à mettre sur papier sans regarder vos notes ?)
  • Tester ses connaissances et les compléter
  • Développer des associations, des idées ou concepts
  • Faire du brainstorming
  • Mieux comprendre le contenu : décortiquer un concept selon sa propre logique en utilisant des sources du cours ainsi que des connaissances antérieures

La carte mentale est de nature très flexible et instinctive. Elle a pour but de faire des associations à partir d’un sujet central qui se situe littéralement au milieu de la carte. La carte mentale est une méthode très utile poexemple-motivation-mirjamur se faire réciter (tester ce qu’on a vraiment réussi à mémoriser) mais également pour « brainstormer » sur des idées pour le mémoire de master ou son projet professionnel, par exemple. Une des grandes caractéristiques de la carte mentale est l’usage des mnémotechniques comme des couleurs, symboles et dessins. Cela renforce encore plus la restitution de l’information à apprendre. La carte devient un produit complètement personnel, ce qui a pour conséquence de rendre le traitement de la matière beaucoup plus agréable et facile à traiter pour la personne qui l’a créée.

 

Comment les utiliser ? Des instructions pas-à-pas

La carte conceptuelle

  1. Formulez une question dont le contenu que vous voulez travailler fournira la réponse (sans focus, tout semble important)
  2. Identifiez et listez les mots-clés (pas de bouts de phrases!) de votre cours ou de votre lecture (oui, même si initialement, vous vous retrouvez avec mille mots-clés)
  3. Transférez les mots-clés sur une feuille (numérique), comme par exemple sur LucidChart
  4. Placez les mots-clés dans leur ordre hiérarchique
  5. Liez les mots-clés
  6. Nommez les liens entre les mots-clés
  7. Au moment de vous sentir bloqué : allez revoir cette partie en question dans vos cours et/ou faites une mini-carte pour découvrir ce qui vous bloque
  8. Pour la révision : expliquez la carte à voix haute et utilisez-la pour mémoriser
  9. Décorations, couleurs, images et dessins ne sont pas indispensables

La carte mentale

  1. Comme pour la carte conceptuelle, il faut formuler une question
  2. Choisissez un mot-clé et écrivez-le au milieu de la page
  3. Liez à votre mot-clé, par des branches, tout ce qui vous vient à l’esprit
  4. Vous pouvez aller plus loin en ajoutant de nouvelles branches à vos branches existants : les informations les plus importantes sont proches du centre et les détails plus en périphérie.
  5. Vous pouvez utiliser des couleurs pour écrire ou dessiner les branches, ajouter des dessins, des chiffres ou des tableaux à votre carte pour la rendre plus parlante pour vous
  6. Pour réviser : choisissez une partie d’un de vos cours dont vous voudriez vérifier votre compréhension; dessinez votre carte mentale (durée déterminée par avance) ; complétez votre carte pour voir quelles parties vous devez revoir
  • C’est plutôt un travail individuel parce qu’on travaille avec des associations qu’une autre personne ne comprend pas forcément (mais cela ne veut pas dire que c’est faux !)

 

Conclusion

Je pense que vous êtes d’accord pour dire que les deux cartes ne sont pas la même chose et aimerais finir avec une précision, en répondant aux questions de l’introduction :

Oui, il y a donc une grande différence entre ces deux cartes : elles ne diffèrent pas seulement par leur forme, mais surtout dans les contextes d’utilisation.

Là où la carte conceptuelle présente très statiquement des informations factuelles, sans «fioritures», en transformant le contenu existant en une structure qui parle au mieux à l’apprenant, la carte mentale servira surtout comme outil de récitation ou de brainstorming, tout en en permettant d’intégrer des couleurs, des dessins etc.

Les étudiant∙e∙s de l’Université de Genève peuvent, sur demande, participer aux ateliers suivants (minimum 8 participant∙e∙s):

  • «Structurer ses notes et lectures avec le mind mapping» (papier-crayon)
  • «Structurer ses notes et lectures avec le concept mapping» (sur ordinateur)

 

J’espère que ce billet vous aidera à résoudre le mystère autour des cartes spatiales. Il ne me reste qu’à vous souhaiter bonne chance et bonne construction !

 

Mirjam Mekhaiel

 

Pôle de Soutien à l’enseignement et l’apprentissage

 

Bibliographie

Buzan, T., & Buzan, B. (2003). Mind map: dessine-moi l’intelligence. Paris: Eyrolles Éditions d’Organisation.

Davies, M. (2011). Concept mapping, mind mapping and argument mapping: what are the differences and do they matter? Higher Education, 62(3), 279‑301. https://doi.org/10.1007/s10734-010-9387-6

Delengaigne, X., & Delengaigne, M.-R. (2014). La boîte à outils du Mind Mapping. Paris: Dunod.

Salmon, D., & Kelly, M. (2015). Using concept mapping to foster adaptive expertise: enhancing teacher metacognitive learning to improve student academic performance. New York: Peter Lang.

van den Brandhof, J.-W. (2012). The business brain book: work smarter, save time. Maastricht: BrainWare.