Faire des vidéos d’apprentissage low-tech: c’est possible et cela favorise l’engagement des étudiants !

Notamment grâce à la diffusion des Mooc’s, les vidéos d’apprentissage sont devenues un medium à part entière dans l’enseignement supérieur. Dans un Mooc, elles sont le vecteur principal de l’information. Dans l’enseignement en présentiel, les vidéos sont intégrées au cours et sont notamment utilisées dans l’approche de la classe inversée.

L’un des défis que pose ce nouveau medium est l’engagement étudiant. En effet, le risque est de reproduire un enseignement exclusivement magistral dont on sait aujourd’hui qu’il est moins productif en termes d’apprentissage qu’un enseignement actif (PNAS 2014). Dans la classe inversée, l’exposition au contenu précède le temps en classe. Le temps en classe est alors dédié à l’interactivité. Afin que l’étudiant∙e s’engage sur le contenu à retenir avant la classe, la vidéo se doit donc d’être engageante.

A cet égard, une étude exploratoire (Guo & al. 2014) à propos de quatre Mooc’s hébergés sur la plateforme Edx de l’Université de Stanford donne quelques pistes intéressantes. L’étude croise deux ensembles de variables. D’une part, les styles de vidéo a) leçon filmée b) enseignant∙e parlant, dont on voit la moitié supérieure du corps c) démonstration sur tablette interactive popularisée par la Khan academy d) présentation PowerPoint avec voix off ; de l’autre, le temps que les participant∙e∙s passent sur la vidéo ainsi que le taux d’engagement et de réussite de ceux-ci aux activités proposées après le visionnement de la vidéo (principalement des questions à choix multiples). L’étude n’a pas valeur scientifique en ce sens qu’elle n’a pas été effectuée avec des groupes de contrôle. Elle a été toutefois complétée avec des interviews de membres de l’équipe de production d’EDX. En tous les cas, elle apporte des constats intéressants pour les personnes qui souhaitent se lancer dans la production de vidéo d’apprentissage.

Nous avons retenu six constats et recommandations :

  1. Les vidéos courtes sont beaucoup plus engageantes. L’engagement des étudiant∙e∙s diminue fortement après 6 minutes. C’est le résultat le plus significatif de l’étude. Pour les vidéos durant jusqu’à 6 minutes, l’engagement des étudiant∙e∙s est en effet de 75% ; il tombe à 31% lorsque la vidéo dure plus de 12 minutes.
    Recommandation : Une séquence vidéo devrait être courte. Il vaut beaucoup mieux faire plusieurs capsules courtes qu’une vidéo trop longue.
  2. Les vidéos pour lesquelles un travail de pré-production a été effectué, sont plus engageantes. Les enseignements qui ont été pensés en plusieurs petites parties ont donné lieu à plus d’engagement et de réussite dans les activités de test.
    Recommandation : le découpage de la matière en plusieurs blocs thématiques est essentiel avant de se lancer dans la production de vidéos d’apprentissage.
  3. Les vidéos qui alternent un∙e intervenant∙e filmé∙e et un support visuel sont plus engageantes que des diapositives avec une voix off.
    Recommandation : faire apparaître la tête de celui ou celle qui parle le plus possible par un montage en miroir/en alternance ou en insérant une fenêtre dans un coin de l’écran.
  4. Les explications didactiques écrites ou dessinées en direct sont plus engageantes que des diapositives ou des screencasts basiques. L’engagement des étudiant∙e∙s a été supérieur sur les vidéos de style Khan academy.
    Recommandation : lorsque cela est possible et pertinent, utiliser une tablette interactive ou écrire à la main sur un papier en se filmant à l’aide d’une caméra documentaire.
  5. Les vidéos où les intervenants ont tendance à parler vite semblent plus engageantes que les autres. En dépit de  la recommandation de ne pas dépasser 160 mots par minute, les vidéos dans lesquelles les enseignant∙e∙s dépassent ce seuil sont plus engageantes pour les étudiant∙e∙s. Dans les vidéos étudiées, le « parler vite » est en corrélation avec l’énergie et l’enthousiasme de l’orateur.
    Recommandation : ne pas hésiter à montrer votre enthousiasme pour ce que vous présentez et ne vous souciez pas trop de parler trop vite tant que cela reste compréhensible.
  6. Les vidéos filmées dans un cadre familier semblent plus captivantes que les enregistrements faits dans un cadre non-familier, par exemple un studio.
    Recommandation : n’hésitez pas à vous filmer dans un cadre professionnel habituel (votre bureau, par exemple) ou un environnement familier, là où vous vous sentez bien.

 

Vous souhaitez vous lancer dans la production de capsules vidéo ? Trois services de l’UNIGE sont là pour vous accompagner dans votre démarche

La cellule e-learning met à votre disposition une salle à Uni-Dufour, équipée d’une tablette interactive, d’une caméra documentaire et d’un poste avec un logiciel de montage vidéo

Contact : Patrick Roth

Le SEA vous accompagne dans l’élaboration des scénarios pédagogiques de vos capsules

Contacts : Steve Bennoun  Philippe Haeberli

La cellule Mooc vous donne des conseils pour le tournage

Contact : Christelle Bozelle