Se former en ligne à l’archéologie classique – CAS Archéologie classique: une introduction

L’idée de cette formation a pris forme en 2010, dans la ligne de nombreuses initiatives visant à une ouverture des activités de l’Unité d’archéologie classique.

Le choix du format d’enseignement s’est porté très rapidement sur une formation mixte à distance (blended learning), pour diverses raisons : tout d’abord, la possibilité de toucher une zone géographique plus large, ainsi qu’un public plus nombreux, en raison de la souplesse apportée dans le calendrier de la formation. Ensuite, la combinaison d’une étude de civilisations antiques et de méthodes d’apprentissage s’appuyant sur des moyens techniques modernes forme un contraste qui nous paraissait susceptible d’aiguiser l’intérêt du public et d’intéresser aussi des apprenant·e·s désirant se perfectionner dans l’apprentissage en ligne, en premier lieu.

En tant que formation continue universitaire, le CAS en archéologie classique devait être offert sur une plateforme institutionnelle. Le choix s’est porté sur Moodle, qui semblait permettre une plus  grande variété d’activités et une structuration correspondant mieux à nos objectifs.

Dès avant le lancement du premier module d’enseignement, il était clair que le public visé par cette formation serait très large : aussi bien des professionnel·le·s (musées, services culturels, tourisme, enseignement, marché de l’art, patrimoine, édition culturelle, bibliothèques, restauration d’art, artistes) que des gens attirés par les civilisations méditerranéennes antiques.

Le passage à la pratique dès l’automne 2011, avec un premier module de 12 semaines à distance, comportant trois journées en présentiel (au début, en milieu et en fin de période), a permis de tester le modèle d’enseignement et de le compléter. Depuis, les trois modules formant à présent le CAS ont été offerts selon le même modèle (automne 2012, printemps et automne 2013)

Pour ce qui est de l’utilisation de Moodle, les fonctions de la plateforme qui ont été retenues sont le forum, le glossaire, la remise de devoirs (avec notations et rétroaction) et la mise à disposition de ressources (textes, images, liens, évaluations).

La plateforme dans la pratique des apprenant·e·s

Le forum, utilisé comme espace de débat et de discussion au sein de chaque leçon (ou thème), n’a pas été utilisé de la même manière par tous les apprenant·e·s : apparemment, la discussion différée en ligne n’est pas toujours d’un accès aisé pour les adultes peu habitué·e·s aux « chats » ou réseaux sociaux. Le glossaire a été retenu, après quelques tests peu probants avec le wiki, pour la rédaction commune d’un résumé des points abordés pendant le cours, les apprenant·e·s ayant manifesté le désir de pouvoir conserver un document présentant les divers thèmes étudiés (le glossaire peut être exporté et imprimé). Quant aux autres activités, elles n’ont pas posé de problèmes aux apprenant·e·s, qui ont manifesté un intérêt certain pour les évaluations sous forme de quiz.

Un bémol, cependant, lors d’activités par paires ou par groupe : souvent, les apprenant·e·s ont préféré se téléphoner pour travailler ensemble plutôt que d’utiliser la fonction « chat », d’autant plus qu’ils ou elles ne disposaient pas sur la plateforme même de la possibilité de travailler sur un fichier texte en commun. On peut aussi considérer cela comme un développement des compétences sociales découlant des activités à distance.

Recours aux images

Pour ce qui est des cours à distance, nous avons utilisé des présentations de diaporamas avec commentaire vidéo-audio intégré, hébergées sur un serveur externe et accessibles par un lien.

Le recours à l’image est essentiel dans une discipline telle que l’archéologie, ce qui pose souvent un problème de taille lors de publications ou conférences. En effet, la matière première de l’archéologue est constituée d’objets ou de structures architecturales, qu’il faut pouvoir voir, observer, étudier, comparer : comme ces objets ou structures ne peuvent être physiquement présents lors du cours, le recours à des photographies, plans et dessins est indispensable pour l’enseignement comme pour la recherche. En principe, une photographie appartient à son auteur, sauf si l’objet photographié se trouve dans un musée : dans ce cas, les droits de publications sont réservés. La question des droits se pose de toute façon pour toutes les ressources fournies sur Moodle, « scans » de livres ou articles, photographies, plans, dessins, et elle n’est toujours pas résolue, d’où l’avantage d’utiliser une plateforme institutionnelle à accès restreint. Dans la mesure du possible, cependant, il est fait recours à des ressources existant déjà en ligne et accessibles sans droits.

L’usage a montré également que le public attiré par la formation était constitué pour moitié de professionnel·le·s, pas forcément actifs dans le domaine culturel, pour l’autre moitié de retraité·e·s. Cependant, même si le public n’était pas entièrement celui envisagé, tous les participants et les participantes partageaient un même intérêt pour l’archéologie classique, un avantage certain pour l’enseignement. La possibilité de suivre les modules avec ou sans accréditation, de même que l’ouverture de la formation ont eu pour corollaire une grande hétérogénéité du public, demandant par conséquent un suivi très personnalisé lors du tutorat, mais qui est resté tout à fait gérable, étant donné le nombre restreint de participant·e·s que comportait chaque volée.

Bilan

L’avantage principal de cette formation mixte, pour les apprenant·e·s comme pour les enseignant·e·s, est sa souplesse : certain·e·s des participant·e·s résidaient dans d’autres cantons ou même à Paris, ils n’auraient pas pu suivre un cours de format conventionnel, d’autres ont pu partir en vacances en cours de module ; même chose du côté des enseignant·e·s, qui ont pu effectuer des déplacements professionnels en cours de module. Les désavantages cités par les participant·e·s concernent surtout le travail de groupe à distance et la lisibilité des ressources textes sur les écrans. Pour les enseignant·e·s, deux difficultés principales à mentionner : susciter l’interaction entre les participant·e·s lors des périodes à distance et l’hétérogénéité du groupe, au niveau de la formation et de la familiarité avec les outils informatiques, qui demandait un suivi très personnalisé et un enseignement à différents niveaux. Par ailleurs, l’hétérogénéité du groupe a aussi constitué un élément positif et enrichissant, permettant d’aborder le même thème avec différentes visions, permettant des discussions très diversifiées.

Plus généralement, l’adéquation entre les moyens et les objectifs d’apprentissage a été jugée très positivement par les participant·e·s.

Un avantage qui n’a pas été cité, mais qui semble évident, est l’accès très ouvert au cours et à ses ressources, en termes d’horaires et de lieu, aussi bien pour les apprenant·e·s que pour les enseignant·e·s, qui va bien au-delà de ce qu’offrent les bibliothèques de notre discipline.

L’usage a montré que pour garantir l’accès à un tel cours à un large public, il faut limiter, du moins pour l’instant, le nombre de fonctionnalités utilisées sur la plateforme d’enseignement. C’est la raison pour laquelle le portfolio n’est pas utilisé en complément au cours, même s’il est potentiellement utile aux participant·e·s. Il n’est pas impossible que son utilisation soit introduite, au moins partiellement pour les participant·e·s suivant l’option avec crédits, lors des prochains modules. L’expérience n’est donc pas terminée, d’autant moins qu’une extension de la formation est en cours d’élaboration. En effet, l’expérience d’un cours de formation continue en sciences humaines sur une plateforme d’enseignement à distance s’est avérée si concluante que le CAS Archéologie classique : une introduction, sera intégré prochainement dans une formation plus complète et interdisciplinaire, en collaboration avec le Centre universitaire du droit de l’art (Faculté de droit), le DAS en archéologie classique et droit des biens culturels.

CAS Archéologie classique : une introduction : dès septembre 2014