Les journées e-learning EDUHUB 2012

Génération Y

Chaque année, SWITCH organise les EDUHUB Days qui sont l’occasion de regrouper la communauté e-learning des universités et hautes-écoles de Suisse. Pour l’année 2012, les journées se sont déroulées à Morat et le thème général était la « génération Y« .

Cette génération Y a été surtout évoquée lors du keynote « Always on – Insights into Media Use of Generation Y » (l’enregistrement du keynote est disponible ici et la présentation ici). La présentation fait d’abord un point sur les éléments caractéristiques de cette génération : importance des réseaux sociaux, de la connexion continue avec leur « tribu » au travers des smartphones. Dans cet écosystème, les frontières entre espaces privé, personnel, public et professionnel deviennent floues. La génération Y utilise une multitude d’espaces virtuels différenciés : des espaces privés et fermés, des espaces d’expression, des espaces de performance…
Les entreprises qui emploient cette génération vivent cette situation plutôt comme une menace. Elles semblent démunies et ne trouvent pas de réponse adaptée. Plutôt que d’analyser quels seraient les aspects positifs à exploiter, elles tentent, sans succès, de contrôler et d’interdire au risque de se priver de talents et d’innovation. La présentation se conclut en ouvrant un certain nombre de questions et de pistes pertinentes: les pratiques de cette génération représentent plus un challenge qu’une menace.

La voix des étudiants

Lors du panel « The smart learner’s voice » (qui peut être visionné ici), des étudiants ont fait part de leurs pratiques et difficultés :

  • Comment travailler en groupe sur un projet, partager les documents alors que les contenus sont diffusés via email, intranet, moodle, sites web, etc. ?
  • Comment accéder à l’information depuis n’importe quel endroit, sans devoir installer VPN + ftp + login et mots de passe différents pour chacun ?
  • Comment consulter les contenus quel que soit l’outil utilisé : desktop + laptop + smartphone… et que la lecture soit compatible ?

S’ils relèvent la qualité des contenus proposés par la communauté académique, les étudiants aspirent à un environnement de travail offrant 1 point d’accès central bien structuré, qui intégrerait tous les contenus et outils de communication et dont l’accès serait facilité.
Pour cela, ils préconisent les outils Web 2.0 et particulièrement le cloud computing, ils sont d’ailleurs déjà nombreux à utiliser notamment Dropbox, Google Apps tout en attirant l’attention sur l’importance de s’assurer de la sécurité d’accès et de la confidentialité des données.
Un tel environnement favoriserait la valorisation des contenus et permettrait aux étudiants de choisir comment, où et quand ils veulent étudier. Ils se disent prêts à collaborer pour tester et s’exprimer sur les outils et les développements menés par l’Université.

L’un d’entre eux, Nathanaël Zutter, étudiant en formation continue à l’Université de Genève nous fait part de sa propre expérience :

Après avoir rempli (innocemment)  un questionnaire trouvé  sur le site de l’UNIGE, portant  sur la thématique «comment pourrions-nous apprendre demain»,  j’ai été contacté par Switch pour faire une présentation aux eduhubday…

Nous avons été cinq étudiants retenus, venant  d’univers différents : droit, bioélectronique, psychologie, communication et e-business/marketing. Autant de sujets variés et abordés, tel que l’utilisation du cloud ou des réseaux sociaux, la suppression des mails, l’ergonomie et l’utilisabilité des interfaces proposées mais aussi les notions de l’apprentissage par la pratique.

Suite aux divers ateliers proposés par les professionnels du E-learning pendant les eduhubdays et les présentations faites par les divers intervenants et par les étudiants, il ressort un besoin plus social, communicatif, portable, ergonomique. Les outils proposés à l’Université ne répondent plus à la demande et aux besoins de l’étudiant face aux solutions annexes proposées en ligne (cloud, réseaux de curations, dossier de partage, réseaux sociaux, ergonomie accrue et mutation de l’ergonomie web…)

Je pense également que nous (étudiants) avons pu découvrir des outils existants mais sous utilisés ou même inconnus par le professorat. Une des réflexions serait : « ne faudrait-il pas former les professeurs à utiliser les outils mis à dispositions des étudiants?  (note : essayez de trouver un document mis sur dokeos quand il y en a déjà une vingtaine répartie dans plusieurs dossiers… pas évident, le mail restant la solution la plus rapide…)»

Etant étudiant en formation continue, je ne peux juger les études faites dans le cadre d’un cursus normal. Cependant, dans mon cas, j’assiste à une véritable révolution dans la manière de travailler, de partager et d’apprendre. Notre professorat est à la base très attaché à l’esprit 2.0, ce qui ne fait que renforcer l’esprit collaboratif et apprendre à utiliser l’intelligence collective.

J’ai trouvé l’expérience très enrichissante. En effet, de savoir qu’un groupement de E-learner’s existe, que les étudiants sont écoutés et que des solutions (même futuristes) sont envisagées est un atout indéniable pour les futurs étudiants. Le fait de pouvoir avoir une voix en tant qu’étudiant auprès des professionnels est un élément majeur pour les évolutions possibles des outils mais également pour donner un fil conducteur et une trame de fond aux personnes  développant les méthodes d’apprentissage en ligne. Ensemble et en communiquant, nous pouvons construire demain…

Ce panel s’est conclu sur l’idée d’organiser un nouveau SIG (Special Interest Group) permettant de regrouper des étudiants, des académiques et des spécialistes du e-learning pour prolonger les challenges soulevés par le panel. Un des buts du panel sera de comprendre et de définir les attentes des étudiants et des académiques pour les prendre en compte dans les dispositifs de e-learning.

Thèmes choisis

De nombreux thèmes ont été abordés durant ces journées. Nous en avons sélectionné certains qui nous semblent particulièrement prometteurs:

L’identité numérique

Lors des Learning Café Expresso I ( session de discussion de 20mm), Rolf Brugger de Switch a presenté le projet : The New e-Identity Project at SWITCH.

En collaboration avec les hautes écoles de Suisse et SWITCH, ce projet innovant a pour objectif de créer une identité numérique personnelle pour les étudiants.

L’intérêt de cette présentation, étant donné que le projet est actuellement en cours de définition, était de le faire connaître à la communauté, mais aussi d’ inviter les participants à réfléchir ensemble aux outils à proposer aux étudiants.

En effet, l’idée principale de ce projet est d’offrir aux étudiants de toute la Suisse un environnement sûr centré sur l’étudiant, dans lequel il pourra conserver la collecte des résultats de tous ses travaux, documents, certificats, tout en pouvant y  accéder en dehors de l’institution. Qui plus est, de proposer aux étudiants des outils appropriés, qui répondront à leurs besoins pour faire état de leurs compétences.

Le projet permettra donc à l’étudiant de créer sa propre identité réelle, un environnement sûr dans lequel vont se confondre un monde réel et un monde virtuel. Un environnement qui lui servira tout au long de sa vie mais aussi qui lui permettra de construire continuellement son savoir, ses aptitudes, mêlant la connaissance formelle et la connaissance non formelle , tout en acquérant de nouvelles compétences.

Le mobile learning (m-learning)

Plusieurs présentations ont abordé la question de la mobilité à travers l’utilisation des terminaux tels que PC personnel, notebook, tablette ou smartphone. Les questions soulevées ont concerné à la fois le plan technique («Implementing Mobile Solution»), mais également le plan pédagogique, à travers l’émergence de nouvelles pratiques pédagogiques (pendant le cours : «BYOD, e-books and #Flipclass» ou dans la production du matériel de cours : «Tablet Books: your courses’ material in Harry Potter newspaper style»).

Quelques réalisations sont venues illustrer ces questions. Les participants ont ainsi pu découvrir des applications pour smartphone à destination des étudiants, tels que le projet ETH EduApp («ETH EduApp – a mobile app for student life and learning»), ou le projet BibUp («BibUp: a citation and research management tool») qui permet de simplifier le relevé des notices et références bibliographiques en scannant le code barre ISBN.

Une présentation du projet ITSI, déjà présenté sur ce blog, est venu rappeler l’importance de réfléchir à l’intégration de ces nouveaux espaces virtuels dans l’environnement académique («The future academic learning environment: how should and could it look like?»).

Le « Personal Learning Environment » (PLE)

Une session de discussion a permis d’aborder la thématique des environnements d’apprentissage personnels et les défis liés à leur intégration au sein des institutions d’enseignement supérieur. Les échanges qui ont eu lieu se sont orientés sur la manière d’introduire ce modèle d’apprentissage auto-centré par le biais de système informatique pour l’enseignement.

La plate-forme Graasp a été présentée comme une porte d’entrée à ces nouvelles pratiques des générations Y, à l’image du ePortfolio. Il a été soulevé que malgré les compétences allouées à la génération Y, le processus d’adoption de ces nouvelles pratiques d’apprentissage, soutenues par des outils web 2.0, nécessite un soutien pédagogique.

Dans ce sens, une attention particulière a été portée à l’annonce de la mise en place de ressources d’auto-apprentissage et de séminaires permettant de faciliter l’adoption des outils web 2.0. Le projet PLE, qui est soutenu par les Université de Genève et Fribourg ainsi que par l’EPFL, mettra à l’avenir ces ressources à disposition.

Lors de cet échange, les partenaires ont su créer un moment de partage d’expérience qui a suscité un fort intérêt, de ce fait les orateurs ont proposé  la création d’un groupe de discussion «SIG PLE», pour permettre la poursuite des échanges en dehors des eduhub days 2012.

Ce billet a été rédigé collectivement par des membres de CIEL qui ont pu assister aux journées eduhub: Joëlle ANGELOZ, Johann LUTHI, Laurent MOCCOZET, Bineta NDIAYE MBAYE, Elsa SANCEY, Nathanaël ZUTTER.