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Tag : intelligence artificelle

Pas besoin de ChatGPT pour ça

Ce billet fait suite à une présentation réalisée dans le cadre des TAKE OVER, des cours sur le numérique donnés par des étudiant.e.s pour des étudiant.e.s. Le lien de la présentation est disponible ici et la vidéo de l’atelier est disponible ici.

ChatGPT est partout et utilisé par tout le monde. Ce nom est tellement dominant qu’il est pratiquement devenu synonyme du terme « intelligence artificielle ». Pourtant, l’intelligence artificielle est bien plus que ça et nombreux sont les utilisateurs qui gagneraient à en apprendre davantage sur l’IA et à découvrir des alternatives à ChatGPT.

Introduction

Nous avons trop souvent l’habitude de parler de l’intelligence artificielle (IA) de manière générale, mais sans nous attarder sur ce que ça représente. À cet égard, on parle souvent de ChatGPT, ce modèle d’intelligence artificielle utilisé par tout le monde, mais sans aller plus loin. Par exemple, on ne le décline pas sous ses différents modèles (GPT-4o, o1, etc.). Pourtant, il existe tellement de modèles en dehors de ceux proposés par OpenAI, tels que les séries Claude (Anthropic), DeepSeek (DeepSeek), Gemma (Google), LLaMA (Meta) et Qwen (Alibaba Cloud).

En réalité, lorsque l’on s’intéresse davantage au sujet, on parle de modèles d’intelligence artificielle établis sur le deep learning (réseau de neurones). Les Large Language Models (LLM pour Large Language Models), basés sur l’architecture Transformers, ne sont qu’une partie de ce qui est fait dans le domaine de l’intelligence artificielle. Bien qu’ils soient très puissants et permettent des interactions en direct, ils souffrent de nombreuses limites comme l’hallucination, qui n’est en réalité pas un bug, mais bel et bien un élément attendu dans ce type de système. Pour en apprendre davantage sur les fondamentaux techniques des LLMs de façon visuelle, vous pouvez en apprendre plus dans la playlist de 3Blue1Brown sur les réseaux de neurones.

Mais il existe un monde gigantesque en dehors des LLMs. On parle par exemple assez souvent des modèles de diffusion pour les images et les vidéos. Mais L’IA est utilisé dans beaucoup de domaines et a adopté énormément d’usages. Par exemple, il n’y a qu’à voir le site web there is an AI for that qui répertorie actuellement plus de 35’000 outils d’IA. Il n’est pas nécessaire de tout connaître, mais il est bien d’utiliser sa curiosité pour voir ce qu’il est possible de faire au-delà de ChatGPT.

Le problème des LLMs propriétaires comme ChatGPT

Au sujet des modèles commerciaux tels que ChatGPT utilisés par beaucoup de personnes, peu d’attention est portée sur le fait qu’ils sont en fait possédés par de grandes entreprises. Ces dernières sont les seules à pouvoir créer ces modèles de fondation puisqu’elles disposent de systèmes de calcul très puissants. Ce n’est pas à la portée de tout le monde. Bien que ce soit une grande chance pour nous que ces entreprises permettent au plus grand nombre de profiter de ces modèles (souvent gratuitement), cette situation soulève des questions importantes.

Premièrement, ces modèles commerciaux sont problématiques pour l’environnement parce qu’ils consomment davantage d’énergie que la plupart des systèmes que nous avons créés jusqu’à maintenant. De plus, malgré leur accessibilité grâce à la gratuité de certains modèles propriétaires, ce sont principalement quelques compagnies qui en possèdent le contrôle. Beaucoup de personnes ont vu dans l’ouverture et l’accès à ces modèles une démocratisation de l’IA, mais aussi longtemps que ces modèles seront centralisés et la propriété de grandes compagnies, le terme « démocratisation » ne peut pas être employé.

Deuxièmement, en tant qu’utilisateurs, nous avons tendance à utiliser ces modèles pour presque tout. Par exemple, nous utilisons ChatGPT pour écrire une lettre de motivation ou corriger des fautes d’orthographe. On pourrait se questionner sur la nécessité de devoir utiliser un grand modèle capable de grandes prouesses comme la création de code, l’écriture stylisée ou les raisonnements mathématiques avancés, pour ajouter quelques « s » oubliés dans un petit texte. Est-ce que cette consommation d’énergie est nécessaire ? N’aurions-nous pas des modèles tout aussi performants et moins énergivores ? La parcimonie est nécessaire ici.

De plus, une portion significative des utilisateurs discute librement de choses privées avec ces modèles, ce qui est problématique, car ces données sont ensuite utilisées par les compagnies pour le réentraînement de leurs modèles. Notons également qu’un compte sur ces plateformes centralisant toutes nos conversations permettrait d’établir des profils d’utilisateurs très précis. Ces données pourraient être utilisées à des fins de publicités personnalisées à l’intérieur des discussions.

Quelles sont les alternatives ?

DuckDuckGoAI

Heureusement, il y a des solutions pour celles et ceux qui s’intéressent à ces problèmes. Pour la confidentialité, nous pouvons utiliser DuckDuckGoAI qui donne accès à des modèles en ligne d’OpenAI (GPT-40 mini et 03-mini), Anthropic (Claude 2 Haiku), Meta (Llama 7B) et Mistral (Mistral small) gratuitement sans la nécessité d’avoir un compte. La plateforme se charge d’envoyer les requêtes pour nous et donc aucune de nos conversations n’est centralisée dans un seul et même compte. À condition que des informations sensibles ne soient pas transmises, cela garantit une bien meilleure confidentialité. Toutefois, ça ne règle pas forcément le problème environnemental parce que de nombreuses personnes peuvent continuer à utiliser ces grands modèles en ligne pour de petites tâches.

Huggingface Spaces

Nous avons la possibilité d’utiliser une grande variété de modèles d’IA sur la plateforme Huggingface. Ce site donne la possibilité d’utiliser toute une série de modèles gratuitement et sans données collectées. Il suffit de les chercher dans les Huggingface Spaces. Puisque de nombreux fournisseurs de modèles utilisent ce système pour faire de la promotion de leurs produits, il nous est possible de tester des modèles récents et avancés sur Huggingface. Il n’y a pas que des modèles de conversation, mais également des modèles de génération d’image, d’audio ou de vidéo. Notons toutefois qu’il n’est pas garanti que tous les modèles restent disponibles indéfiniment.

SLMs ou Modèles locaux

Une autre approche, qui permet à la fois une meilleure confidentialité et un usage limité d’énergie pour des petites tâches, est l’utilisation de modèles locaux ou Small Language Models (SLM) tels que LLaMA 4, Qwen 3 ou Gemma 3 (il y en a bien plus). Ces modèles se trouvent également sur Huggingface, mais peuvent être téléchargés et utilisés localement. Parce que ces modèles sont beaucoup plus petits et disponibles en différentes tailles, ils peuvent marcher sur nos ordinateurs et restent quand même assez performants pour la taille qu’ils ont. Typiquement, ils sont assez efficaces lorsqu’il faut faire de la traduction ou de la correction textuelle.

Il est aujourd’hui assez simple de les obtenir. Il suffit de choisir un logiciel tel que ollama ou LM Studio. Puis de télécharger un modèle local au travers du logiciel. Notons que les modèles ne sont pas open source mais plutôt open weight qui ont dans la grande majorité des licences permissives, donc pas de restriction pour une utilisation privée. Il existe des ressources francophones disponibles pour les deux logiciels. Une playlist sur ollama et une vidéo sur LM Studio.

Qui dit local, dit indépendance à Internet, ce qui reste un argument assez intéressant. On notera aussi que pour nos amis développeurs, l’utilisation de l’API par le biais des logiciels fournissant ces modèles locaux n’engendre pas de coût contrairement aux modèles commerciaux.

Puisque les modèles sont disponibles directement sur nos ordinateurs, la confidentialité est garantie. Ils ne sont pas aussi puissants que les plus gros modèles commerciaux, mais la plupart du temps, cela suffira pour des tâches textuelles simples. C’est un atout majeur qu’il ne faut pas négliger. Il faut toutefois noter que les SLMs sont beaucoup moins performants que les LLMs (modèles commerciaux) lorsqu’il s’agit de répondre à des questions de connaissance ou de résolution de problème. Mais les petits modèles peuvent combler en bonne partie ce désavantage en utilisant le RAG (Retrieval Augmented Generation). En leur donnant accès à des ressources en local et en ligne, les SLMs comblent leur manque de connaissances.

Notons qu’une des limites de cette approche est de devoir utiliser des modèles plus petits lorsqu’on ne dispose pas de carte graphique assez puissante sur notre ordinateur. Sans cela, les modèles supérieurs à 4b (4 milliards de paramètres) seront très lents. Malgré ces limitations, les modèles locaux restent des alternatives viables aux modèles commerciaux. À l’avenir, ces SLMs vont s’améliorer et devenir de plus en plus performants tout en restant de taille accessible. Pour des tâches spécifiques (surtout après le recours de Fine-Tuning), ils seront vraiment très pratiques et utiles. Voilà pourquoi je recommande l’utilisation de petits modèles locaux pour de petites tâches.

Pas besoin de ChatGPT pour ça

Donc pas besoin de ChatGPT pour ça. « Ça » ? C’est quoi « ça » ? Ce sont des travaux basiques, tels que les résumés simples, les traductions, la correction textuelle, le brainstorming ou la reformulation. Ces tâches peuvent être faites localement et en toute confidentialité en utilisant un SLM. Lorsque des sources sont disponibles, ces modèles sont capables de répondre précisément à des questions dans un domaine spécifique. Pour de nombreuses tâches, nous n’avons pas besoin de ChatGPT ni d’un modèle aussi volumineux. On a simplement besoin d’un modèle compact qui suffit pour répondre à nos emails et écrire des messages, corriger des fautes, traduire nos documents ou tout autre type de tâches de ce type-là. Si vous avez une bonne maîtrise de la programmation, vous pouvez même automatiser des processus localement et gratuitement.

Si l’approche des modèles locaux ne vous plaît pas ou que vous avez besoin de modèles plus grands ou sophistiqués pour répondre à des questions mathématiques, de logique ou de programmation, vous avez toujours la possibilité d’utiliser DuckDuckGoAI qui donne accès gratuitement et de manière confidentielle à de plus grands modèles. Huggingface Spaces et une alternative intéressante qui donne non seulement accès à des LLMs et SLMs de tout genre, mais aussi à des modèles de génération d’audio, d’image ou de vidéo.

Si vous avez un abonnement payant à auprès d’une compagnie de LLMs commerciaux et avez donc accès à de meilleurs modèles, vous pourrez les utiliser pour des problèmes plus costauds. Toutefois, rien ne vous empêche d’utiliser un mélange de toutes ces alternatives présentées ci-dessus.



L’IA Générative et la formation continue universitaire : quelles compétences numériques à renforcer ?

Billet rédigé par la Dre Patrizia Birchler Emery et la Dre Jue Wang Szilas, Centre pour la formation continue et à distance, UNIGE

Nous sommes engagées depuis quelques années déjà dans le renforcement des compétences numériques des équipes enseignantes de la formation continue de l‘Université de Genève (Centre pour la formation continue et à distance – CFCD) et avons présenté à plusieurs reprises dans ce blog des billets sur les réflexions et les solutions mises en place pour former de manière efficace des apprenant-es présentant des profils plutôt hétérogènes (modèle à trois niveaux et auto-formation en ligne).

De nouvelles compétences étant requises avec l‘arrivée des outils d’intelligence artificielle générative (IAGen), nous avons donc entamé une réflexion sur la manière de les intégrer dans notre modèle de formation à trois niveaux, en nous basant à la fois sur des initiatives telles que le cadre de référence de l‘UNESCO pour les compétences numériques des enseignants et les directives et recommandations émises par l‘Université de Genève et ses facultés.

Parmi les initiatives déjà menées au CFCD autour de l‘IAGen, on peut citer les deux ateliers organisés pour le personnel enseignant et de coordination de la formation continue en octobre 2023 et en février 2025. Le premier se concentrait de manière générale sur les défis et opportunités présentés par l’arrivée de GenAI dans l’enseignement supérieur et le second sur la présentation des ressources disponibles et l’exploration de l’utilisation de l’IAGen. Par ailleurs, nous avons aussi procédé à des tests pratiques d‘outils IAGen pour l‘enseignement et partagé nos réflexions à ce propos avec la communauté universitaire.

Il nous a semblé cependant qu‘avant de revoir et implémenter notre modèle à trois niveaux, il était nécessaire de connaître un peu mieux l‘utilisation actuelle de l‘IAGen par notre public cible, les enseignant-es et coordinateurs/trices des programmes de formation continue de l‘UNIGE:

Élaboration d‘un questionnaire

Un projet pilote a ainsi été lancé pour évaluer l’état actuel de l’utilisation de l’IA au sein de la communauté de la formation continue. Le projet visait à recueillir des données sur l’adoption de l’IA à l’aide d’un questionnaire, afin de permettre d’affiner les compétences qui devraient être incluses dans les formations que nous proposons à nos équipes enseignantes. Les réponses au questionnaire ont été ensuite comparées aux commentaires recueillis lors de l‘atelier organisé par le CFCD en février dernier, au cours duquel ces mêmes questions (mais sans menu déroulant) avaient été soumises au participant-es via padlet.

Pour ce qui est du questionnaire en ligne envoyé à tous les membres des équipes enseignantes, nous avons décidé de ne poser que deux questions- clés afin de garantir un taux de réponse assez élevé. Ces questions étaient complétées par des choix de réponse, ainsi que la possibilité de déclarer la non-utilisation de l‘IAGen :

1. Avez-vous déjà utilisé des outils d’IA pour les tâches suivantes ? (Cochez toutes les options pertinentes)

  • Conception de cours et story-board
  • Rédaction de textes de cours
  • Traduction de textes, de messages ou de documents
  • Conception d’activités de cours
  • Conception de l’évaluation
  • Détection du plagiat par l’IA
  • Communication avec les étudiants
  • Analyse des données d’apprentissage (learning analytics)
  • Personnalisation des parcours d’apprentissage
  • Gestion administrative (par exemple, réponses automatisées, organisation des tâches)
  • Autre (veuillez préciser) : _________
  • Je n’ai jamais utilisé d’outils d’IA
2. Quel(s) outil(s) d’IA avez-vous déjà utilisé pour votre   enseignement ou votre gestion ? (Cochez toutes les  options pertinentes)

  • ChatGPT (assistant conversationnel, génération de textes)
  • Claude (assistant IA, sécurité éthique)
  • Grammarly (correction linguistique)
  • DeepL (traduction)
  • MidJourney (génération d’images)
  • Compilatio (détection du plagiat par l’IA)
  • Microsoft Copilot (outils d’IA intégrés dans Microsoft Office)
  • Perplexity AI (assistant de recherche alimenté par l’IA)
  • ELSA Speak (apprentissage des langues assisté par l’IA)
  • Synthesia (vidéos générées par l’IA avec des avatars)
  • Google Bard (assistant IA, recherche conversationnelle)
  • Autres (veuillez préciser) : ______________

Le questionnaire a été élaboré avec LimeSurvey et envoyé à 427 destinataires, dont 347 adresses électroniques personnelles et 80 adresses génériques, ce qui a permis d’obtenir 57 réponses complètes. Lors de l‘atelier, les mêmes questions ont été posées et 29 des 42 participant-es ont partagé leurs réponses sur Padlet.

Il est impossible de déterminer si les mêmes participant-es à l’atelier qui sont intervenus sur Padlet ont aussi répondu au questionnaire en ligne. Les deux jeux de réponse ont donc été analysés séparément, même si les réponses ont été utilisées dans leur globalité pour la conclusion. 

Analyse des réponses au questionnaire en ligne

Analyse des résultats de la question 1

La tâche la plus populaire pour laquelle les outils d’IA sont utilisés est la traduction de textes, de messages et de documents, 45 des 57 participant-es au questionnaire déclarant utiliser l’IA à cette fin. La rédaction de textes de cours est la deuxième tâche la plus populaire, avec 16 sur 57 participant-es utilisant l’IA dans ce domaine. En outre, 13 d’entre eux/elles utilisent l’IA pour la conception de cours et le story-board, tandis que le même nombre l’utilise pour des tâches de gestion administrative telles que les réponses automatisées et la planification. En revanche, l’IA est moins utilisée pour la création d’images, puisque seuls 2 participant-es déclarent l’utiliser, et ils/elles sont encore moins nombreux/euses (1) à déclarer utiliser l’IA pour analyser les données d’apprentissage.

Figure 1. Résultats de la question 1 (questionnaire en ligne)

 

La traduction et la création de textes de cours sont les utilisations les plus courantes de l’IA, ce qui suggère que les participant-es considèrent l’IA comme un outil utile pour automatiser et faciliter les tâches de routine telles que la traduction ou la création de contenus liés aux cours. La faible utilisation de la création d’images et de l’analyse des données d’apprentissage suggère que l’application de l’IA dans ces domaines n’est pas aussi essentielle ou répandue dans les tâches éducatives et administratives. Un nombre significatif des participant-es (5) a indiqué qu’ils/elles n’avaient jamais utilisé d’outils d’IA, ce qui peut indiquer un manque de familiarité avec l’IA ou une réticence à l’adopter.

Analyse des résultats de la question 2

Les outils d’IA les plus utilisés par les participant-es sont ChatGPT (48 sur 57 participant-es) et DeepL ( 45). ChatGPT est largement utilisé pour la génération de textes et le soutien académique, tandis que DeepL est utilisé pour la traduction. En outre, d’autres outils sont utilisés de façon notable. Compilatio, utilisé par 21 des 57 participant-es, souligne l’importance de l’IA dans la détection du plagiat, bien que ce taux élevé puisse être dû au fait qu’il s’agit d’un outil institutionnel. Microsoft Copilot est également largement utilisé, par 14 participant-es, souvent pour des tâches de productivité et d’organisation. Parmi les outils moins populaires, Grammarly a été utilisé seulement par 4 participant-es. Les outils d’IA créative tels que MidJourney, Synthesia et Google Bard sont beaucoup moins utilisés, avec seulement 1 réponse pour chacun de ces outils.

Figure 2. Résultats de la question 2 (questionnaire en ligne)

 

Les résultats indiquent que ChatGPT et DeepL sont les outils d’IA les plus utilisés, ce qui suggère que la génération de texte, la communication et la traduction sont les applications les plus courantes de l’IA par nos équipes enseignantes de formation continue. L’adoption de Compilatio suggère que la détection du plagiat est une préoccupation importante, en particulier dans les milieux universitaires, ce qui souligne le rôle de l’IA dans le maintien de l’intégrité académique. Microsoft Copilot montre que les outils de productivité sont utilisés, mais leur adoption n’est pas aussi répandue que celle des outils linguistiques.

Les outils de création d’images et de vidéos, tels que Midjourney et Synthesia, ainsi que Google Bard, sont moins largement utilisés, ce qui suggère que les outils d’IA créatifs peuvent avoir des applications de niche dans la pédagogie et la gestion de nos programmes de formation continue.

En outre, d’autres outils mentionnés, tels que Mistral, Canva, Infomaniak, Scribbr, etc., reflètent la diversité croissante des solutions d’IA vers lesquelles se tournent les éducateurs/trices. Ces outils servent des objectifs spécifiques qui ne sont peut-être pas universellement reconnus, mais qui peuvent s’avérer précieux pour des tâches spécialisées.

Analyse des réponses des participant-es à l'atelier

Au cours de l’atelier sur l’IAGen, 29 des 42 participant-es ont partagé leurs réponses sur Padlet :  les deux questions étaient les mêmes que celles du questionnaire en ligne, mais sans l’option de pouvoir choisir des activités ou logiciels dans une liste déroulante.

Résumé des résultats pour la question 1

Les réponses recueillies révèlent que l’IA est principalement utilisée pour la création de contenu, la communication et la traduction. Les utilisations les plus courantes sont les messages sur les médias sociaux (5), la rédaction de courriels (4), l’amélioration de textes (3) et la rédaction de textes généraux (2). L’IA est également couramment utilisée pour la création d’images (5) et la traduction (5), ainsi que pour des tâches plus spécialisées telles que la génération de codes (2), le résumé de textes (2), la génération de questions d’examen (1), la production de podcasts (1) et les requêtes d’ordre médical (1).

Figure 3. Résultats de la question 1 (atelier)

Résumé des résultats pour la question 2

Seul-es 22 participant-es ont répondu à cette question. A noter que certains participant-es utilisent plusieurs outils d‘IAGen. Les outils les plus mentionnés sont ChatGPT (11), Copilot (4), DeepSeek (3), Claude (2), Poe (2), et d’autres IA génératives du même type (2). Les outils suivants n‘ont été mentionnés qu‘une fois: Photoshop, Adobe Acrobat Pro, Illustrator, Padlet AI, Canva AI, DeepL and Adobe Firefly.

Figure 4. Résultats pour la question 2 (atelier)

Comparaison des résultats des questionnaires

Les résultats de l’atelier et du questionnaire soulignent tous deux que la rédaction, la traduction et la communication sont les principaux cas d’utilisation de l’IA. Il existe toutefois quelques différences :

  • La création d’images a été mentionnée plus souvent dans le groupe de l’atelier (5 mentions) que dans le questionnaire (seulement 2 mentions). Cela suggère que les participant-es à l’atelier étaient plus engagés dans la création de contenu visuel, peut-être en raison de différences de rôles professionnels ou d’intérêts.
  • La création de questions d’examen a été signalée par les deux groupes, mais reste un cas d’utilisation de niche. On constate que si l’IA pour la conception d’évaluations est explorée, il ne s’agit pas encore d’une pratique répandue.
  • La production de podcasts, la création de questions médicales et la création de rapports de faculté n’ont pas été mentionnées dans le questionnaire, mais sont apparues dans les réponses aux ateliers. Cela suggère que l’IA est utilisée de manière différente et parfois inattendue, en fonction des besoins individuels.

Les différences entre les deux groupes suggèrent que l’adoption de l’IA varie en fonction de la familiarité de l’utilisateur/trice et de ses besoins professionnels spécifiques, ce qui devra être pris en compte dans la formation aux compétences en matière d’IA.

Parmi les outils utilisés un grand nombre est gratuit ou intégré dans des suites logicielles existantes (par exemple Copilot avec Microsoft Office), ce qui rend difficile la détermination du degré d’utilisation des versions payantes, à l’exception des outils Adobe.

ChatGPT est l’outil le plus utilisé dans les deux questionnaires, ce qui confirme son rôle central dans la génération de texte. Cependant, contrairement au questionnaire en ligne, où DeepL arrivait en deuxième position, les outils de traduction ont été mentionnés moins fréquemment par les participant-es à l’atelier. En outre, Compilatio, un outil d’IA clé pour la détection du plagiat, mis en évidence dans le questionnaire en ligne, n’a pas été mentionné dans les réponses sur Padlet, ce qui suggère une différence possible dans les priorités ou les groupes d’utilisateurs ayant répondu au questionnaire en ligne ou participé à l’atelier.

Alors que Microsoft Copilot a une présence notable, des outils d’IA plus créatifs tels que Midjourney et Synthesia, qui ont été peu adoptés dans le questionnaire en ligne, n’ont pas été mentionnés du tout dans les réponses sur Padlet. Cela suggère peut-être que l’utilisation de l’IA dans l’éducation est encore largement axée sur les tâches textuelles plutôt que sur la création de contenu multimédia.

Une dernière remarque concernant l’utilisation de plus d’un outil IA : les réponses sur Padlet ont permis de constater que 8 personnes en tout cas utilisent 2 outils et une personne en utilise trois.  Les types d’outils utilisés dépendent effectivement des tâches à effectuer. Les regroupements observés sont les suivants:

Figure 5. Utilisation combinée d’outils IA

 

Question supplémentaire : Préoccupations concernant l'utilisation des outils d'IA

Au cours de l‘atelier, les participant-es ont été invité-es à faire part de leurs préoccupations concernant l’utilisation des outils d’IA. Le problème le plus fréquemment mentionné était la fiabilité des réponses de l‘IAGen (16) : absence de références, « hallucinations » ou inexactitudes, incohérences dans les images générées et informations manquantes ou incorrectes. La deuxième préoccupation la plus fréquente était la protection des données, avec les risques liés à l’utilisation d’outils d’IA (4). Les autres préoccupations concernaient la difficulté à créer des prompts efficaces, les questions éthiques, en particulier celles liées à l’évaluation des apprenant-es qui utilisent l‘IA pour leurs travaux écrits, et l’impact environnemental des outils d’IA. 

Figure 6. Résultats pour la question supplémentaire (atelier)

Notre analyse des problèmes de fiabilité suggère que les utilisateurs sont prudents face aux résultats inexacts ou trompeurs. Des préoccupations telles que les hallucinations et le manque de transparence (par exemple, l’absence de citations) soulignent la nécessité de disposer de modèles d’IA plus fiables et d’une meilleure compréhension de leurs limites.

Les préoccupations relatives à la protection des données reflètent une sensibilisation accrue aux risques pour la vie privée ou la propriété intellectuelle, en particulier pour les outils d’IA qui nécessitent des données personnelles ou sensibles pour fonctionner. Il est essentiel de veiller à ce que les plateformes d’IA soient conformes aux réglementations en matière de protection des données pour qu’elles soient adoptées à plus grande échelle.

Les défis liés à l’incitation soulignent la nécessité de fournir davantage de conseils sur la manière d’utiliser efficacement les outils d’IA. Proposer des ateliers ou des guides de l’utilisateur sur les techniques d’incitation pourrait aider les utilisateurs à optimiser leur utilisation de l’IA.

Les considérations éthiques dans les évaluations mettent en évidence des préoccupations concernant l’équité, la précision et l’intégrité. Il sera essentiel d’aborder ces questions pour renforcer la confiance dans les outils d’IA dans les contextes éducatifs. Les préoccupations croissantes concernant l’impact environnemental des outils d’IA soulignent le besoin de solutions d’IA plus durables.

Si les participant-es reconnaissent les avantages des outils d’IA, ils restent prudents quant à leurs limites et à leurs implications éthiques. Il sera essentiel de répondre à ces préoccupations – en particulier en ce qui concerne la fiabilité, la protection de la vie privée et l’éthique – afin d’améliorer la confiance et d’accroître l’adoption des outils par les éducateurs et les professionnels.

Perspectives pour les prochaines étapes de la formation aux compétences en IA

Sur la base des résultats et de l’analyse du questionnaire et de l’atelier, et compte tenu du contexte de notre centre au service d’un grand nombre de programmes de formation avec un personnel limité, nous pouvons reconnaître plusieurs pistes pour intégrer les compétences IAGen dans les formations que nous proposons aux équipe enseignantes des programmes de formation continue :

  • Mettre en avant les outils liés au langage : ChatGPT et DeepL étant les outils les plus utilisés, les futurs ateliers devraient se concentrer sur leur potentiel en matière de création de contenu, de traduction et de communication. Une exploration plus approfondie de leurs fonctionnalités avancées serait particulièrement précieuse.
  • Adapter la formation aux différents profils d’utilisateurs/trices : les programmes de formation aux compétences en matière d’IA devraient être adaptés aux besoins des différents groupes d’utilisateurs/trices, car leur utilisation et leur familiarité avec les outils d’IA varieront. Les enseignant-es, les gestionnaires et les autres membres du personnel peuvent nécessiter des approches différentes.
  • Catégoriser les compétences en matière d’IA en fonction des besoins : la formation doit être décomposée pour répondre aux différents besoins, par exemple :

– Compétences générales pour tous : considérations éthiques, sécurité des données et implications sociétales de l’IA.

– Compétences spécifiques pour différents groupes : applications pratiques des outils d’IA pour générer du contenu éducatif, créer des quiz et développer des outils pédagogiques.

  • Répondre aux hésitations en matière d’IA : pour ceux qui hésitent à adopter les outils d’IA, les ateliers devraient inclure une session d’introduction pour dissiper les idées fausses et mettre en évidence les avantages pratiques de l’IA dans l’enseignement et la gestion.

Ces principes directeurs constituent une bonne base pour structurer des initiatives de formation aux compétences en matière d’IA qui soient à la fois pertinentes et efficaces. En se concentrant sur les outils linguistiques, en adaptant la formation aux différents groupes et profils d’utilisateurs/trices, en classant les compétences en fonction des besoins et en s’attaquant aux obstacles potentiels à l’adoption de l’IA, nous garantissons une expérience d’apprentissage plus ciblée et plus attrayante, avec des méthodologies spécifiques et un contenu de formation détaillé fourni à la fin de la formation.

Conclusion (pour l’instant…)

Les questionnaires ont rempli leur objectif, à savoir nous donner une idée globale de l’utilisation des IAGen par les équipes de formation continue. Cela nous a permis d’établir des priorités pour le projet d’implémentation de notre modèle à trois niveaux et d’en concevoir la planification avec des objectifs plus précis. Bien évidemment, l’IAGen étant en constante évolution, il nous faudra aussi reconsidérer régulièrement les compétences à développer et les niveaux de compétence à maîtriser selon la fonction de chacun-e dans le programme. Ceci afin de garantir la qualité de nos programmes de formation continue et de leur ancrage dans notre société en constante mutation. Nous ne manquerons pas de partager dans de prochains billets de blog les différentes étapes de l’intégration de l’IAG dans nos programmes de formation aux compétences numériques.



Retour sur la Semaine Zéro Plagiat à l’UNIGE

Du 4 au 8 novembre 2024, la Bibliothèque de l’Université de Genève a organisé pour la première fois la Semaine Zéro Plagiat afin d’ouvrir la discussion sur cette thématique avec les étudiant-es. Stands d’information avec jeu de plateau et ateliers pratiques se sont succédé tout au long de la semaine dans les différents espaces de la Bibliothèque, au Point Vie de Campus et en ligne, avec l’objectif de promouvoir les bonnes pratiques pour éviter toute mauvaise surprise.

Des stands et des ateliers

Stand et matériel de la Semaine Zéro Plagiat

Matériel proposé sur les stands lors de la Semaine Zéro Plagiat

Sensibiliser au risque de plagiat, ou, plus largement de manquement à l’intégrité académique, n’est pas facile quand le public auquel on s’adresse n’a pas conscience d’effectuer du plagiat. En effet, pendant le premier cycle universitaire, une grande partie du plagiat est involontaire, en majeure partie en raison d’une méconnaissance des bonnes pratiques de travail et de citation. La Bibliothèque a donc développé le jeu de plateau « La Course à la citation », qui a permis de jouer autour de la thématique avec les étudiant-es sur les stands. Des posters d’information et des marque-page « questions-réponses » reprenant les contenus de la plateforme InfoTrack y ont aussi été présentés. L’objectif des stands était de créer des occasions lors desquelles les étudiant-es puissent poser leurs questions en toute confiance. Les ateliers, quant à eux, ont principalement abordé les meilleures pratiques à mettre œuvre, comme l’utilisation d’un logiciel de référence tel que Zotero pour garder une trace précise de toutes les références à citer et générer une bibliographie en quelques clics.

L’inquiétude face aux IA génératives

Sans grande surprise, une bonne partie des questions a porté sur l’usage des outils d’IA générative pour les travaux académiques. Bien que l’institution ait posé un cadre avec sa prise de position et que les directives facultaires la complètent petit à petit, force est de constater que la transposition pratique soulève de nombreuses interrogations auprès des étudiant-es. Pour les soutenir, la Bibliothèque a tout spécialement élaboré le guide « Référencer le recours aux IA génératives » qui donne des pistes pour citer ou mentionner l’usage des IA génératives en toute intégrité, quand leur usage est autorisé par le corps enseignant.

Un bilan satisfaisant

Atelier donné pendant la Semaine Zéro Plagiat

L’atelier sur Zotero donné pendant la Semaine Zéro Plagiat

Les 6 ateliers proposés ont totalisé 65 inscriptions. Les stands, quant à eux, ont connu des fréquentations diverses en fonction des espaces. La communication effectuée autour de cette semaine a cependant permis de toucher un public plus large, jusqu’aux médias suisses romands qui ont relayé le sujet dans le 20 Minutes et sur OneFM. S’il s’agissait de la première édition de cette semaine de sensibilisation en 2024, ce ne sera donc certainement pas la dernière.

Et pour celles et ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de venir poser leurs questions à cette occasion, la Bibliothèque de l’UNIGE et en particulier le service d’aide à la recherche documentaire reste à disposition tout au long de l’année pour porter conseil sur les bonnes pratiques à respecter dans ses travaux académiques.



ChatGPT pour la recherche académique

Introduction

Le 30 novembre 2022, OpenAI lance ChatGPT. En seulement 5 jours, la plateforme atteint le million d’utilisateurs[1]. Cette intelligence artificielle a, en seulement quelques mois, bouleversé notre rapport à l’information et à la connaissance, créant pour beaucoup de professionnels de l’éducation des craintes sur l’avenir de leur discipline.

Je ne suis ni un professionnel de l’éducation, ni un expert de l’intelligence artificielle. Je suis un étudiant en Services et systèmes numériques, un passionné d’informatique et un paresseux aguerri. En décembre de l’année passée, je commençais à écrire ma thèse de Bachelor, sur laquelle je travaillais depuis déjà un certain temps. Ma curiosité, comme pour beaucoup d’autres, m’a poussé à explorer ChatGPT.

« I choose a lazy person to do a hard job. Because a lazy person will find an easy way to do it. »  – Bill Gates

Je voulais tester ses capacités à traiter des sujets complexes, mais pour pouvoir correctement évaluer la qualité des réponses, il me fallait trouver un sujet que je maîtrise. 90% de mes pensées étant consacré à ma thèse, il m’a paru évident de le questionner sur ce sujet. Je me suis rendu compte du potentiel énorme de cet outil lorsque, en quelques interactions, l’IA est arrivée aux mêmes conclusions que moi après environ 10 mois de travail…

Après avoir remis en question mes trois dernières années de formations, j’ai pris du recul et compris que ces résultats n’étaient pas le produit d’une réflexion de la part de ChatGPT mais d’une agrégation très bien formulée de recherches menées par de brillants humains.

Après quelques heures d’utilisation, j’étais convaincu. J’allais utiliser ChatGPT pour écrire ma thèse. Laissez-moi maintenant vous expliquer pourquoi ce billet ne s’intitule pas “Comment j’ai utilisé une intelligence artificielle pour écrire mon travail de Bachelor à ma place”.

Définir un cadre et une méthodologie

ChatGPT n’ayant pas encore fêté ses 1 mois d’existence, il n’existait pas encore de cas concret de son utilisation dans le cadre de la recherche académique et donc pas de directives précises à suivre. Il était donc nécessaire, afin de légitimer mon travail, de définir un cadre et une méthodologie clairs, afin d’utiliser l’outil de manière responsable et éthique. Sous la supervision de Laurent Moccozet, j’ai défini quatre règles fondamentales à respecter:

I. Comprendre l’outil

ChatGPT est un outil performant, mais peut produire des informations erronées ou de mauvaises qualités, il est donc important de comprendre ses limites et son fonctionnement, afin de réduire ces risques. En se basant sur le nom du service, nous pouvons définir 2 méthodes, qui permettent d’améliorer la qualité et la pertinence des réponses, celles-ci sont les suivantes:

Chat : L’une des grandes forces de cet outil est sa capacité à adapter ses réponses, également appelées « prompts », en fonction des retours de l’utilisateur. Il est crucial d’utiliser cette fonctionnalité pour orienter l’IA vers la réponse la plus pertinente. Cette fonctionnalité a même entraîné l’émergence d’un nouveau domaine de recherche, appelé le « prompt engineering ». C’est-à-dire étudier la façon dont l’utilisateur interagit avec le programme et trouver les formulations les plus à même de produire des réponses pertinentes. Par exemple, lorsqu’on utilise une calculatrice, il est plus efficace d’écrire 3³ plutôt que 3×3×3 .

GPT (Generative Pre-trained Transformer) : GPT-3 et 4 sont ce qu’on appelle des LLM ou large language model. En d’autres termes, ce sont des systèmes capables de générer du texte sur une vaste quantité de sujets. Afin d’optimiser ses réponses, il est souhaitable de poser un cadre, en définissant le niveau de précision de ses réponses, ainsi que le contexte d’utilisation, par exemple: « Tu es un étudiant en Bachelor. Tu écris une thèse sur … ». Ce genre de méthodes rentre dans le domaine du prompt engineering et vaut la peine d’être étudié plus en détail afin de vraiment s’approprier l’outil.

II. Connaissances préliminaires

Pour assurer une utilisation efficace des capacités conversationnelles de ChatGPT, l’utilisateur doit posséder des connaissances préalables sur le sujet qu’il interroge, afin d’être en mesure de vérifier et de comprendre les informations données par l’IA.

Ce prérequis est essentiel pour assurer une utilisation optimale de ce service, en tant qu’outil de recherche.

III. Relecture et recherche additionnelles

Chaque réponse fournie par ChatGPT doit être examinée et soumise à une recherche supplémentaire pour vérifier son exactitude, sa pertinence et la source des informations présentées.

ChatGPT ne peut pas être référencé comme source de l’information qu’il fournit, il est donc essentiel de mener des recherches additionnelles, dans le but de soutenir ses affirmations avec des sources fiables.

Il est important de préciser que ChatGPT, contrairement à Bing ou Google, n’est pas un moteur de recherche. Bien qu’il soit capable de générer des informations sur une variété de sujets, il ne vérifie pas leurs exactitudes et véracité car il n’a pas la capacité de précisément déterminer l’origine des informations utilisées pour produire ses réponses. Il reste néanmoins un bon complément aux moteurs de recherche pour donner une direction et/ou afin d’expliquer des concepts résultants de recherches classiques.

Ce processus peut être facilité par l’utilisation de Bing, qui a récemment intégré GPT-4 à son moteur de recherche et qui inclut directement dans ses réponses les sources utilisées. La vérification de la fiabilité de ces références, ainsi que la recherche de sources supplémentaires restent néanmoins nécessaire.

IV. Documentation de l’utilisation

Bien que les réponses de ChatGPT ne puissent pas être directement utilisées comme références, il est important de documenter toutes les discussions pertinentes au travail qu’il a aidé à écrire. Cela permet de légitimer le travail de l’auteur et de prouver l’authenticité du résultat final.

Cette étape est particulièrement importante, car elle permet de soutenir l’utilisation éthique de l’IA pour la recherche académique, mais également de créer un précédent dans un contexte où il s’agit encore d’une technologie émergente et controversée.

Applications concrètes

La versatilité des LLM et la vitesse phénoménale de l’innovation dans le domaine permettent d’innombrables cas d’utilisation. J’ai, pour ma part, identifié 4 applications qui ont servit à la rédaction de mon travail de Bachelor, et pour lesquelles j’ai appliqué la méthodologie décrite ci-dessus.

I. Collecte d’informations

J’ai utilisé ChatGPT pour trouver et comprendre des informations sur des articles, des algorithmes, des concepts mathématiques et d’autres sujets plus ou moins complexes. L’avantage de combiner cet outil avec des moteurs de recherches classiques est qu’il permet d’obtenir des informations très précises, basées sur différentes sources agrégées en réponses digestes et compréhensibles pouvant ensuite être développées plus profondément grâce à la fonctionnalité de chat.

Pour assurer l’exactitude des informations collectées, j’ai utilisé des sources alternatives de vérification Si aucune source fiable n’a pu être identifiée, les informations n’ont pas été utilisées.

II. Description des algorithmes

J’ai fourni à ChatGPT des extraits de mon code, dûment annoté, afin qu’il me génère des descriptions des algorithmes utilisés. Les réponses produites, bien que partiellement correctes, m’ont permis de gagner du temps sur la rédaction ainsi qu’à mettre des mots sur des concepts complexes qui ne sont pas toujours évidents à traduire en langage naturel.

III. Amélioration de la qualité d’écriture

L’utilisation régulière de ce nouvel outil a impacté ma façon de rédiger. Là où auparavant je prenais soin de bien formuler chaque phrase les unes après les autres au fur et à mesure que j’écrivais, avec ChatGPT j’ai pu me concentrer sur le contenu et lui déléguer (partiellement) la forme. J’ai rapidement pris l’habitude de rédiger mes idées directement dans le chat sous forme de note afin qu’il me génère des phrases cohérentes et bien écrites.

IV. Utilisation de ChatGPT comme point de départ

Je me suis ensuite servi des réponses de ChatGPT comme fondation pour ma thèse en apportant les modifications nécessaires et en les ordonnant de sorte à former un tout qui soit cohérent et fidèle à mes idées.

Dans certains cas, les phrases générées par ChatGPT étaient suffisamment bonnes pour être utilisées (presque) telles quelles, mais dans la grande majorité des cas, la plupart du contenu a été modifié pour s’adapter à la structure globale du document ainsi qu’à mon propre style d’écriture. Je pense qu’il est important de ne pas trop se reposer sur les formulations produites par le LLM afin d’éviter que la forme rédactionnelle ne devienne trop impersonnelle.

Comme je l’ai précisé plus haut, la conversation utilisée pour générer ce texte a été mise à disposition dans les annexes de mon travail afin qu’elle puisse servir d’exemple de comment utiliser l’IA efficacement pour la rédaction.

“Du coup c’est le robot qui a fait le travail à ta place ?”

C’est la question que tout le monde se pose, et c’est légitime. ChatGPT est un outil incroyable et bien qu’il m’ait aidé à améliorer considérablement ma productivité, il n’a pas inventé les algorithmes présentés dans ma thèse.

Comme on ne remet pas en question le travail d’un mathématicien qui utiliserait une calculatrice, l’utilisation de ChatGPT ne devrait pas non plus remettre en question mon travail. Il est vrai que certains pourraient utiliser cet outil sans documentation ou de manière inappropriée pour accomplir leur travail à leur place. Mais le fait est que les IA existent, continueront d’exister et de s’améliorer. Aujourd’hui, ChatGPT offre un avantage concurrentiel et il serait contre-productif de l’interdire. Au contraire, nous avons l’opportunité de l’intégrer dans le système éducatif, d’offrir aux étudiants un tuteur capable de s’adapter à leur besoin, disponible à tout moment pour répondre à leurs questions et sans crainte d’être jugé.

Je suis profondément convaincu qu’un tel outil, correctement adapté, a le potentiel d’améliorer l’apprentissage des étudiants à chaque étape du système scolaire. Sal Khan, le fondateur de la Khan Academy, a déjà intégré un tel outil à sa plateforme d’apprentissage en ligne et les résultats sont encourageants.

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Ce nouvel outil et les intelligences artificielles de manière générale ne sont cependant pas sans risques. Au-delà des inquiétudes autour de l’insurrection des machines, les capacités génératives des IA modernes posent de sérieux risques autour de la falsification des informations, et de l’incapacité de ces machines à évaluer les risques liés aux réponses produites. Il est crucial de continuer à améliorer ces systèmes plutôt que d’essayer de les interdire, afin de minimiser les risques et de garder un certain contrôle quant à leurs utilisations.

Le changement est inévitable, autant en faire partie.

[1] Buchholz, K. (2023) ‘ChatGPT Sprints to One Million Users’, Statista, 24 janvier. Disponible à: https://www.statista.com/chart/29174/time-to-one-million-users/ (consulté le 24 mars 2023).



L’intelligence artificielle ne dort jamais

La Conférence OEB 2016 (Online Educa Berlin) a porté sur la société de l’information et le développement de l’intelligence artificielle (IA) en éducation et dans les institutions de formation. L’introduction de l’IA en éducation est en train de bouleverser les pratiques de l’enseignement. Qu’apprend-on, comment, quand ? Les différentes possibilités créées par l’AI posent la question non seulement de la mise à disposition des savoirs, mais de la substitution même des enseignants par des machines intelligentes.

Peut-on remplacer les enseignants par des robots ?