Retour sur les eduhub days 2015

Les 14 et 15 janvier 2015, l’Université de Bâle a accueilli les 7ème eduhub days. Cet événement a rassemblé plus de 130 acteurs et actrices de la communauté e-learning des universités et hautes-écoles de Suisse. Au programme, 2 « keynotes » (sessions-clés) et un « workshop » (atelier) sur la thématique du Design Thinking, et 16 « Innovation Cafés » d’échange sur des sujets variés. Voici quelques-unes des thématiques présentées:

Design Thinking, quèsaco ?

Le Design Thinking a fait l’objet de deux « keynotes » et d’un « workshop » des Eduhub Days. En introduction, dans «Why Design Thinking?», le professeur Falk Uebernickel (Institut für Wirtschaftsinformatik, Université de St. Gall) en a présenté les principaux aspects. Au cours de l’atelier consécutif, il a mis les participants à contribution en les invitant, dans une étude de cas, à mettre en pratique deux des phases du processus.

Le lendemain, dans une seconde session-clé, le professeur Ulrich Weinberg (Hasso-Plattner-Institute, une université privée de Potsdam) a insisté sur les bénéfices du processus pour les groupes de travail, dans son intervention «Design Thinking – Pushing the Creative Power of Teams»

Formulé pour la première fois au début des années 90 (Rolf Faste, Stanford University), le terme « Design Thinking » fait référence à un processus qui associe la pensée analytique et la pensée intuitive, en particulier dans la résolution de problèmes liés à l’innovation. Il est fortement centré sur l’utilisateur, qui y participe activement. Si les techniques utilisées ne sont pas nouvelles (objectifs bien formulés, recherche créative, prototypage, … ) , leur assemblage en un processus itératif représente une indéniable plus-value.

Suivant l’institution qui l’enseigne ou l’entreprise mandatée pour consultation, le Design Thinking s’articule en 5 à 7 étapes. L’exemple ci-après, de Nueva School (Hillsborough, Californie), décrit en détail les points importants du processus.

nueva_school

Il n’a cependant pas échappé aux participant∙e∙s que le succès du Design Thinking est fortement lié à la personnalité des coachs. Si la session «active» a été plébicitée par une forte majorité, qui a eu l’occasion de vivre le processus en action sous la direction d’un Falk Uebernickel à l’enthousiasme communicatif, il ne restera du deuxième jour que le vœux pieu d’Ulrich Weinberg, qui après avoir longuement parlé de ses différents projets, a formulé le souhait que l’IQ (quotient intellectuel individuel) se transforme en WeQ (intelligence plurielle, en réseau)…

Designing Tomorrow’s Learning Spaces

Une petite équipe de l’université de Bâle (autour de Heidi Röder, Sabina Brandt, Ursula Schwander et Gudrun Bachmann) a présenté une démarche pour améliorer les espaces d’études destinés aux étudiant∙e∙s. Contrairement à la manière habituelle qui consiste à appliquer une recette « top-down » (qui, comme l’ont relevé les intervenantes,  a eu pour effet d’équiper ces espaces avec du mobilier de laboratoire…), l’université de Bâle a fortement impliqué les étudiant∙e∙s dans la création de leurs espaces. Un sondage a d’abord permis de de définir les grandes lignes de l’agencement désiré. Puis une phase de prototypage, pendant laquelle les étudiant∙e∙s ont pu essayer et commenter diverses solutions, a permis d’affiner le design. Au final, il est étonnant de voir le chemin parcouru entre la solution «top-down» initiale et la version finale : l’agencement, l’éclairage, le mobilier, le choix des couleurs,… sont à l’opposé de ce qui était proposé.  Avocats de longue date de processus impliquant fortement les utilisateurs, dans toute sorte de domaines, nous ne pouvons qu’applaudir cette démarche !

Tous les problèmes n’ont cependant pas été résolus, en particulier les nuisances issues de l’utilisation concurrente par des individus et des groupes.

Production de vidéos: facile

Comment est-il possible de produire facilement des capsules vidéo proposant des démonstrations mathématiques, des corrections d’exercices ou l’introduction de nouveaux concepts ? La réponse nous a été expliquée par Guillaume Schiltz de l’ETHZ. La solution qu’il a présentée se base sur un dispositif comprenant une caméra document (voir image ci-dessous) combinée avec un logiciel de capture vidéo (par exemple, Camtasia, Jing, etc.).

Caméra document

Ce dispositif permet à l’enseignant∙e d’enregistrer à la fois le mouvement des mains (écriture, pointage, etc.) ainsi que les explications orales. La vidéo ainsi créée est ensuite post-produite par un∙e moniteur/trice étudiant∙e puis mise en ligne sur Youtube (voir un exemple ci-dessous).

Depuis le début du projet pilote en 2013, 113 vidéos ont été mises en ligne: elles ont été vues plus de 15’000 fois.

e-assessment

Deux services de e-assessment ont été présentés lors des innovation cafés, SEB (Safe Exam Browser) présenté par le service LET de l’ETHZ, et BeAXi présenté par l’université de Bâle.

SEB

SEB est un “navigateur Web sécurisé” développé en Open Source par l’École Polytechnique Fédérale de Zürich (ETHZ). Il permet de réaliser des examens en ligne en toute sécurité, tout en améliorant l’évaluation, la fiabilité et l’objectivité de ceux-ci. SEB est facile à installer sous Windows, Mac, et Linux. Il permet d’exploiter un environnement numérique d’apprentissage existant (Moodle/Ilias) pour concevoir et faire passer des examens. SEB autorise également l’utilisation de tout logiciel tiers utilisé dans les situations d’apprentissage, Excel ou Statistica p.ex, sans compromettre la sécurité de l’examen.

 

BeAXi

BeAXi est une suite logicielle client/serveur développée à l’Université de Bâle. Elle se compose de deux outils: BeAXi Manager et BeAXi Client sur IPad. Dans la version complète, la composante logicielle auteure BeAXi Manager permet de créer un examen avec des typologies de questions élaborées. Pour l’instant, il ne fonctionne que sur IPad, l’examen étant ensuite exporté au format xml et chargé sur l’IPad des candidat∙e∙s. BeAxi se distingue par une tolérance aux coupures du réseau informatique pendant l’examen, car les réponses sont stockées localement sur l’IPad des candidat∙e∙s. En revanche, l’ensemble des données sont chiffrées et synchronisées sur un serveur dédié.

ebooks

3 Innovative Cafés étaient consacrés à la thématique des ebooks, ces livres au format numérique téléchargeables, stockables et lisibles sur des appareils mobiles (tablette, smartphone, liseuse, etc.).

Le projet eskript, présenté par Sarah Frederickx de l’ETHZ, est une plateforme de production et de publication de ebooks mises à disposition des enseignant·e·s. Elle permet d’intégrer au texte des ressources multimédia, telles que vidéos, audio, animations, ou encore médias interactifs, comme un quiz par exemple. Une fonctionnalité d’annotation collaborative permet à chaque lecteur/trice d’annoter un mot ou un passage du livre de manière privée ou publique, afin de partager ces commentaires ou de poser une question à l’auteur∙e de la ressource.

Afin de créer ce type d’ebooks enrichis en multimédia, Bruno Wenk de HTW Chur, présentait les 3 challenges principaux lors du café «Hands-on Enhanced E-Book Production» :

– Il existe encore peu de logiciels libres permettant de produire et de publier des livres électronique dans des formats standards (epub3, PDF, etc.) sans recourir à des connaissances avancées en HTML5, CSS, etc.

– La plus-value de la vidéo et de l’audio dans l’apprentissage doit être clairement identifiée : quels types de savoir ou de processus gagnent à être présentés via ces médias ?

– Le format EPUB3 tend à s’imposer comme un standard mais toutes les fonctionnalités de ce format ne sont pas encore supportées par tous les appareils mobiles.

On voit donc l’intérêt de proposer aux étudiant·e·s ce type de ressources, consultables sur différents supports mobiles, ouvertes à un enrichissement multimédia, mais également annotables, voire partageables. Le projet « Paperless Study » , présenté lors d’un Innovative café par Daniela Lozza de ZHAM, présentait d’ailleurs les résultats d’une étude dans laquelle un groupe d’étudiant·e·s utilisaient exclusivement une tablette pour lire et prendre des notes. Il en ressortait que le groupe «paperless» prenait davantage de note que le groupe de contrôle. De plus, 77% déclaraient explorer de nouvelles techniques d’apprentissage grâce aux fonctionnalités des tablettes.

Mais le développement des ebooks et de ces nouvelles pratiques doit s’accompagner d’une infrastructure adaptée : la couverture WLAN et un nombre insuffisant de prises électriques dans les salles de cours restent souvent les points faibles des établissements.

Conclusion

L’intelligence en réseau est manifestement déjà en action aux Eduhub Days. En effet, et c’est ce qui ressort de ces dernières éditions, les participant∙e∙s sont au centre des thématiques abordées, puisqu’ils sont non seulement appelés à préciser leurs besoins, mais également à participer activement . En même temps, c’est une plate-forme unique pour réunir les personnes qui, en Suisse, sont chargées de conseiller, supporter et d’innover en matière d’enseignement et d’apprentissage  dans les hautes écoles.

Résultat : quelles que soient leurs attentes, les participant∙e∙s repartent toutes et tous, qui avec des solutions simples et pragmatiques, qui avec de nouvelles idées, qui enfin avec des promesses de collaboration.

La fréquentation de l’événement est ouverte à toute personne actrice ou intéressée.

Billet rédigé collaborativement par Suzanne de Jonckheere, Pierrel Lehmann, Patrick Roth, Omar Benkacem, Laurent Moccozet et Elsa Sancey