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Catégorie : Usages pédagogiques

Billet dont l’orientation est clairement pédagogique.


L’ «importation intelligente / Smart Import» peut-elle créer un contenu d’apprentissage intelligent ?

Article proposé par la Dre Jue Wang Szilas et la Dre Patrizia Birchler Emery, CFCD

Ce billet explore le potentiel pédagogique des moteurs d’intelligence artificielle Smart Import et Nolej.

H5P Smart Import et Nolej sont des solutions innovantes en matière de conception pédagogique assistée par l’IA, en particulier pour la création de contenus d’apprentissage interactifs basés sur du texte. Ces deux outils s’appuient sur l’IA pour analyser et transformer des documents existants – tels que des textes, des images et des vidéos – en formats interactifs et attrayants.

Nous avons testé chacun de ces outils, afin de mieux comprendre leurs capacités et limites : le premier test avec H5P Smart Import utilise une vidéo YouTube de trente minutes d’une présentation destinée à un large public, et le deuxième test avec Nolej a été effectué avec une vidéo de trois minutes sur une technique particulière d’imagerie numérique. Les résultats sont similaires.

Présentation des outils: H5P Smart Import et Nolej

En matière de personnalisation, H5P Smart Import et Nolej offrent des ajustements de base, avec Nolej proposant des options avancées. Les deux outils s’intègrent facilement aux principales plateformes LMS (Moodle, Canvas, Blackboard), rendant leur utilisation dans divers environnements pédagogiques simple. H5P Smart Import est particulièrement efficace pour les contenus structurés, tandis que Nolej excelle avec des supports plus variés et favorise la collaboration entre enseignant-es. 

Pour l’accès, H5P Smart Import propose une période d’essai de 30 jours, alors que Nolej permet un essai de 10 jours pour créer jusqu’à trois modules d’apprentissage. Avec H5P Smart Import les contenus générés sont réutilisables, mais nécessitent un abonnement pour un accès permanent après l’essai, alors que sur Nolej ils restent visibles même sans abonnement. En termes de langues, H5P Smart Import est limité à l’anglais, tandis que Nolej est disponible en plusieurs langues, avec des variations d’efficacité selon la complexité. 

Ces outils conviennent à un large éventail d’enseignant-es, du primaire au supérieur, et sont adaptés à différents types d’enseignement, y compris la formation professionnelle. Il est recommandé de posséder des compétences numériques de base pour les intégrer efficacement dans la pratique éducative. 

En conclusion, H5P Smart Import et Nolej offrent des solutions complémentaires pour créer des activités interactives, répondant aux besoins variés des enseignant-es  selon la nature et la complexité des contenus pédagogiques. 

Pour tester ces outils, nous avons réalisé un essai avec H5P Smart Import et un autre avec Nolej. Les résultats se sont avérés très similaires pour les deux outils. Cependant, comme H5P Smart Import nécessite un abonnement pour partager les résultats, nous n’avons pas pu les diffuser et avons donc réutilisé les résultats obtenus via Nolej. Pour ces tests, nous avons utilisé deux ressources différentes : une conférence de 30 minutes et une vidéo YouTube de 3 minutes. Nous allons présenter ici le déroulement des tests, les résultats obtenus, ainsi qu’une analyse et des commentaires sur chaque étape. 

Test avec H5P Smart Import

1. Contexte et ressources utilisées

Suite à une démonstration convaincante de l’équipe de H5P, les auteur-es ont obtenu un accès temporaire pour tester les fonctionnalités de Smart Import avec des collègues. Pour cette évaluation, un extrait de vidéo d’une conférence de 30 minutes en anglais a été sélectionné : il s’agit d’une présentation sur un MOOC visant à préserver une écriture en voie de disparition intitulée Teaching an Endangered Script through MOOC. Cette ressource a été choisie afin d’évaluer la capacité de H5P Smart Import à générer des activités pédagogiques interactives à partir d’un contenu à la fois long et complexe. Dans cette vidéo, l’auteure aborde plusieurs points clés : 

  • Écriture Dongba : un patrimoine culturel unique.
  • Objectif du MOOC : sensibilisation et préservation de la culture Naxi.
  • Scénarisation du cours : une approche pédagogique interactive.
  • Enseignement multilingue : promotion du plurilinguisme et de la diversité culturelle.
  • Défis de conception : standardisation et accessibilité de l’écriture.
  • MOOCs comme plateformes de recherche : vers une science citoyenne.

2. Déroulement et résultat

Les auteur-es ont utilisé Smart Import pour convertir la vidéo en transcription textuelle. Une relecture humaine a permis de corriger les éventuelles erreurs, garantissant ainsi la qualité du texte de base. À partir de ce contenu corrigé, Smart Import a généré huit types d’activités d’apprentissage, incluant une vidéo interactive avec mots-clés et questions, un quiz, un glossaire, une carte de concepts, une activité glisser-déposer, des flashcards, ainsi qu’un résumé. Ces activités ont ensuite été partagées avec des collègues, invité-es à les compléter et à donner leur avis.

Cliquez ici pour voir vers le contenu créé (lien vers le site Nolej pour les raisons mentionnées plus haut).

3. Analyse des résultats d’utilisation

Points positifs:  

  • Qualité de la transcription : la transcription automatique de la vidéo est généralement précise, mais nécessite une relecture humaine pour assurer sa fiabilité.
  • Pertinence des mots-clés : les mots-clés proposés sont pertinents et enrichis d’explications claires, comme Cultural heritage, Didactic principles, Dongba script, Endangered languages, Hieroglyph instructional design, MOOC, Multilingual interface, Naxi ethnic group, Scripts, et World Endangered Writing Day.
  • Qualité des exercices de compréhension : les exercices tels que les quiz, flashcards et activités de glisser-déposer sont efficaces pour renforcer les connaissances factuelles basées sur le texte, facilitant ainsi la révision des concepts clés. 

Points à améliorer: 

  • Répétition : les activités générées présentent parfois des redondances, certaines questions se répétant dans les quiz. Cette redondance est également fréquente dans les mots-clés, le glossaire et les flashcards.
  • Incohérence dans les réponses proposées : des divergences existent entre les réponses attendues dans différents types d’exercices. Par exemple, pour la question « What is the goal of the MOOC? », la réponse dans le quiz est “To preserve and revitalize the ancient Dongba script and Naxi Dongba culture”, tandis que la carte de concept indique que “The MOOC aims to explore the role of multilingualism in preserving and transmitting endangered languages and scripts and its potential impact could revolutionize attitudes and practices towards language conservation.”
  • Feedback erroné : certains retours automatiques sont inexacts, proposant des réponses ou explications incorrectes. Sur la même question « What is the goal of the MOOC? », des informations fournies sont inexactes.
  • Questions ouvertes manquantes : l’absence de questions ouvertes dans les exercices limite l’apprentissage à un niveau très basique, ne permettant pas de développer des compétences de réflexion critique.

4. Conclusion

Les résultats indiquent que H5P Smart Import est efficace pour générer des activités d’apprentissage basées sur le texte, en particulier pour l’acquisition de connaissances déclaratives. L’outil renforce la maîtrise des concepts clés en intégrant ces éléments de manière répétée dans les activités proposées. Cependant, certaines limites demeurent. H5P Smart Import n’est pas encore en mesure de générer des questions ouvertes stimulant une réflexion critique, ni de concevoir des distracteurs complexes dans les questions à choix multiples, ou de faciliter l’apprentissage collaboratif. De plus, l’outil ne prend actuellement en charge que des contenus en langue anglaise, ce qui souligne la nécessité d’ajouter d’autres langues pour accroître l’accessibilité et l’utilité de l’outil. 

Test avec Nolej

1. Contexte et ressources utilisées 

La vidéo servant de base au test avec Nolej a été présentée dans le cadre d’un cours sur les techniques d’imagerie numérique (niveau universitaire) destiné aux étudiant-es en humanités numériques, actifs/ves dans toutes les branches où des objets sont impliqués (archéologie, histoire de l’art, manuscrits, etc.).  Différents types d’imagerie sont passés en revue et testés, afin de connaître leurs spécificités et leurs utilisations pratiques, dans le but de pouvoir ensuite appliquer la technique la plus appropriée dans le contexte de la recherche.   

La vidéo utilisée présente l’une de ces techniques, la RTI (Reflectance Transformation Imaging), et son application à l’archéologie. Il s’agit d’une vidéo faisant la publicité d’un outil commercial et les étudiant-es sont invité-es à garder un œil critique en la visionnant.   

Il ne s’agit donc pas d’une vidéo de cours, mais d’une vidéo de démonstration (ce qui n’a aucune incidence sur les résultats du test). La vidéo est visionnée après une introduction théorique sur la RTI et son fonctionnement, pour les raisons suivantes :  

  • Elle présente visuellement un outil spécifique pour la RTI : composants, manipulation de l’équipement, mise en place, etc.  
  • Elle montre l’outil en cours d’utilisation.  
  • Elle présente les résultats obtenus.  
  • Elle présente l’utilité et l’intérêt de photographier des objets avec cet outil et cette technique (sans toutefois en mentionner les limites). 

  2. Déroulement et résultat 

La première étape a consisté en l’utilisation de Nolej pour convertir la vidéo en transcription textuelle. Comme pour Smart Import, une relecture humaine a été nécessaire enlever les quelques erreurs de transcription. C’est à partir de ce contenu corrigé, que Nolej a généré des activités d’apprentissage, vidéo interactive, cartes conceptuelles, quiz, drag the word, flashcard, ainsi qu’un glossaire, des points clés et un résumé. Nolej a proposé également des contenus supplémentaires : mots croisés, mots secrets, idées d’apprentissage par projet.  

Cliquez ici pour voir le contenu créé.

 3. Analyse des résultats d’utilisation 

 Points positifs: 

  • Qualité de la transcription : la transcription automatique de la vidéo est généralement précise, mais nécessite une relecture humaine pour assurer sa fiabilité.
  • Qualité de certains exercices de compréhension : les quiz et les flashcards, basés sur des phrases entières de la transcription et non sur des mots clés étaient satisfaisants, même si limités en raison de la brièveté de la vidéo.
  • Idées d’apprentissage par projet : trois des quatre suggestions étaient intéressantes. 

Limites et points d’amélioration : 

  • Mots-clés et redondance : les mots clés retenus par l’AI sont trop basiques et généraux, alors que d’autres termes cités dans la vidéo auraient été plus importants et plus appropriés. Il en découle que toutes les activités créées à partir des mots clés (redondance) étaient peu pertinentes (vidéo interactive, glossaire, cartes conceptuelles, drag the word, mots croisés, mots secrets). .
  • Questions ouvertes manquantes : aucune proposition de questions ouvertes, nécessitant analyse et réflexion (par exemple: quelles sont les caractéristiques communes des objets soumis à la RTI, la technique s’applique-t-elle ou est-elle utile à tout objet archéologique, etc.)
  • Limites liées à la reconnaissance du texte uniquement : l‘IA étant basée sur du texte, il manque au cours interactif proposé un ensemble de questions à explorer sur ce qui est montré dans la vidéo et qui peut être tout aussi important que le discours en termes d’objectifs de visionnage (par exemple : la taille et les composants de l’équipement, l’environnement dans lequel la RTI est réalisée, la taille et les caractéristiques des objets traités, etc.) 

 4. Conclusion  

Nolej est un outil efficace, mais il est préférable de générer le texte de base soi-même, en y intégrant les mots-clés et les concepts dont les étudiant-es doivent se saisir. Le modèle d’apprentissage de cette IA est encore basique, ne correspondant qu’au premier niveau de la taxonomie de Bloom. 

Un défaut majeur est que l’IA n’analyse pas les images et ne génère donc pas de mots-clés ou de quiz sur ce qui est montré dans une vidéo, alors que de nombreux domaines d’études comportent des apprentissages liés à un ensemble de gestes à pratiquer ou des items à observer.  

Enfin, les questions de réflexion et d’analyse ainsi que les questions ouvertes sont totalement absentes. 

 

Conclusion

Les résultats ont révélé que ces deux outils généraient efficacement de nombreuses activités d’enseignement basées sur le texte, améliorant principalement l’apprentissage des connaissances déclaratives. Ils ont notamment amélioré la maîtrise et la compréhension des concepts clés en augmentant leur fréquence dans les activités. Cependant, des limites ont été identifiées, par exemple l’incapacité de générer des questions ouvertes nécessitant une réflexion critique, ou d’incorporer des distracteurs approfondis dans les questions à choix multiples, ou de faciliter l’apprentissage collaboratif. De plus, ces outils ne permettent pas de développer des activités sur des objets visuels, ce qui en limite la portée dans de nombreux domaines. En outre, la version actuelle Smart Import ne prend en charge que les ressources en langue anglaise, d’autres langues devant encore être développées.  

Grâce à cet essai, les avantages d’un moteur d’IA ont pu être reconnus, de même que son potentiel pour augmenter de manière significative la productivité dans la création de contenu d’apprentissage interactif basé sur le texte et pour améliorer l’accessibilité. Simultanément, le test a permis d’acquérir une meilleure compréhension des risques, en particulier des préoccupations concernant l’étouffement de la créativité et la nécessité d’une intervention humaine pour maintenir l’intégrité pédagogique. 

Questions pour le futur...?

Il est clair cependant que l’utilisation de ces outils d’IA dans la conception pédagogique interpelle et ce, à plusieurs niveaux. Par exemple, dans quelle mesure les contenus d’apprentissage interactifs créés par des outils d’IA seront-ils crédibles dans un environnement universitaire ? Ou encore, comment trouver un équilibre entre l’automatisation et la créativité dans la conception des contenus d’apprentissage ? Lors de l’intégration d’outils d’IA tels que Smart Import dans la conception pédagogique, où les rôles humains ne peuvent-ils pas être remplacés par l’IA ?  

Le test effectué et ses résultats invitent à la réflexion sur l’évolution du rôle de l’IA dans l’élaboration future de la création de contenus d’apprentissage intelligents. 



Les IA génératives à l’Université de Genève: prise de position du Rectorat et ressources

Le 6 juillet dernier, le Rectorat faisait part de sa prise de position concernant l’utilisation d’intelligences artificielles génératives dans le contexte académique.

Dans le texte publié sur son site internet, l’Université de Genève reconnaît l’importance et les avantages offerts par l’IA générative, mais également ses limites et les défis éthiques qu’elle présente. Elle indique qu’il revient aux facultés et aux enseignant-es de définir les conditions d’utilisation de ces outils et de promouvoir la transparence en matière de citation.

L’UNIGE fait les recommandations suivantes:

  • Former les étudiant-es et les enseignant-es à l’usage de chatGPT ou outils apparentés
  • Poser un cadre clair à l’échelle facultaire et de chaque enseignement
  • Rappeler la notion d’intégrité académique et des objectifs d’une formation universitaire
  • Rappeler l’importance des compétences rédactionnelles dans la formation universitaire
  • Valoriser la notion d’auteur-e d’un travail scientifique/académique et la responsabilité qu’il ou elle porte

Le même cadre et la même transparence doivent être appliqués à l’utilisation d’IA générant des images.

Dans son message, le Rectorat met à disposition deux ressources pour alimenter une réflexion appelée à évoluer et à s’élargir : un guide interactif sur l’IA générative dans l’enseignement universitaire et un mur virtuel (padlet) rassemblant de nombreuses références, articles, blogs et sites internet.

Guide interactif sur l’IA générative dans l’enseignement universitaire

Le guide interactif présente ChatGPT et d’autres IA génératives de texte et met à disposition de nombreuses ressources. Il comprend une partie sur les considérations éthiques à prendre en compte lors de l’utilisation de tels outils, mais fournit également des exemples pratique pour l’utilisation de ChaGPT dans l’enseignement et l’évaluation. Une partie s’intéresse particulièrement au renforcement de l’apprentissage des étudiant-es en utilisant l’IA générative

Padlet / Mur virtuel

Le padlet rassemble des ressources de typedivers : actualité des IA génératives, qu’est-ce que ChatGPT, IA génératives dans l’éducation : pour le e-learning, les évaluations, ainsi qu’outils et applications à disposition, notions et questions de plagiat, d’aigiarisme (plagiat assisté d’une IA) et de droit d’auteur.

Références et autres ressources

J. Érard, L’UNIGE prend position sur l’intelligence artificielle dans le contexte académique, Le Journal de l’UNIGE, printemps 2023 : article présentant la prise de position du Rectorat et un éclairage sur l’IA du Prof. Christian Lovis (Faculté de médecine)

D. Birchmeier, ChatGPT pour la recherche académique, Blog Ciel, 16 mai 2023 : un étudiant en Services et systèmes numérique documente son utilisation cadrée de ChatGPT pour la rédaction de son mémoire de bachelor

R. Zaffran, ChatGPT: An Ongoing and Unprecedented Disruption for Education and Training?, NewSpecial Magazine, avril 2023, p. 28-30: l’article met en évidence l’impact de l’IA, les avantages et les limites de ChatGPT dans l’éducation, et offre des recommandations pour une utilisation éclairée de ces technologies dans les établissements éducatifs.

Unesco : Guidance for generative AI in education and research, 2023: le texte propose des recommandations concrète pour les décideurs politiques et les établissements éducatifs, mais émet aussi des exigences à l’intention des fournisseurs d’IA génératives,  tout en invitant la communauté internationale à réfléchir aux conséquences à long terme de ces outils sur l’enseignement, l’apprentissage, et l’évaluation.

 



ChatGPT pour la recherche académique

Introduction

Le 30 novembre 2022, OpenAI lance ChatGPT. En seulement 5 jours, la plateforme atteint le million d’utilisateurs[1]. Cette intelligence artificielle a, en seulement quelques mois, bouleversé notre rapport à l’information et à la connaissance, créant pour beaucoup de professionnels de l’éducation des craintes sur l’avenir de leur discipline.

Je ne suis ni un professionnel de l’éducation, ni un expert de l’intelligence artificielle. Je suis un étudiant en Services et systèmes numériques, un passionné d’informatique et un paresseux aguerri. En décembre de l’année passée, je commençais à écrire ma thèse de Bachelor, sur laquelle je travaillais depuis déjà un certain temps. Ma curiosité, comme pour beaucoup d’autres, m’a poussé à explorer ChatGPT.

« I choose a lazy person to do a hard job. Because a lazy person will find an easy way to do it. »  – Bill Gates

Je voulais tester ses capacités à traiter des sujets complexes, mais pour pouvoir correctement évaluer la qualité des réponses, il me fallait trouver un sujet que je maîtrise. 90% de mes pensées étant consacré à ma thèse, il m’a paru évident de le questionner sur ce sujet. Je me suis rendu compte du potentiel énorme de cet outil lorsque, en quelques interactions, l’IA est arrivée aux mêmes conclusions que moi après environ 10 mois de travail…

Après avoir remis en question mes trois dernières années de formations, j’ai pris du recul et compris que ces résultats n’étaient pas le produit d’une réflexion de la part de ChatGPT mais d’une agrégation très bien formulée de recherches menées par de brillants humains.

Après quelques heures d’utilisation, j’étais convaincu. J’allais utiliser ChatGPT pour écrire ma thèse. Laissez-moi maintenant vous expliquer pourquoi ce billet ne s’intitule pas “Comment j’ai utilisé une intelligence artificielle pour écrire mon travail de Bachelor à ma place”.

Définir un cadre et une méthodologie

ChatGPT n’ayant pas encore fêté ses 1 mois d’existence, il n’existait pas encore de cas concret de son utilisation dans le cadre de la recherche académique et donc pas de directives précises à suivre. Il était donc nécessaire, afin de légitimer mon travail, de définir un cadre et une méthodologie clairs, afin d’utiliser l’outil de manière responsable et éthique. Sous la supervision de Laurent Moccozet, j’ai défini quatre règles fondamentales à respecter:

I. Comprendre l’outil

ChatGPT est un outil performant, mais peut produire des informations erronées ou de mauvaises qualités, il est donc important de comprendre ses limites et son fonctionnement, afin de réduire ces risques. En se basant sur le nom du service, nous pouvons définir 2 méthodes, qui permettent d’améliorer la qualité et la pertinence des réponses, celles-ci sont les suivantes:

Chat : L’une des grandes forces de cet outil est sa capacité à adapter ses réponses, également appelées « prompts », en fonction des retours de l’utilisateur. Il est crucial d’utiliser cette fonctionnalité pour orienter l’IA vers la réponse la plus pertinente. Cette fonctionnalité a même entraîné l’émergence d’un nouveau domaine de recherche, appelé le « prompt engineering ». C’est-à-dire étudier la façon dont l’utilisateur interagit avec le programme et trouver les formulations les plus à même de produire des réponses pertinentes. Par exemple, lorsqu’on utilise une calculatrice, il est plus efficace d’écrire 3³ plutôt que 3×3×3 .

GPT (Generative Pre-trained Transformer) : GPT-3 et 4 sont ce qu’on appelle des LLM ou large language model. En d’autres termes, ce sont des systèmes capables de générer du texte sur une vaste quantité de sujets. Afin d’optimiser ses réponses, il est souhaitable de poser un cadre, en définissant le niveau de précision de ses réponses, ainsi que le contexte d’utilisation, par exemple: « Tu es un étudiant en Bachelor. Tu écris une thèse sur … ». Ce genre de méthodes rentre dans le domaine du prompt engineering et vaut la peine d’être étudié plus en détail afin de vraiment s’approprier l’outil.

II. Connaissances préliminaires

Pour assurer une utilisation efficace des capacités conversationnelles de ChatGPT, l’utilisateur doit posséder des connaissances préalables sur le sujet qu’il interroge, afin d’être en mesure de vérifier et de comprendre les informations données par l’IA.

Ce prérequis est essentiel pour assurer une utilisation optimale de ce service, en tant qu’outil de recherche.

III. Relecture et recherche additionnelles

Chaque réponse fournie par ChatGPT doit être examinée et soumise à une recherche supplémentaire pour vérifier son exactitude, sa pertinence et la source des informations présentées.

ChatGPT ne peut pas être référencé comme source de l’information qu’il fournit, il est donc essentiel de mener des recherches additionnelles, dans le but de soutenir ses affirmations avec des sources fiables.

Il est important de préciser que ChatGPT, contrairement à Bing ou Google, n’est pas un moteur de recherche. Bien qu’il soit capable de générer des informations sur une variété de sujets, il ne vérifie pas leurs exactitudes et véracité car il n’a pas la capacité de précisément déterminer l’origine des informations utilisées pour produire ses réponses. Il reste néanmoins un bon complément aux moteurs de recherche pour donner une direction et/ou afin d’expliquer des concepts résultants de recherches classiques.

Ce processus peut être facilité par l’utilisation de Bing, qui a récemment intégré GPT-4 à son moteur de recherche et qui inclut directement dans ses réponses les sources utilisées. La vérification de la fiabilité de ces références, ainsi que la recherche de sources supplémentaires restent néanmoins nécessaire.

IV. Documentation de l’utilisation

Bien que les réponses de ChatGPT ne puissent pas être directement utilisées comme références, il est important de documenter toutes les discussions pertinentes au travail qu’il a aidé à écrire. Cela permet de légitimer le travail de l’auteur et de prouver l’authenticité du résultat final.

Cette étape est particulièrement importante, car elle permet de soutenir l’utilisation éthique de l’IA pour la recherche académique, mais également de créer un précédent dans un contexte où il s’agit encore d’une technologie émergente et controversée.

Applications concrètes

La versatilité des LLM et la vitesse phénoménale de l’innovation dans le domaine permettent d’innombrables cas d’utilisation. J’ai, pour ma part, identifié 4 applications qui ont servit à la rédaction de mon travail de Bachelor, et pour lesquelles j’ai appliqué la méthodologie décrite ci-dessus.

I. Collecte d’informations

J’ai utilisé ChatGPT pour trouver et comprendre des informations sur des articles, des algorithmes, des concepts mathématiques et d’autres sujets plus ou moins complexes. L’avantage de combiner cet outil avec des moteurs de recherches classiques est qu’il permet d’obtenir des informations très précises, basées sur différentes sources agrégées en réponses digestes et compréhensibles pouvant ensuite être développées plus profondément grâce à la fonctionnalité de chat.

Pour assurer l’exactitude des informations collectées, j’ai utilisé des sources alternatives de vérification Si aucune source fiable n’a pu être identifiée, les informations n’ont pas été utilisées.

II. Description des algorithmes

J’ai fourni à ChatGPT des extraits de mon code, dûment annoté, afin qu’il me génère des descriptions des algorithmes utilisés. Les réponses produites, bien que partiellement correctes, m’ont permis de gagner du temps sur la rédaction ainsi qu’à mettre des mots sur des concepts complexes qui ne sont pas toujours évidents à traduire en langage naturel.

III. Amélioration de la qualité d’écriture

L’utilisation régulière de ce nouvel outil a impacté ma façon de rédiger. Là où auparavant je prenais soin de bien formuler chaque phrase les unes après les autres au fur et à mesure que j’écrivais, avec ChatGPT j’ai pu me concentrer sur le contenu et lui déléguer (partiellement) la forme. J’ai rapidement pris l’habitude de rédiger mes idées directement dans le chat sous forme de note afin qu’il me génère des phrases cohérentes et bien écrites.

IV. Utilisation de ChatGPT comme point de départ

Je me suis ensuite servi des réponses de ChatGPT comme fondation pour ma thèse en apportant les modifications nécessaires et en les ordonnant de sorte à former un tout qui soit cohérent et fidèle à mes idées.

Dans certains cas, les phrases générées par ChatGPT étaient suffisamment bonnes pour être utilisées (presque) telles quelles, mais dans la grande majorité des cas, la plupart du contenu a été modifié pour s’adapter à la structure globale du document ainsi qu’à mon propre style d’écriture. Je pense qu’il est important de ne pas trop se reposer sur les formulations produites par le LLM afin d’éviter que la forme rédactionnelle ne devienne trop impersonnelle.

Comme je l’ai précisé plus haut, la conversation utilisée pour générer ce texte a été mise à disposition dans les annexes de mon travail afin qu’elle puisse servir d’exemple de comment utiliser l’IA efficacement pour la rédaction.

“Du coup c’est le robot qui a fait le travail à ta place ?”

C’est la question que tout le monde se pose, et c’est légitime. ChatGPT est un outil incroyable et bien qu’il m’ait aidé à améliorer considérablement ma productivité, il n’a pas inventé les algorithmes présentés dans ma thèse.

Comme on ne remet pas en question le travail d’un mathématicien qui utiliserait une calculatrice, l’utilisation de ChatGPT ne devrait pas non plus remettre en question mon travail. Il est vrai que certains pourraient utiliser cet outil sans documentation ou de manière inappropriée pour accomplir leur travail à leur place. Mais le fait est que les IA existent, continueront d’exister et de s’améliorer. Aujourd’hui, ChatGPT offre un avantage concurrentiel et il serait contre-productif de l’interdire. Au contraire, nous avons l’opportunité de l’intégrer dans le système éducatif, d’offrir aux étudiants un tuteur capable de s’adapter à leur besoin, disponible à tout moment pour répondre à leurs questions et sans crainte d’être jugé.

Je suis profondément convaincu qu’un tel outil, correctement adapté, a le potentiel d’améliorer l’apprentissage des étudiants à chaque étape du système scolaire. Sal Khan, le fondateur de la Khan Academy, a déjà intégré un tel outil à sa plateforme d’apprentissage en ligne et les résultats sont encourageants.

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Ce nouvel outil et les intelligences artificielles de manière générale ne sont cependant pas sans risques. Au-delà des inquiétudes autour de l’insurrection des machines, les capacités génératives des IA modernes posent de sérieux risques autour de la falsification des informations, et de l’incapacité de ces machines à évaluer les risques liés aux réponses produites. Il est crucial de continuer à améliorer ces systèmes plutôt que d’essayer de les interdire, afin de minimiser les risques et de garder un certain contrôle quant à leurs utilisations.

Le changement est inévitable, autant en faire partie.

[1] Buchholz, K. (2023) ‘ChatGPT Sprints to One Million Users’, Statista, 24 janvier. Disponible à: https://www.statista.com/chart/29174/time-to-one-million-users/ (consulté le 24 mars 2023).



Créer et partager facilement du contenu H5P avec LUMI

Introduction

La transformation digitale dans le domaine de la formation marque l’émergence de nouveaux outils pédagogiques interactifs comme H5P. Le fonctionnement simple de H5P, ainsi que le large éventail d’activités qu’il permet de créer séduisent de plus en plus les enseignant-es.
Cependant, ils/elles sont confronté-es particulièrement à un problème d’accès à H5P, son utilisation nécessitant un système d’hébergement et son plugin n’étant intégré que sur quelques plateformes comme Moodle.

Au CFCD un certain nombre de questions sur l’outil H5P revient très souvent : comment rendre une formation interactive et plus attrayante avec H5P ? Comment rendre un contenu H5P utilisable hors ligne pour des étudiant-es qui ont des problèmes de connexion internet ?

C’est dans le cadre de notre veille, et pour répondre aux demandes des équipes pédagogiques que nous avons découvert l’application Lumi. Dans ce billet, nous allons partager avec vous les raisons pour lesquelles il pourrait être utile de créer son contenu H5P avec Lumi, ainsi que les étapes pour y parvenir. Nous vous montrerons également comment intégrer les activités H5P dans un padlet ou un projet storyline.

À propos de H5P et Lumi

H5P signifie HTML 5 package, c’est un logiciel multiplateforme, basé sur du HTML 5 et du JavaScript. Il permet de créer des activités d’apprentissage interactives et de les intégrer dans votre espace de cours Moodle. Son succès s’explique par le fait que son utilisation ne demande pas des compétences techniques avancées, il est à la portée de tous et toutes.

Désormais, l’application Lumi que vous pouvez installer sur votre ordinateur vous permet de créer, éditer, visualiser et partager votre contenu H5P avec vos étudiant-es. Cette application fonctionne sans connexion internet, elle est gratuite et open source.
À présent, vous savez ce que permet Lumi, voyons ensemble comment elle peut vous faciliter la création de vos contenus H5P.

Pourquoi utiliser Lumi ?

L’application Lumi est intéressante et pratique pour les raisons suivantes, d’une part elle est simple à installer, son interface est intuitive et facile à prendre en main. Dorénavant, quand vous travaillez avec H5P et que vous souhaitez visualiser ou tester votre création H5P, vous n’êtes plus obligé-es de l’enregistrer comme dans Moodle, Lumi offre une fonctionnalité importante qui vous permet d’avoir un aperçu rapide de votre création, elle accélère considérablement le temps de conception. Elle est idéale aussi pour créer plusieurs activités H5P au même moment.
D’autre part, elle prend en charge tous les types de contenus H5P, elle peut être utile si vous souhaitez créer une activité H5P non-disponible sur Moodle.unige.ch comme par exemple le livre interactif ou tant d’autres de la bibliothèque H5P, ou si vous souhaitez partager votre contenu H5P avec vos étudiant-es afin qu’ils/elles puissent le consulter, et interagir avec eux/elles directement sans avoir recours à une plateforme en ligne. Elle offre la possibilité d’exporter votre contenu sous forme de fichiers HTML 5 ou paquet SCORM. De plus, elle propose une fonctionnalité Analytics, que vous pouvez activer pour insérer un outil de rapport afin de permettre à vos étudiant-es de sauvegarder leurs résultats et de vous les envoyer. Ce rapport contient des traces d’apprentissage que vous pouvez analyser pour améliorer votre formation.

Nous l’avons testé, le livre interactif s’est révélé utile dans différents contextes, notamment pour développer un Module au format e-Learning, ou pour créer un tutoriel comme ce guide que nous avons conçu pour un atelier de formation. Actuellement, nous menons aussi une réflexion sur comment utiliser le livre interactif pour présenter les tutoriels de manière structurées, et pour proposer un parcours d’auto-apprentissage afin d’offrir une plus grande autonomie aux étudiant-es et aux enseignant-es dans la prise en main de la nouvelle version de Moodle, et plus largement des outils/logiciels institutionnels.
Maintenant, intéressons-nous de plus près au potentiel pédagogique du livre interactif.

Qu’est-ce que le livre interactif ?

C’est un contenu H5P qui vous permet de créer un support pédagogique sous forme de livre avec plusieurs pages interactives, de les organiser en chapitres et sous-chapitres. Dans votre livre, vous pouvez présenter des éléments théoriques, ajouter des fichiers multimédias et des contrôles de connaissances ou des quiz à la fin des chapitres. Ainsi vos étudiant-es pourront parcourir les chapitres du livre tout en réalisant différentes activités interactives ou en regardant des vidéos, en écoutant des enregistrements audio. Présenter un contenu léger sous une double modalité visuelle et auditive favorise un meilleur apprentissage, et permet de s’adapter aux besoins de vos étudiant-es.

Nous avons récemment utilisé le livre interactif pour développer un module de formation en ligne pour le programme Master of Advanced Studies in European and International Governance. Dans cet extrait vidéo ci-dessous, vous trouverez quelques activités que nous avons intégrées pour donner un rôle actif aux participant-es, et pour renforcer les apprentissages clés :

À présent, regardons ensemble la liste complète des types de contenus que vous pouvez utiliser dans un livre :

Quelques pistes pédagogiques

  • L’application Lumi vous permet de créer un module d’apprentissage autonome sur une partie d’un cours en combinant différents types de contenus interactifs comme des présentations, des quiz, des vidéos interactives sur plusieurs pages, consultez ce livre interactif que vous pouvez réutiliser et adapter.
  • Elle peut être aussi utilisée en pédagogie inversée pour intégrer des activités interactives dans le contenu d’apprentissage asynchrone, par exemple une classe inversée basée sur des vidéos que vos étudiant-es doivent visionner avant le cours, vous pouvez les enrichir par des quiz pour leur permettre de vérifier la bonne compréhension du message pédagogique diffusé. Vous pouvez également chapitrer les vidéos, ou insérer à des points précis de la vidéo des résumés, et des liens web vers des ressources complémentaires pour renforcer les connaissances et les compétences impliquées.
  • Elle vous offre la possibilité de construire des activités de mise en situation avec branching scénario, comme dans l’exemple de ce précédent billet blog des cas cliniques ont été développés par les enseignant-es, les étudiant-es sont mis-es en situation clinique qu’ils/elles doivent gérer.
  • Elle aide à transformer votre contenu statique et long afin d’éviter une surcharge d’information.
  • Elle permet de créer des visites virtuelles d’un laboratoire ou d’un site historique avec l’activité “virtual tour 360”. Vos images 360 (équirectangulaires) et normales, peuvent être enrichies d’interactivités telles que des vidéos, des explications audios et des questions interactives. Ce type de contenu est utilisé pour donner une impression d’exploration et d’apprentissage dans un environnement réaliste. (source H5P.org)
    Nous vous invitons à explorer le laboratoire du Cambrian College.
  • Elle peut être utile si vous souhaitez mettre en place des activités pédagogiques qui stimulent et renforcent la production orale chez vos étudiant-es.
  • Elle permet de mettre à disposition de vos étudiant-es des contenus interactifs formatifs, ils/elles peuvent les réaliser plusieurs fois avec des rétroactions instantanées afin de les permettre de corriger leurs erreurs, et de consolider leurs connaissances, comme dans cet exemple de quiz sur les objectifs de développement durable.
  • Elle permet de proposer des expériences d’apprentissages ludiques et variées, consultez cette activité proposée lors de notre atelier H5P.

Où trouver des exemples d’activités H5P ?

Nous vous suggérons de consulter les pages web ci-dessous, selon vos besoins, vous pouvez affiner votre recherche en utilisant le filtre par activité H5P ou par domaine d’enseignement :

Comment fonctionne Lumi ?

Installation

Pour commencer, connectez-vous sur le site web de Lumi, téléchargez la version qui correspond à votre système d’exploitation et installez Lumi sur votre ordinateur.

Démarrer

Ensuite, vous devez lancer l’application, pour cette action aucune connexion internet n’est requise, après vous pouvez choisir soit d’ouvrir une activité existante avec l’extension de fichier .h5p pour l’adapter ou la modifier, ou de créer une nouvelle activité.

Le fonctionnement de cet éditeur de contenu H5P est identique aux interfaces H5P des plateformes en ligne, vous devez tout d’abord choisir le type d’activité, par contre certains contenus h5p ne sont pas activés, il faudra les installer, puis créer votre contenu. Comme mentionné précédemment la fonctionnalité intéressante de cet éditeur, c’est la possibilité d’avoir un aperçu direct et rapide de vos créations en cliquant tout simplement sur le bouton “vue”.

Sauvegarde et exportation

Après la conception de votre contenu H5P, il est enregistré par défaut au format .h5p, ce qui vous permet de le modifier ou de l’afficher directement sur Moodle si l’activité H5P est installée. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez aussi exporter votre contenu H5P au format HTML 5, le sauvegarder localement sur votre ordinateur et le partager sous forme de pièce jointe avec vos étudiant-es par courriel ou le déposer comme un fichier sur Moodle. Par contre, en déposant votre contenu H5P sous forme de fichier sur Moodle, vous ne pouvez pas le lier au carnet de notes.

L’exportation est également possible sous forme de paquet SCORM, imaginez que vous souhaitez partager votre contenu H5P dans une autre université et sur leur plateforme le plugin H5P n’est pas installé, alors vous pourrez simplement partager le paquet SCORM qui est accepté par la plupart des LMS (learning management system). En plus, cela empêche les problèmes de lecture de votre contenu H5P attribuables aux mises à jour du logiciel, nous avons pu constater que certaines mises à jour risquent de rendre votre contenu non fonctionnel.

H5P avec Storyline et Padlet

Avez-vous déjà pensé à utiliser une activité H5P dans votre projet storyline ? Ou peut-être vous vous êtes demandé-es comment ajouter un exercice interactif dans votre Padlet ?

Grâce à Lumi, vous pouvez maintenant compléter votre contenu pédagogique créé sur Storyline ou sur votre Padlet par une activité H5P. Il vous suffit d’exporter votre activité au format HTML 5 tout-en-un, ce format est largement accepté par presque toutes les plateformes et vous l’intégrez dans l’une des applications ci-dessus sous forme de fichier HTML. Vous pouvez consulter ce guide qui vous accompagne étape par étape.

Conclusion

En somme, nous pouvons retenir que l’éditeur H5P change la façon de présenter le savoir, nous passons à des contenus statiques que l’étudiant-e consulte de manière passive à des supports d’apprentissage interactifs, engageants et attrayants qui permettent d’offrir une expérience d’apprentissage optimale. Il permet aussi de donner une dimension ludique à votre enseignement. Néanmoins, il est conseillé d’ajouter un contenu interactif dans vos présentations à condition qu’il apporte vraiment une plus-value pédagogique à votre cours, sinon il risque d’être un distracteur et d’avoir un effet négatif sur l’attention.

La facilité de prise en main de H5P, associée aux nouvelles fonctionnalités proposées par Lumi pour créer du contenu H5P rend cette application particulièrement utile pour les enseignant-es.

Toutefois, il est important de souligner que la personnalisation des contenus H5P est limitée, la traduction en français est également incomplète, les résultats des activités reliés au carnet de notes Moodle ne sont pas détaillés. Ces aspects restent encore à améliorer.

Par ailleurs, l’équipe H5P continue de créer de nouveaux contenus interactifs actuellement en version béta. Les versions officielles pourraient-être publiées prochainement, la mise à jour de l’application Lumi vous permettra de bénéficier de ces contenus.

En espérant que ce billet vous a donné des idées pour vos cours, comment pensez-vous créer votre contenu H5P avec Lumi ? Nous vous invitons à partager votre expérience dans les commentaires.



Le Podcast : une petite révolution pour l’apprentissage autonome et l’enseignement expérientiel

Introduction

Le podcast est un format audio numérique qui a connu une croissance exponentielle depuis sa création au début des années 2000. Le podcast est devenu une plateforme de choix pour créer et partager des contenus audio avec un public large et diversifié. Le CFCD a d’ailleurs lancé, fin 2020, son propre podcast, LifeLongLearning@UNIGE. Largement utilisé pour le divertissement et la culture, il est également de plus en plus utilisé dans l’enseignement et à des fins d’apprentissage autonome. En effet, les podcasts offrent de nombreux avantages pour les enseignant-es et les étudiant-es, notamment en termes de flexibilité, d’accessibilité et d’engagement. Les étudiant-es, tout comme les enseignant-es, cherchent des moyens plus interactifs apprendre. Dans ce contexte, l’utilisation du podcast dans l’enseignement offre une opportunité unique pour une pédagogie plus expérientielle (voir notamment C. Peltier, 2016).

Flexibilité

Les podcasts permettent aux enseignant-es de créer des contenus éducatifs plus flexibles et adaptés à la diversité des apprenant-es. Les enseignant-es peuvent par exemple utiliser le podcast afin de fournir des exemples pratiques et des études de cas qui sont difficiles à présenter en classe. De plus, les podcasts donnent la possibilité aux enseignant-es de donner la parole à des expert-es et des praticien-nes qui peuvent ajouter de la crédibilité et de la profondeur au contenu pédagogique.

Accessibilité

Les podcasts permettent aux étudiant-es d’apprendre de manière autonome et personnalisée. Pouvant être téléchargés et écoutés à tout moment, les étudiant-es peuvent y accéder en déplacement, à la maison ou dans un café et ainsi s’approprier le contenu pédagogique à leur propre rythme. Ceci est particulièrement utile pour ceux/celles qui ont des horaires chargés ou qui vivent loin du campus. Les podcasts sont également une excellente option pour les étudiant-es ayant des besoins spécifiques, tels que ceux/celles ayant des troubles de l’attention ou des problèmes de vision.

Engagement : vers une pédagogie expérientielle

Les podcasts sont un moyen efficace d’engager les étudiant-es dans le processus d’apprentissage. Ils peuvent être utilisés pour créer des discussions en classe, des activités de réflexion et des tâches d’évaluation. Mais au-delà d’être un moyen additionnel et innovant permettant aux étudiant-es d’accéder à des contenus de cours de manière plus flexible, les podcasts offrent également des opportunités en termes d’enseignement expérientiel. La pédagogie expérientielle est une méthode d’enseignement qui repose sur l’expérience pratique et l’application des connaissances dans des contextes réels. Elle est de plus en plus utilisée pour répondre aux besoins des étudiant-es qui cherchent à développer des compétences pratiques et à acquérir une expérience de travail pertinente. En donnant la possibilité aux étudiant-es de produire et de partager leur propre contenu, le podcast peut ainsi non seulement favoriser l’apprentissage, mais également aider au développement de compétences en communication et en collaboration, ainsi qu’au renforcement de capacités réflexives de l’étudiant-e (voir notamment G. Temperman, Gaëtan et B. De Lièvre, 2009).

Exemples d’utilisation du podcast dans l’enseignement

Les podcasts peuvent être utilisés de différentes manières dans l’enseignement. Voici quelques exemples :

Enregistrement de cours

Les enseignant-es enregistrent des cours et les téléchargent sur une plateforme d’apprentissage en ligne pour que les étudiant-es puissent les écouter à leur guise.

Création de contenus pédagogiques

Les enseignant-s enregistrent des podcasts pour fournir des informations supplémentaires sur un sujet particulier ou pour aider les étudiant-es à se préparer à des tâches d’évaluation. Des invité-es et expert-es peuvent être également mis-es à contribution via une interview ou un exposé en podcast afin de compléter ou d’illustrer le contenu d’un cours.

Commentaires et réflexions

Les enseignant-es peuvent enregistrer des commentaires et des réflexions sur le travail des étudiant-es et les télécharger sur un environnement d’apprentissage en ligne pour que les étudiant-es puissent y accéder.

Activités d’apprentissage expérientielles

Les enseignant-es peuvent proposer aux étudiant-es de créer leurs propres épisodes de podcast avec différents objectifs pédagogiques possibles : revue de littérature, synthèse d’un cours et de ses concepts clés, commentaires et réflexions sur le travail d’autres étudiant-es, ou encore présenter un argumentaire sur une thématique donnée.

Retour d’expérience : utilisation du podcast comme outil d’évaluation

Le Professeur Giuseppe Ugazio (Faculté GSEM) a choisi le podcast comme outil d’évaluation pour son cours de Bachelor “Art and Philanthropy”. Il y voit les avantages suivants :

Responsabilise l’étudiant-e

Les étudiant-es disposent de beaucoup de temps pour rassembler tout le matériel dont ils/elles ont besoin pour identifier le contenu pertinent, ce qui encourage au développement de compétences organisationnelles (planification, organisation, priorisation).

Contribue à la structuration de la pensées/des idées

On demande souvent aux étudiant-es de rédiger des essais/papiers, mais rarement de structurer une présentation orale enregistrée à des fins de diffusion.

Stimule la créativité

Les podcasts offrent un format assez flexible. Par exemple, certain-es étudiant-es peuvent opter pour un style d’interview, d’autres pour la description d’une histoire. Les productions peuvent également être « embellies » par de la musique, des sons et des commentaires, rappelant ainsi ce qui est souvent fait pour accompagner la publication de photos ou de vidéos sur des réseaux sociaux tels qu’Instagram.

Diversifie la manière d’évaluer

Du point de vue de l’enseignant-e, il peut être également agréable de varier et d’écouter des évaluations, plutôt que de lire le texte équivalent.

Sur la base des retours de le part du Professeur Ugazio et d’autres enseignant-es, nous avons également identifié quelques inconvénients et risques potentiels à prendre en compte avant de scénariser une utilisation du podcast dans le cadre d’un cours :

Attention à l’égalité de traitement

Certain-es étudiant-es peuvent être timides à l’oral et préfèrent écrire. Certain-es peuvent également être désavantagé-es car leur langue maternelle n’est pas celle du cours en question. Donner la possibilité aux étudiant-es de rédiger le texte et le lire ensuite (ou le faire lire) peut contribuer à amoindrir ce problème.

Difficultés techniques

Si certain-es sont plus doué-es pour « colorer » les podcasts, d’autres peuvent trouver cela fastidieux. Cependant, le Professeur Ugazio souligne que de très beaux podcasts peuvent être créés avec un minimum d’effort (par exemple, ajouter une piste musicale demande très peu d’effort et ne nécessite que des compétences basiques).

Pas adapté à tous les contextes pédagogiques

Le podcast ne conviendra pas forcément dans les cas ou des aspects très techniques doivent être démontrés, ou lorsque de nombreuses références doivent être faites. Par exemple, il sera difficile d’utiliser le podcast pour décrire une formule mathématique ou une ligne de code, sans support visuel.

Pas idéal pour les devoirs plus longs

Il peut être très long et fatigant de produire (ainsi que d’écouter/de corriger) un podcast de plus de 10 minutes. L’objectif du devoir et les critères d’évaluation doivent donc être précis et limités.

Conclusion

Les podcasts offrent de nombreux avantages pour l’enseignement, notamment en termes de flexibilité, d’accessibilité et d’engagement. Les enseignant-es peuvent enregistrer des cours, des discussions en classe et des commentaires pour aider les étudiant-es à rester engagés dans leur propre processus d’apprentissage. Les podcasts sont également une option pratique pour les étudiant-es ayant des besoins spécifiques, tels que les étudiant-es ayant des troubles de l’attention ou des difficultés de lecture. En outre, les podcasts peuvent être utilisés pour fournir du contenu pédagogique supplémentaire et aider les étudiant-es à se préparer à des tâches d’évaluation. Plus important encore, le podcast représente une petite révolution pour l’apprentissage autonome et l’enseignement expérientiel.

En somme, les podcasts offrent un potentiel énorme pour l’enseignement, permettant aux enseignant-es de créer des contenus et scénariser des activités pédagogiques flexibles et engageantes pour les étudiant-es. En combinant les méthodes d’enseignement traditionnelles avec les podcasts, les enseignant-es peuvent offrir aux étudiant-es une expérience d’apprentissage plus variée, efficace et expérientielle.