Comment faire rentrer 150 étudiants (ou plus) dans une pièce de 30 mètres carrés (ou moins) ?
Dans deux précédents billets de ce blog (3 et 23 novembre 2020), écrits en plein Covid, nous appelions à une meilleure utilisation de l’enseignement à distance. Germait alors l’idée de mêler technologie de visioconférence et apprentissage sur le terrain.
L’idée a mûri, et, grâce notamment au soutien de la Commission informatique de l’Unige (COINF), nous avons pu expérimenter et poser les bases du « cours reportage ». Il s’agit de donner un cours en direct depuis un lieu pertinent par rapport au contenu du cours. Ce lieu est un «terrain» professionnel qui nous permet à la fois de visiter l’espace où s’exerce la profession et interviewer les professionnel-les-expert-es qui y exercent leur activité.
Quelques exemples, issus du cours «Introduction aux technologies éducatives» donné en bachelor à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education (FPSE) :
– Au Centre interprofessionnel de simulation (CIS) de Genève, nous abordons le concept de simulation, auparavant traité de manière classique (cours magistral et activités). L’équipe de tournage visite les différentes salles du site, allant de simulations relativement «low-tech» (patients simulés, mannequins simples) à des environnements beaucoup plus complexes (mannequins équipés de capteurs, simulation de la table d’opération et monitoring en temps-réel).
– Dans une classe de primaire du Canton, un enseignant nous explique son utilisation du Tableau Blanc Interactif, au travers de plusieurs démonstrations qui le font se déplacer de son bureau au tableau tandis que l’équipe enseignante (ici une intervenante extérieure et l’enseignant habituel du cours) anime le débat.
– Dans un établissement privé du Canton (niveau Cycle d’Orientation), l’usage des tablettes numériques est abordé depuis une salle de cours, en présence d’une enseignante et du directeur de l’établissement.
– Enfin, à l’Université même, au FacLab du campus de Batelle, les étudiant-es découvrent à distance l’usage de la fabrication numérique pour l’éducation. L’équipe de tournage explore les différents équipements (découpeuse, imprimantes 3D, brodeuse numérique, etc.), avec pour guide un expert du domaine.
Sur le plan technique, rien de très compliqué, mais une certaine organisation est nécessaire. C’est au minimum trois personnes qui doivent se rendre sur les lieux :
– Le ou la vidéaste, qui se charge de la prise de vue, à l’aide d’un téléphone portable connecté au Zoom du cours, et d’un stabilisateur.
– L’enseignant-e, qui se transforme en «reporter» : il/elle ne fait pas cours mais pose des questions à la personne interviewée, pour l’amener à couvrir l’ensemble des thématiques jugées pertinentes par rapport au thème du cours.
– L’assistant-e, qui prend totalement en charge la communication avec les étudiant-es. Ces derniers/ères peuvent en effet poser des questions par écrit via Zoom à la personne interviewée, questions qui sont relayées par l’assistant-e.
S’instaure alors une belle dynamique entre toutes ces personnes, la participation étudiante étant bien plus élevée que pour un cours ordinaire, qu’il soit en présence ou à distance.
J’invite donc la communauté enseignante à se lancer dans un cours reportage, au moins à l’expérimenter pour une session de cours de l’année. C’est dans cet esprit que nous avons rédigé une fiche d’innovation pédagogique, dans le cadre de la plateforme qui recense les projets d’innovations pédagogiques de l’Université de Genève. Mais n’hésitez pas à me contacter pour en savoir plus.