Les 7 choses que vous devriez savoir sur … le Team-Based Learning (TBL)

1. Qu’est-ce que c’est ?

Le TBL est une forme de classe inversée dont la séquence des activités est très structurée. Elle se pratique avec une grande classe d’étudiants, jusqu’à une centaine, répartis en petites équipes de 5-7 étudiants qui doivent résoudre des problèmes authentiques par une séquence d’activités incluant travail individuel, travail en équipe et feed-back immédiat [réf. 1].

2. Comment ça marche ?

Un des points forts de cette méthode est qu’à la fois le travail individuel et le travail fait par l’équipe sont comptabilisés. Ce système prévient le parasitisme et la domination de quelques personnes. Les différentes phases d’une session TBL sont schématisées dans la figure ci-dessous.

scénario d'une séance TBL

  1. Les étudiants doivent se préparer à l’avance (lectures, vidéos, e-learning, etc….). Cette étude individuelle peut être facilitée à l’aide d’un guide d’apprentissage contenant les objectifs, l’organisation du matériel et des questions de réflexion.
  2. Ils sont évalués individuellement sur cette préparation par un test de 3 à 10 QCMs (iRAT) qui compte pour la note finale. Plusieurs solutions sont envisageables pour enregistrer les réponses, p.ex.: activité Test minutée avec Moodle, système de vote, feuilles scannées.
  3. Le même test est ensuite refait par l’équipe (tRAT). Les étudiants argumentent et négocient leur choix de réponse. L’équipe reçoit un feed-back immédiat sur son choix à l’aide de l’activité Test en groupe de Moodle, d’une carte à gratter ou de tout autre mécanisme. Si le choix n’est pas correct, l’équipe discute à nouveau et propose une deuxième solution. Alternativement, l’enseignant peut décider de n’accorder qu’une tentative car le test est discuté à l’étape suivante. Comme pour le point 2, les points sont comptabilisés et mis au nom de l’équipe. Les phases 2 et 3 permettent d’identifier des trous ou incompréhensions dans la matière à étudier.
  4. Sur la base des réponses des étudiants (Résultats > Statistiques si Moodle est utilisé), l’enseignant prend un moment pour clarifier certains points et répondre aux questions. C’est une occasion de générer un débat. Ce dernier peut être parfois vif et une équipe peut faire appel par un argumentaire écrit (activité Forum de Moodle) si elle estime qu’une question du test est ambiguë ou mal posée, idem si l’équipe estime que ses solutions proposées aux problèmes de la phase 3 sont aussi valables que celles proposées par l’enseignant. Si l’argumentaire est valable, il donne des points à l’équipe.
  5. La plus grande partie du temps en classe est dédié à des activités où l’équipe applique ses connaissances pour résoudre des problèmes complexes. Chaque équipe travaille sur le même problème, ce qui assure une certaine compétition entre les équipes. A chaque problème est associé une ou plusieurs questions à choix multiple. Les étudiants doivent interpréter, analyser, synthétiser les informations données de façon à choisir la solution qui leur semble la plus plausible et être prêts à la défendre. A la fin du temps alloué, toutes les équipes donnent leur réponse via un système de vote ou à l’aide des grandes cartes marquées d’une lettre correspondant à l’un des choix possibles. Ensuite quelques équipes sont amenés à argumenter leur solution (présentateur choisi par l’enseignant et non sur la base du volontariat). L’enseignant profite de ce moment pour faciliter une discussion entre équipes. L’enseignant termine cette phase en exposant sa solution et en mettant en avant les points importants soulevés dans la discussion précédente. Les solutions argumentées, présentées par les groupes, sont notées.
  6. Idéalement (pas pratiqué partout), chaque étudiant évalue la contribution de ses pairs (peut aussi compter pour la note finale).

A la fin d’une session TBL, le score de l’étudiant est constitué de la somme de ses résultats à l’évaluation de la préparation individuelle (iRAT), à l’évaluation de la préparation du groupe (tRAT) et à l’évaluation des activités de mise en application des connaissances. La pondération de chaque composante est à déterminer, mais pourrait être de 25% iRAT, 35% tRAT, 35% exercices et 5% évaluation par les pairs [réf. 1].

3. Est-ce efficace ?

Cette méthode a été développée en alternative et/ou complément à l’apprentissage par problème (APP) pour diminuer les ressources nécessaires (un à deux enseignants pour une grande classe) tout en conservant les principes pédagogiques de base de l’apprentissage actif. Les étudiants apprécient son côté actif et collaboratif. Les enseignants l’utilisent pour favoriser l’intégration des connaissances et fournir aux étudiants des opportunités de développer leurs compétences transversales, telles que communication, travail en équipe et professionnalisme.
Les 3 éléments d’évaluation du processus sont des moteurs importants pour que les étudiants viennent préparés en classe.
On a encore peu de recul sur cette méthode en sciences de la santé. Toutefois plusieurs études montrent un effet positif sur les performances des étudiants tant dans les années pré-cliniques [réf. 2] que cliniques [réf. 3].

4. Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Idéalement, le TBL est pratiqué pour une série de cours où les étudiants sont répartis en équipes de 5 à 7 étudiants. Une équipe est constituée de façon à rassembler les compétences les plus larges possibles. On essaie donc de diversifier sur la base des critères disponibles. Les équipes restent les mêmes pour la série des activités TBL.
Le TBL nécessite une préparation soigneuse de sa séquence pédagogique (idéalement “backward design”: (1) objectifs > (2) évaluation > (3) activités d’apprentissage). Un aspect fondamental est que les problèmes doivent être authentiques et complexes, c’-à-d qu’on ne trouve pas leur solution dans un livre et qu’il n’y a potentiellement pas qu’une seule solution. Les questions devraient faire appel à de la compréhension et non pas à de la simple mémorisation.Une salle de cours adaptée facilite le processus. Idéalement elle doit être plate, meublée de tables permettant le travail en groupe de 5-7 étudiants et être équipe de moyen audiovisuel permettant d’afficher les résultats au test, les compléments d’information de l’enseignant ou les travaux de groupe.
Finalement, il faut noter que l’accueil des étudiants pour cette méthode est, au début, mitigée car elle leur demande un travail de préparation important et constant.

5. Où est-ce que cette méthode est pratiquée ?

Cette méthode a été développée par les business schools au début des années 90 et intégrée dans les sciences de la santé depuis 15 ans environ. Elle est actuellement pratiquée dans plus de 60 écoles en sciences de la santé aux US et ailleurs. A l’université de Genève, le Pr. Jean-François Etter vous accueille si vous voulez observer une séance TBL.

6. Quelle est l’évolution de cette méthode ?

La tendance actuelle est de la combiner avec l’apprentissage par problème (APP) en particulier, dans le but d’économiser des ressources [réf. 4]. Ainsi la première séance APP (le tutoriel) pourrait être fait en petits groupes sans tuteur et être conclue par une discussion en grand groupe, animée par un enseignant, sur les objectifs d’apprentissage.
L’APP aussi pourrait bénéficier de l’introduction de feed-backs structurés par les pairs. Le tableau ci-dessous met en évidence les similitudes et différences entre APP et TBL.

APP TBL
Matériel Apprentissage au travers de problèmes authentiques et utilisés par tous les groupes Apprentissage au travers de problèmes authentiques et utilisés par toutes les équipes
Format Apprentissage en petits groupes Apprentissage en petites équipes
Logistique Autant de tuteurs et de salles que de groupes Un seul enseignant dans une seule grande salle réunissant toutes les équipes
Caractéristiques des groupes
  • 6-10 étudiants par groupe
  • composition choisie au hasard
  • reste ensemble pour 6-10 semaines
  • 5-7 étudiants par équipe
  • assignés pour avoir une diversité
  • reste ensemble pour la durée du cours
Activités de groupe et travail individuel
  • Tutoriel pour déterminer les objectifs d’apprentissage
  • Auto-apprentissage sur la base des objectifs définis au tutoriel
  • Bilan pour partager et discuter des nouvelles connaissances appliquées au problème
  • Auto-apprentissage à partir de documents fournis et sur la base d’objectifs déterminés par l’enseignant
  • Evaluation individuelle de la préparation
  • Evaluation de chaque équipe et feed-back immédiat
  • Mise en application sur des cas
Activités de l’enseignant Guide le travail du groupe.
Nombre limité de cours donnés après l’auto-apprentissage ou le bilan.
Pas de cours. L’enseignant intervient pour confirmer ou corriger certains point 1) après l’évaluation de la préparation des équipes 2) pendant la phase de mise en application où les équipes doivent justifier leurs choix.
Evaluation Examen à la fin des unités d’enseignement Intégré dans le processus

7. Quels sont les implications pour l’enseignement chez nous (faculté de médecine) ?

Le TBL est une solution qui permet de diversifier nos formats d’apprentissage actifs tout en épargnant nos ressources.

Références

  1. Parmelee, D., et al., Team-based learning: a practical guide: AMEE guide No. 65. Med Teach, 2012. 34: p. e275 – e287. DOI 10.1080/10401334.2017.1331134
  2. Fatmi, M., et al., The effectiveness of team-based learning on learning outcomes in health professions education: BEME Guide No. 30. Medical Teacher, 2013. 35(12): p. e1608-e1624. DOI 10.3109/0142159X.2013.849802
  3. Roman, B et al., The Effectiveness of Engaged Learning: 8 Years of TBL in Internal Medicine and Psychiatry Clerkships. Medical Science Educator, 2017, 27(3): p. 475-479. DOI 10.1007/s40670-017-0412-6
  4. Dolmans, D., et al., Should we choose between problem-based learning and team-based learning? No, combine the best of both worlds! Med Teach, 2015. 37(4): p. 354-9. DOI 10.3109/0142159X.2014.948828

Notes

  • La structure de ce document est inspirée de “7 Things You Should Know About …” développée par Educause
  • Le tableau ci-dessus est inspiré de la référence 4
  • Cet article a été rédigé conjointement par Anne Baroffio Barbier et Daniel Scherly