Retour sur les eduhub days 2013

Les 30 et 31 janvier 2013, les 5ème eduhub days, organisées par SWITCH, se sont déroulées à Saint-Gall. La communauté e-learning des universités et hautes-écoles de Suisse s’est rencontrée sur le thème « Towards a digital planet ». L’événement a réuni 133 participant·e·s autour de 18 learnings café, 12 electronic posters et 2 keynotes qui ont été autant d’occasions d’échanger sur les pratiques et de discuter des dernières évolutions dans les domaines du e-learning et du personal learning environment (PLE). Voici les principales thématiques développées :

MOOC

Le thème des Massive Open Online Courses (MOOCs) a été évoqué dès le début des journées lors du premier keynote présenté par Jörn Loviscach de l’Université des Sciences Appliquées de Bielefeld (Allemagne) intitulé « MOOCs and other « faster horses ».  Il nous invite à nous interroger sur le nombre d’utilisateurs qui s’inscrivent aux MOOCs mais qui ne les terminent pas. Est-ce une fatalité et que peut-on faire pour améliorer ce résultat ? Patrick Jermann (EPFL) a partagé l’expérience de l’EPFL sur Coursera. En mettant en avant que le développement de cours pour Coursera doit permettre d’enrichir les cours donnés à l’EPFL.

Le Physical Learning Environment

Lors du Students’ panel, quatre étudiant·e·s (1 étudiante de l’Université de Bâle, 1 étudiant de l’Université de Lausanne et 2 étudiants de l’ETHZ) ont discuté de leur environnement personnel de travail. Elément intéressant:  la majorité des participants privilégient l’usage du papier et du crayon au « tout numérique ». Pour elles/eux, l’usage de l’ordinateur permet avant tout d’approfondir des connaissances sur Wikipedia ou sur des sites plus spécialisés (articles scientifiques en ligne). Un constat tout à fait intéressant a été celui d’un étudiant de 1ère année en informatique, qui nous a indiqué avoir beaucoup de difficultés à suivre les cours de mathématiques donnés par certains enseignants sur des supports Powerpoint. Ainsi, le fait de remplacer l’écriture sur tableau noir par des supports numériques de présentation a pour effet d’augmenter significativement la vitesse du cours et par conséquence de le rendre plus difficile à suivre.

Une autre présentation qui a privilégié l’objet physique au numérique est celle de Gudrun Bachmann et Tina Skerlak de l’Université de Bâle sur une expérience qu’elles ont effectuée sur les environnements de travail. Ainsi, pour favoriser les échanges informels entre les étudiants et les enseignants, elles ont meublé certains espaces vides des bâtiments universitaires (couloirs, etc.) avec des tabourets et des fauteuils. Elles se sont aperçu très rapidement que les étudiants prenaient possession des lieux afin d’y collaborer. Une expérience très intéressante qui pourrait être mise en place au sein de notre institution.

e-assessment

Le e-assessment désigne les examens qui se déroulent en partie ou complètement en ligne (cf. l’article « Examen sur ordinateur: des initiatives dans les hautes écoles suisses »). Il nécessite à la fois des outils spécifiques et des scénarii d’évaluation adaptés. L’ETHZ a présenté les nouveaux développements de son projet open source Safe Exam Browser (SEB), qui permet de créer un environnement de travail sécurisé sur les ordinateurs. Une nouvelle version de SEB offrira prochainement une solution BYOD, ce qui permettra aux étudiant·e·s de passer les examens sur leurs propres PC ou tablettes. Un learning café était également consacré à la présentation de Turnitin, logiciel d’aide à la détection du plagiat, et à l’intégration de ce type d’outil dans une démarche de prévention du plagiat.

Games for Learning

L’idée est dans l’air depuis quelques temps : on peut apprendre en jouant. Il ne s’agit bien sûr pas de jeux « traditionnels » mais de « Serious Games », qui permettent de développer certaines compétences. A titre d’exemple, on peut simuler les conditions d’un entretien d’embauche pour maitriser son stress ou encore faciliter l’apprentissage de la lecture avec des puzzles. Ce learning Café nous apprend que les difficultés techniques sont de moins en moins une contrainte. On peut en effet utiliser aujourd’hui les capacités des navigateurs modernes à exécuter des tâches graphiques qui paraissaient, il n’y a encore pas si longtemps, impossibles. Mieux encore, on trouve maintenant des outils qui permettent de construire des jeux avec un minimum de connaissances techniques.

Il reste cependant à trouver les bons ressorts de « game play » pour créer des jeux qui soient à la fois utiles et intéressants. Comme souvent, il faut que les contraintes techniques disparaissent pour que cette question fondamentale apparaisse : on peut certe tout, mais que faire ? C’est à ces problématiques que Willi Bernhard nous invite à réfléchir : qu’est-ce qui fait un bon jeu, quelles compétences veut-on développer et, bien sûr, qu’est ce qui fait qu’un jeu est un jeu ?

Responsive Web Design

Avec la multiplication des plateformes mobiles (téléphones, tablettes) il devient de plus en plus nécessaire d’adapter le contenu à des résolutions plus petites. Urs Hodel  nous explique comment garder le même contenu mais changer sa présentation à l’aide de « media queries ». On peut ainsi cacher certaines colonnes, changer la disposition du texte ou encore diminuer la taille des polices. Une alternative séduisante aux applications dédiées, beaucoup plus lourdes à développer.

Gurteen Knowledge Community

L’intervention de David Gurteen (Londres, Grande Bretagne) a ouvert les Eduhub days à une autre réflexion sur son rapport au savoir. Créateur de la  Gurteen Knowledge Community et des Knowledge Cafés, David Gurten a démontré que l’on apprenait en échangeant, en s’exprimant et en adoptant une posture de questionnement, d’ouverture et d’analyse critique dans un échange à deux ou dans un groupe. Dans ces journées dédiées aux nouvelles technologies, au développement d’un environnement virtuel, il a présenté son modèle basé sur un travail en groupe où il n’existe ni présentations ex cathedra ni Powerpoints. Pour nourrir le débat, un facilitator (animateur) est nommé. Il donne les consignes, propose une thématique formulée en « trigger question » et est garant du temps. De petits groupes sont créés et débattent de la question. Un·e membre de chaque groupe retransmet ensuite en plénum les idées et questions suscitées. L’expérience rassemble un foisonnement d’idées qui permettent de se forger son opinion et faire évoluer ses représentations et conceptions. David Gurteen nous a démontré l’importance de participer à une conversation ouverte et créative sur une thématique commune  en nous immergeant dans un exercice de Knowledge Café.

Which platform for the SIG PLE?

Dans le cadre des activités liées au projet PLE (Personal Learning Environment / Environnement d’Apprentissage Personnalisé), l’équipe du projet a animé une table ronde sur le sujet « Which platform for the SIG PLE?« . L’idée était de savoir comment créer une communauté de pratique autour de l’environnement d’apprentissage personnel tout en utilisant un environnement innovant.
Trois objectifs ont été discutés durant ce learning café sur différentes possibilités, à savoir :
– de collaborer depuis n’importe où en suisse sur une série de documents et de contenus d’apprentissage,
– de publier des usages et pratiques autour du concept des PLEs afin que les intéressées puissent y accéder,
– d’offrir la possibilité de commenter les ressources et d’interagir entre participants via des outils sociaux.
Pour cela, une plate-forme sociale, la « PLE Community platform« , basée sur l’environnement WordPress/BuddyPress, a été déployée et présentée. L’une des motivations principales de cette plate-forme consiste à permettre aux étudiant·e·s, aux enseignant·e·s et aux membres enregistrés de créer des groupes de travail, de s’envoyer des messages, de partager des réflexions et des ressources, de créer des contenus et d’interagir en groupe, et bien plus encore.
Pour rejoindre la communauté PLE il suffit d’accéder à la plate-forme avec vos logins AAI depuis l’adresse : http://myPLE.ch

Academic Integrity, Plagiarism and Other Dangerous Things

Elisabetta Frick et Stefano Tardini, collègues de l’USI présentent la formation en-ligne mise en place à l’USI (Università della Svizzera Italiana). A l’aide de quizzes, les étudiant-e-s sont mis en situation réelle et apprennent dans quels cas et à quelles conditions il est admissible de citer un texte.
La lutte contre le plagiat est devenu un enjeu central pour l’ensemble des écoles supérieures et hautes écoles: Internet facilite en effet l’accès à l’information, qu’il est tentant de copier puis coller dans ses travaux.
Les universités se dotent en conséquence de logiciels en mesure de déceler le plagiat (Compliatio, Turnitin,… ). Yves Flückiger, vice-recteur de l’Université de Genève, se rappelle ainsi « du cas d’un étudiant qui, sur le point de rendre un travail, a préféré demander un délai supplémentaire après avoir appris les nouvelles solutions anti-plagiat. » (tdg, 14.01.2011)
Dans le même temps, l’accès est mis sur une une prévention ciblée : il semble, en effet, que les étudiant·e·s ne soient pas toujours conscient·e·s de la différence qui existe entre «accès libre» et «utilisation libre» (Interview d’Anne Hamel, responsable marketing chez Compilatio. Thot cursus, 23 octobre 2011)
Les universités et hautes écoles ont tout à gagner à porter attention aux fraudes : la valeur des titres universitaires est en jeu. Mieux vaut, en effet, éviter les affaires gênantes, comme celle qui vient de se produire dans le gouvernement allemand (encadré du « Courrier », 11 février 2013)