Les correcteurs aurthau, hor, ortographique sont-ils des outils de elearning?

Depuis son apparition, l’informatique ne cesse de susciter aussi bien des attentes que des craintes. Il est donc naturel que l’introduction des TIC  dans l’enseignement se confronte aux mêmes problèmes. Parmi toutes les  questions soulevées, il y en a une en particulier qui est emblématique des problèmes rencontrés: celle des correcteurs orthographiques.

Tout d’abord parce que l’orthographe a été, et est encore, la référence pour juger de l’aptitude des élèves à suivre un parcours scolaire. Le « bon » élève étant nécessairement celui qui obtient de bonnes notes d’orthographe.

Ensuite parce que l’orthographe est à la limite de ce qui est calculable. Par calculable il faut comprendre une opération qui peut être entièrement effectuée par un ordinateur. En effet, d’un côté, l’ensemble des règles grammaticales et orthographique est connu, mais, d’un autre, il n’est pas possible d’écrire juste sans comprendre le sens des phrases. Comment, autrement, faire la différence entre compte et conte ? On pourrait donc presque, sans toute fois jamais y parvenir, remplacer le travail de l’élève par un simple programme informatique.

Cette situation engendre naturellement une question qui est de savoir si les correcteurs sont une aide à l’apprentissage ou, au contraire, un handicap.

Pour mieux comprendre l’usage d’un correcteur orthographique dans le cadre d’une activité d’apprentissage, on peut grossièrement identifier plusieurs rôles élémentaires d’un système de contrôle, que celui-ci soit un enseignant ou un programme informatique:

  1. Identification d’une erreur sans autre information
  2. Identification d’une erreur avec solution du problème
  3. Identification d’une erreur avec explication

Le premier cas correspond au soulignement – rouge pour l’orthographe, vert pour la grammaire – qui signale usuellement une erreur.

Le cas 2 correspond à l’utilisation typique d’un correcteur orthographique où on sélectionne une réponse parmi une liste proposée sans véritablement réfléchir à son erreur.

Le cas 3, lui, est le plus complexe, où le correcteur, humain ou numérique, fournit une explication de l’erreur sous forme, par exemple, d’une règle de grammaire.

A ce stade, on doit différencier deux objectifs bien distincts. Dans le cadre d’un usage ordinaire, comme celui de la rédaction d’un texte, ou de la création d’un correcteur orthographique, le but est de fournir une réponse aussi juste que possible. La question de savoir si l’utilisateur va reproduire son erreur est sans intérêt, puisque la responsabilité de la correction incombe au seul correcteur. Dans le cadre d’un usage pédagogique, par contre, ce qui prime n’est pas tant le résultat mais bien de savoir si l’usager a appris quelque chose à partir de son erreur.

Du point de vue de l’apprentissage, le pire cas est le numéro 2, puisqu’on fournit simplement une réponse à la question. Le cas optimal étant le 3 puisqu’il y a un apport pédagogique, et, on peut espérer, un apprentissage. Quant au cas 2, il reste intéressant car il signale une erreur et force l’utilisateur à réfléchir pour la corriger.

Du point de vue technique, les rôles sont inversés. Le meilleur cas est le numéro 2 puisqu’on apporte une solution, même partielle, au problème. Le cas numéro 1 est le pire puisqu’on n’apporte aucune réponse. Enfin le cas numéro 3 est intermédiaire : on apporte une solution mais on sollicite l’utilisateur de façon importante pour résoudre le problème.

Alors, les correcteurs orthographiques sont-ils une aide à l’apprentissage ou non ? Et bien cela dépend de l’usage qui en est fait. Lorsqu’on se contente de choisir la meilleure solution dans une liste, il n’y a pas d’apprentissage. Lorsqu’on écrit dans un logiciel de « chat », avec comme seul support le signalement des erreurs, on est vite amené à devoir réfléchir pour se corriger. Dans ce cas, il y a un apport pédagogique. C’est également le cas lorsqu’on écrit dans une langue étrangère et qu’on prête attention à ses fautes. Là aussi le correcteur orthographique est une aide à l’apprentissage.

Au final, il faut tirer un enseignement simple de ce cas particulier. Il est très important de distinguer les outils des usages. On le voit bien ici, le même outil, bien utilisé, peut être une aide significative. Mal utilisé, il ne sert, au mieux, à rien. Au pire, il freine l’apprentissage en fournissant une échappatoire.

Enfin ce qui est vrai pour cet exemple l’est également pour bon nombre d’outils de elearning. Il suffit pour mieux s’en convaincre de se tourner vers les plateformes d’apprentissage que sont Dokeos et Moodle. En effet la plupart des outils fournis par ces plateformes – forum, partage de fichiers, wiki, etc. –  ne sont pas dédiés à l’apprentissage.

En définitive, ce qui fait la valeur pédagogique ce n’est pas tant l’outil mais bien la façon dont on l’utilise.