Enseigner à travers une vitre: un Lightboard à l’UNIGE

Le lightboard en quelques mots

Dans un élan de renouvellement et d’adaptation aux besoins des équipes, la Cellule MOOC a récemment introduit un lightboard au sein des murs de l’Université. Il s’agit d’un tableau de verre transparent sur lequel on peut écrire à l’aide de feutres. Un chemin de lampes LED encadre le panneau de verre et la lumière générée fait ressortir les traits de feutre. L’enseignant·e est filmé·e, face caméra, à travers le panneau de verre. L’image filmée est ensuite simplement inversée, de sorte que les mots rédigés apparaissent à l’endroit pour l’apprenant·e.

Des apports pédagogiques et techniques

Sur un plan pédagogique, l’usage d’un tableau pourrait paraître “démodé”, notamment lorsque l’on évoque l’enseignement à distance ou les tutoriels vidéo actuels. Pourtant, intégrer l’utilisation d’un lightboard dans ce type de dispositifs numériques peut s’avérer très intéressant pour plusieurs raisons.

En effet, les recherches effectuées autour de l’usage du tableau noir en classe laissent à penser que le lightboard, tout comme un tableau “ordinaire” (noir, blanc, etc), permet à l’enseignant·e d’instaurer relativement aisément une simultanéité entre son discours et la rédaction des informations qu’il/elle souhaite valoriser.
Les chercheur·e·s en éducation, tels que Nonnon (2000), notent que l’usage du tableau permet de mettre en exergue la progression du discours ou de la démarche expliquée. Cet usage donne la possibilité à l’enseignant·e de souligner, d’appuyer certaines notions et de centraliser l’attention de l’apprenant·e à travers les changements de rythme orchestrés par l’alternance entre oral et écrit.

Par ailleurs, les recherches (Guo et al, 2014) traitant de la motivation en lien avec l’enseignement à distance soulignent régulièrement l’importance pour l’apprenant·e de pouvoir créer du lien avec l’enseignant·e présentant des contenus d’apprentissages. Or, le lightboard a l’avantage de grandement faciliter ce processus, puisqu’il permet à l’enseignant·e d’apparaître en permanence à l’écran, derrière le tableau, et de regarder directement dans l’objectif de la caméra.

Enfin, d’un point de vue très pragmatique, une fois le lightboard et la salle qui l’accueille installées, la captation vidéo est très aisée et ne nécessite qu’une post-production minime : inversion de l’image, transitions en cas de coupes et recadrage éventuel. C’est donc un dispositif relativement peu coûteux en terme de temps.

Les perspectives qu’offrent le lightboard en matière d’interactivité pour l’enseignement à distance sont nombreuses. Plus qu’un simple support pour présenter des notions, cet outil pourrait par exemple permettre aux enseignant·e·s d’animer des sessions d’enseignement en direct. Il pourrait également servir de support de questions, de brouillon ou de démonstration permettant une approche progressive vers des notions à retenir.

 

Bien sûr, relevons que, comme tout outil ou support d’enseignement-apprentissage, le lightboard requiert préalablement une définition précise des raisons de son utilisation de la part de l’équipe pédagogique. Le contexte dans lequel va se dérouler la situation d’enseignement et l’objectif recherché doivent nécessairement être pris en compte pour décider de son éventuelle utilisation. Enfin, il faut garder à l’esprit que l’usage du lightboard implique une certaine appropriation, dont la durée dépendra bien évidemment de l’habitude dont l’enseignant·e dispose de l’usage d’un tableau.

 

Caractéristiques techniques

Nous avons fait le choix de mandater un atelier de métallurgie local pour construire notre lightboard. Procéder ainsi nous a permis de produire un lightboard sur mesure, à un prix sensiblement inférieur aux produits équivalents du marché. Cela a toutefois nécessité un certain nombre de recherches et de vérifications pour en identifier les composants adéquats. Voici donc les caractéristiques principales que nous avons identifiées comme étant à prendre en compte lors de la conception d’un lightboard.

Le lightboard

Châssis

  • Acier brut. N’a pas besoin d’être traité ou peint puisqu’il n’est pas dans le cadre de la caméra.
  • 2 m x 2 m, réglable en hauteur afin de pouvoir adapter la taille de l’outil à celle de l’intervenant.
  • Sur roulettes afin de pouvoir le transporter, simplement.

Verre

  • 2 m x 1 m
  • 10 mm d’épaisseur. Nous avons préféré 10 mm à 8 mm afin de favoriser l’émission de la lumière (la mise en lumière des traits de feutre) et d’éviter un phénomène de réflexion totale, ce qui limiterait grandement l’émission de la lumière. Aucun test n’a toutefois été effectué avec une épaisseur de 8 mm.
  • Pauvre en fer, extra blanc, avec les bords polis. Plusieurs articles indiquent qu’un faible taux en fer permet une meilleure diffusion de la lumière, nous avons donc suivi ce conseil.
  • Sans bulles, avec un minimum d’imperfection. Exposés à la lumière LED, les bulles apparaissent à la vidéo comme des points très lumineux. A éviter au maximum.

Chemin de LED

  • Deux chemins de LED, un de 4 m et un de 2 m (selon la disponibilité d’achat) pour faire le tour du panneau de verre.
  • LED blanc froid de 12V.
  • Approximativement 90 LEDs / mètre. En espaçant davantage les LEDs, la lumière est moins homogène et des traits de lumière apparaissent sur les bords du verre.
  • Possibilité de modifier la puissance (« dimmable »). Nous n’utilisons pas la pleine puissance des LEDs afin de ne pas voir apparaître à la caméra les taches laissées à la surface du verre par le feutre effacé. Il est donc essentiel de pouvoir régler la puissance des LEDs.

La salle de captation vidéo

Afin de procéder aux tournages dans de bonnes conditions, il ne faut en outre pas négliger le matériel nécessaire pour l’aménagement de la salle de captation.

  • Isolation sonore et lumineuse de la salle. Il est évidemment essentiel de limiter au maximum les sources de bruit dans les alentours immédiats de la salle. En outre, celle-ci ne doit comporter aucune source lumineuse externe lors de la captation vidéo. Cela peut donc impliquer, comme dans notre cas, d’installer un rideau épais pour obturer une fenêtre.
  • L’installation d’un fond noir est recommandée afin de mieux faire ressortir l’encre des feutres. Pour ce faire, nous avons utilisé un tissu de type black muslin.
  • Installation d’un système d’éclairage en trois points. Nécessite un minimum de 3 spots lumineux : 2 pour les profils et un éclairage par derrière pour décrocher la silhouette du fond noir. Attention, des lampes adéquates et durables peuvent vite être relativement onéreuses.
  • L’installation de mousses acoustiques peut être pertinente si l’on utilise un micro d’ambiance. Cela n’est toutefois normalement pas nécessaire si l’on privilégie l’usage d’un micro-cravate. Nous avons opté pour cette dernière solution qui s’avère en l’état tout à fait satisfaisante.

 

Références bibliographiques et techniques

 

Article rédigé conjointement par Natacha Bourakis et Robin Pétermann, conseillers techno-pédagogique à la Cellule MOOC de l’UNIGE