Valider ses acquis pour se former tout au long de la vie

En 2011, près de 50’000 diplômes ont été délivrés par les Hautes Écoles. Ces chiffres anonymes, importants quant à leur nombre, recouvrent une réalité personnelle. Ils témoignent d’une étape clôturant, pour chaque étudiant,  un cycle de formation. Dans  le contexte de mondialisation, de changements économiques et sociétaux et de l’expansion des technologies de l’information et de la communication, ce premier diplôme ne suffit souvent pas. L’entrée dans le monde professionnel apporte de nouveaux besoins de formation favorisant l’échange entre savoirs scientifiques et pratiques professionnelles..

Ainsi, la  formation tout au long de la vie devient un enjeu important pour les professionnels, les employeurs et la société. Elle renforce la qualification des professionnels tout en maintenant leurs connaissances à jour et en approfondissant leur expertise métier.

Pourtant, même si  le besoin d’une main d’œuvre qualifiée est reconnue au niveau politique en Suisse, selon le rapport « Du personnel qualifié«  , une initiative du Département Fédéral de l’économie,  la formation continue reste principalement de la responsabilité du professionnel et de l’entreprise et implique un fort investissement personnel dans le projet de formation.

Dans ce contexte, l’Université de Genève a un rôle important à jouer. A travers  la mise en place de mesures permettant l’accueil d’un large public, le développement d’un environnement d’apprentissage flexible et créatif, la création de programmes d’études pertinents et la reconnaissance des acquis d’expérience (VAE), elle favorise la reprise d’études universitaires tout au long de la vie.

Dans ce sens, l’Université de Genève et l’Université de Savoie ont créé, en 2004, un programme de formation continue en sciences de gestion destiné à des professionnel-les de la gestion, occupant des postes à responsabilité.

Deux éléments ont été pris en compte dans l’ingénierie de la formation : l’accueil d’un public de professionnel-les n’ayant pas le titre requis à travers la Validation des Acquis Professionnels ( VAP) et la mise en place d’un programme de formation continue conçu pour des professionnel-les, sur 18 mois. La VAP permet de reconnaître des connaissances, compétences et aptitudes acquises dans son environnement professionnel et personnel en vue d’une admission et d’une dispense d’une partie de la formation en gestion.  La formation  est centrée sur l’acquisition de connaissances pluridisciplinaires, la mobilisation de compétences métiers et sociales, de capacités d’analyse et d’innovation. Elle  débouche sur l’obtention d’un diplôme de formation continue DAS en gestion d’entreprise (Université de Genève) et d’une licence française (bachelor) en sciences de gestion (Université de Savoie).

A ce jour, plus de 300 professionnel-les de la gestion, exerçant en grande majorité en Suisse romande, ont été formé-es, ou sont en cours de formation, et plus de 200 titres de bachelor ont été délivrés.

Fort de cette expérience accumulée, une étude Validation des acquis, formation continue universitaire, trajectoire professionnelle a été menée en 2012 (à paraître en mars 2013 ) par Catherine Bachelet de l’Université de Savoie et Suzanne de Jonckheere de Université de Genève. Il s’agissait d’évaluer l’impact de ce programme dans une trajectoire professionnelle et d’interroger l’originalité de ce dispositif  continue en termes d’acquis de formation.

Pour les répondants, la validation des acquis a principalement fonctionné comme un moment de bilan de compétences. Elle été vue comme une mesure facilitatrice permettant d’étudier à l’Université et d’acquérir des savoirs académiques. L’obtention du titre de bachelor a été  une plus-value dans la trajectoire professionnelle des personnes concernées. Plus de 60% d’entre elles ont noté un impact positif sur leur mobilité et employabilité.

Les apports de la formation ont été de deux ordres : d’une part une meilleure reconnaissance de ses compétences par les pairs, les employeurs et une plus grande confiance en soi et en ses capacités, et d’autre part, la maîtrise de nouvelles compétences professionnelles (sens de l’analyse, leadership, capacité de communication,…) dans leur pratique.

Enfin, les commentaires des participants ont mis en valeur l’importance des rencontres et des partages d’expériences avec d’autres personnes qui, comme elles, se sont inscrites dans le processus de formation tout au long de la vie.