La rédaction épicène
épicène adj. (é-pi-sê-n’) Terme de grammaire. Qui désigne indifféremment l’un ou l’autre sexe : par exemple enfant, qui sert à désigner un garçon et une fille, est un nom épicène. Renard, perdrix, qui se disent du mâle et de la femelle, sont aussi des noms épicènes. (Littré)
L’égalité des genres, principe acquis au niveau du droit, se voit encore mal mis en application concrète dans la vie de tous les jours. Entre autre au niveau de la rédaction. Les contributions du blog Ciel n’échappent pas à ce constat.
Afin de sensibiliser puis conseiller celles et ceux qui y contribuent, nous avons cru utile de rappeler les quelques principes élémentaires de la rédaction épicène:
- Féminiser ou masculiniser, selon les cas, les noms de métiers, titres et fonctions, utiliser les doublets dans les titres et annonces : la chancelière, la mécanicienne, un ou une géomètre, un directeur ou une directrice, un ou une juriste.
- Employer des expressions génériques ou des pluriels dans le cas de substantifs épicènes : les adversaires, la clientèle, les contribuables, le corps enseignant, le corps estudiantin, l’électorat, les élèves, l’équipe administrative, les journalistes, le lectorat, les locataires, les membres de l’association, le personnel, le personnel d’entretien, les propriétaires, les scientifiques, le service du feu, le service informatique.
- Utiliser le trait d’union, et non la parenthèse ou la barre d’exclusion, pour nommer les deux genres : les assistant-e-s, les étudiant-e-s.
- Employer des expressions telles que : celles et ceux, tous et toutes; chacun-e, quiconque, qui, on.
- Accorder au plus proche : les collaborateurs et collaboratrices étaient nombreuses à la réunion, les serrurières et serruriers étaient contents.
- Utiliser l’infinitif : conditions : avoir 18 ans, être capable de travailler en équipe; pour cela, il vous faut travailler de façon indépendante.
- S’adresser directement aux destinataires : vous qui recherchez un travail, sachez que ce service met à votre disposition…
(Tiré de la page du Bureau de l’égalité UNIGE, http://www.unige.ch/rectorat/egalite/feminiser.html)
L’application de ces principes est le minimum pour garantir une rédaction respectant l’égalité. Il est nécessaire, si le style rédactionnel se veut agréable et léger, d’acquérir un mode de réflexion neutre de genre. C’est la seule manière de produire des textes qui évitent les énumérations fastidieuses, les répétitions de substantifs masculins et féminins, qui rendent les textes « traduits » difficiles à lire. Les personnes qui s’intéressent à cette perspective trouveront des conseils utiles dans les pages ci-dessous :
http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?id=3912
http://www.unige.ch/rectorat/egalite/feminiser/guide.pdf
http://www.egalite.ch/langage-epicene.html
Pour enfant, la reprise par un pronom reste-t-il : « il »?
Oui et non, le choix est possible !
Enfant est par définition épicène: il désigne un être humain jeune (de la naissance à l’adolescence). La reprise par un pronom peut donc être « il »; s’agissant de l’enfant, cela désigne indifféremment un garçon ou une fille. C’est d’ailleurs la même chose pour « un être humain ».
L’accord genré du mot « enfant » existe toutefois dans le dictionnaire: on peut dire « une enfant ». Mais dans ce cas, cela désigne spécifiquement une fille.
Si l’on veut s’assurer que les représentations d’un ensemble ou d’une personne soit le plus neutre possible, on peut être pointilleuse/eux et écrire : « … l’enfant…. elle ou il (en reprise)…. un-e enfant, cet-te enfant ».
Pour faire le choix, on peut s’autosonder ou sonder les personnes autour de nous : si j’écris « un enfant », quelle représentation imagée immédiate vous faites-vous de l’enfant? Si vous voyer instinctivement un petit garçon, c’est qu’il y a un biais de représentation. Si vous vous voulez vous assurer d’éliminer ce biais, alors privilégiez une tournure qui assure mieux qu’on puisse se représenter autant un garçon qu’une fille.